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LE COMBATTANT
12 décembre 2016

62E SESSION ORDINAIRE DE L’ASSEMBLEE GENERALE DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES, DISCOURS DU PRESIDENT LAURENT GBAGBO

Pour la première fois depuis son accession à la magistrature suprême, le Président Laurent Gbagbo s’est adressé au monde entier ce mercredi 26 septembre 2007. Du haut de la tribune de l’ONU dans le cadre de la 62e session de l’Assemblée Générale des Nations Unies, le Chef de l’Etat a fait entendre la voix de la Côte d’Ivoire indépendante et souveraine...

Messieurs les Chefs d’Etat et de gouvernement, Monsieur le président de l’Assemblée générale de l’ONU Monsieur le Secrétaire Générale de l’ONU, Excellence Mesdames et messieurs,

 

Permettez-moi tout d’abord de saluer notre Secrétaire Général, M. Ban Ki-Moon, pour la qualité du travail abattu en si peu de temps à la tête de l