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LE COMBATTANT
17 février 2017

La République, cela veut dire une forme d’Etat qui donne sa chance à tout le monde. Où il n’y a pas de caste nobiliaire...

Mesdames et Messieurs les membres du Conseil Constitutionnel ;

Messieurs les Chefs des Institutions de la République ;

Mesdames et Messieurs les Ministres ;
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Chefs de missions diplomatiques ;
Messieurs les Rois et Chefs traditionnels;
Messieurs les Chefs religieux
Mes chers compatriotes ;

Nous voici au terme d’un marathon. Mais, ce marathon ne s’est pas terminé avec la symphonie que nous voulions. Cela veut dire qu’il y a encore du travail à faire et nous allons continuer à le faire. Je voudrais faire deux remarques. La première, c’est que la construction de la République et de la démocratie est une chose difficile. Pour la Côte d’Ivoire, nous sommes en train de construire la République. Nous sommes en train de construire la démocratie.

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La République, cela veut dire une forme d’Etat qui donne sa chance à tout le monde. Où il n’y a pas de caste nobiliaire et ou par conséquent il n’y a pas de caste inférieure. La République, c’est cette forme de l’Etat où tous les enfants ont les mêmes chances. La République, c’est la République sociale. La République, c’est celle qui embrasse tout le monde et qui ne divise personne. La République, c’est la laïcité. C’est tout cela la République. La République, c’est la promotion des valeurs. La République, c’est l’égalité. La République, c’est toutes ces valeurs que nous essayons de promouvoir. Mais, pour que la République soit forte, il faut qu’elle soit assise sur le socle de la démocratie. C’est l’autre point fort que nous essayons de construire. C’est difficile, mais il faut que les africains y arrivent.

Aujourd’hui, je comprends mieux qu’avant pourquoi il y a tant de crises en Afrique. Avant, j’étudiais ces crises en tant qu’intellectuel, Professeur, Chercheur, Historien, politologue. Mais aujourd’hui, je vois et je touche ce que j’étudiais. Les crises viennent aussi, en partie, du fait que les gens vivent hors la loi. Les gens n’aiment pas respecter la loi et les procédures qui en découlent. Cela est essentiel. Il n’y a pas d’Etat fort ; il n’y a pas de République forte, sans lois et sans procédures. Ce n’est pas possible. Il n’y a pas de République forte où chacun fait ce qu’il a envie de faire ; où chacun fait ce qui lui semble bon. Il n’y a de Républiques fortes que celles qui sont assisse sur les règles de la loi. Pendant cette période où je suis resté à votre tête, j’ai vu que toutes les crises que nous avons connues, sont du fait du non respect de la loi, du non respect du droit, et du non respect des procédures que ce droit génère. Pourtant on ne peut pas prétendre construire la démocratie et mettre de coté le droit et les procédures qu’elle génère. On ne peut pas. J’ai entendu ces derniers jours des choses ahurissantes.

La Commission Electorale Indépendante (CEI) est une structure administrative. C’est parce que nous, opposants d’alors, nous n’avions pas confiance en la manière dont le Ministre de l’Intérieur organisait les élections que nous avions demandé et obtenu la création d’une Commission électorale. Mais, je crois qu’il nous faut encore réfléchir à la formule. Le fait est bon mais concernant la formation de cette Commission, je crois qu’il nous faut réfléchir pour 

avoir une commission plus soudée et plus juste. Parce que ces derniers jours, la Commission a été bloquée. Mais elle n’a pas été bloquée pour les raisons que les uns et les autres évoquent. Elle a été bloquée parce que nous avons transposé dans la Commission électorale, les débats politiciens du dehors. Evidemment, chaque membre de la Commission regarde les résultats avec les yeux d’un politique ou d’un politicien et non pas avec les yeux d’un administratif qui doit organiser. Il nous faudra corriger cela. Nous allons demander à d’autres pays, peut-être le Ghana, l’Afrique du Sud, comment ils ont organisé leur Commission électorale.

Mais déjà, au moment où on mettait cette Commission sur place à Pretoria en 2005, Thabo M’Beki (Ndlr : Ancien Président de l’Afrique du Sud) m’avait dit : « Mais, Monsieur le Président, vous transposez dans la Commission, les Politiques ? Elle risque d’être bloquée ». Hier, nous avons parlé au téléphone et je lui ai rappelé cela. Il m’a dit qu’il s’en souvenait. Il se souvenait de nous avoir mis en garde sur ce point. Donc, il faudrait corriger cela.

Ensuite, organe administratif, la Commission Electorale ne proclame pas le résultat de l’élection. Elle donne les résultats qu’elle a acquis au plan provisoire parce que ce n’est pas une juridiction. Dans une République, c’est seulement une juridiction qui peut conférer à un résultat, l’autorité de la chose jugée. Donc, à tout moment, les résultats que donne la Commission, qui sont des résultats bruts, sont jugés à partir des réclamations des uns et des autres, adressées non pas à la Commission, mais au Conseil Constitutionnel, qui, seul, a autorité pour juger. C’est pourquoi, pendant tout ce temps, nous sommes restés calmes et tranquilles. Nous rédigions nos requêtes et nous les transportions avec huissier au siège du Conseil constitutionnel. Il faut connaitre la loi. Il faut suivre le droit et les procédures subséquentes. Nous attendions que le Conseil Constitutionnel, seul habilité à le faire le fasse, et, il l’a fait. Mais peut-être qu’il faudrait changer les textes pour qu’on puisse demander aussi à la Commission Electorale de ne pas proclamer des résultats et de tout transmettre au Conseil Constitutionnel, parce que cela créé chez les plus faibles une confusion. Or, il ne faut pas qu’il y ait de confusion. Donc, il y a un champ de réformes à envisager, et, je les envisage sur ce point précis. C’est la première chose que je voudrais vraiment dire.

La deuxième chose, c’est qu’un pays où les gens ne connaissent pas leur place, est un pays qui va au devant des problèmes. Moi, représentant le Peuple de Côte d’Ivoire, je ne manque de respect à personne parce que je ne veux pas qu’on nous manque de respect. Et, je me bats toujours pour respecter tous ceux qui nous font l’amitié d’être avec nous parce que je veux qu’eux aussi nous respectent. Ces derniers jours, j’ai noté des cas graves d’ingérence. Je souhaite que les uns et les autres se ressaisissent.

Parce que nous, nous n’appelons pas quelqu’un pour venir gérer notre pays. Or l’organisation et la proclamation des résultats fait partie de la gestion souveraine d’un pays. Vous savez, sans l’histoire, il existe des cas fameux de rupture avec le Vatican pour des questions de souveraineté. L’Angleterre, pour une question de mariage avait rompu avec le Vatican. C’est comme cela qu’est née l’église anglicane. En France, Napoléon a pris la couronne et l’a posée sur sa tête pour éviter qu’un autre ne le fasse. Des exemples comme cela, on peut les multiplier à l’infini. La souveraineté de la Côte d’Ivoire, c’est elle que je suis chargée de défendre. Et elle, je ne la négocie pas.

Donc, c’est à mes compatriotes que je m’adresse pour que notre souveraineté ne soit pas piétinée. N’appelons pas les autres à s’ingérer dans nos affaires. Je fais la politique depuis longtemps. Je n’ai jamais appelé quelqu’un du dehors pour m’investir, ni même pour m’accompagner dans mon investiture. Mais, ce sont des points à méditer. Et je souhaite que les Ivoiriens les méditent. Le jour où un pays perd sa souveraineté, il perd le contrôle de tout et il devient un pays vassal. Alors que avec les mêmes, on peut avoir des relations ; on peut leur demander de venir travailler avec nous ; de venir nous aider à féconder nos richesses et nos terres sans compromettre notre souveraineté. C’est ce que je fais depuis que je suis à la tête de l’Etat et c’est ce que je vais continuer à faire. Travailler avec tous les pays du monde dans l’amitié mais, ne jamais se laisser balkaniser par aucun pays du monde. Nous n’avons aucune exclusive. Nous travaillons avec le monde entier. Et, ici même, il suffit de regarder le monde des affaires. Il suffit de regarder ceux qui nous adressent des demandes, de permis d’exploitation d’or, de pétrole…Nous travaillons avec le monde entier : africains, américains, asiatiques, européens. Même australiens, parce qu’il y a une société de l’Océanie qui exploite de l’or à Hiré. Nous travaillons avec tout le monde, mais, c’est dans le respect de notre souveraineté et dans le respect de leur souveraineté et de leurs intérêts économiques. Là-dessus, il n’y a que les Ivoiriens eux-mêmes qui peuvent être les gardiens de leur propre souveraineté. J’appelle donc les Ivoiriens à se ressaisir et à ne pas compter sur autrui pour venir les faire Roi. Celui qui te fait Roi a toujours un droit sur ton siège. Et quand le peuple te fait Roi, c’est naturellement le peuple qui a un droit sur ton siège. Or le siège même appartient au Peuple. Le siège présidentiel a un propriétaire. Le propriétaire, c’est le peuple. Donc, c’est à lui et à lui seul qu’il faut qu’on s’adresse. On écoute trop souvent les gens du dehors. Mais ce qu’ils disent aux uns, ils le disent aussi aux autres. En tous cas débrouille-toi. Fais tout pour être élu, nous on te reconnaît. Mais quand ils l’ont dit à l’un, comme eux ils savent où sont leurs intérêts, ils le disent aussi à l’autre. Alors partant de là, je vais adopter une politique pour passer en force ; voler les urnes ; interdire aux autres d’être là etc…mais croyez-vous que l’autre aussi ne voit pas clair et ne prend pas ses dispositions ? Parce que chacun prend des dispositions différentes. Moi, je prends les dispositions légales.

Monsieur le Président ;
Mesdames et Messieurs les membres du Conseil Constitutionnel ;
Mesdames et Messieurs les membres des hautes juridictions et des Institutions de la République ; Mesdames et Messieurs les Députés ;
Chers Ambassadeurs ;
Chers concitoyens ;

Ce sont les quelques commentaires que je voulais faire. Nous avons encore beaucoup de travail à faire pour qu’on comprenne ce que c’est que la République et ce que c’est que la démocratie.

Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire.

Je vous remercie.

 

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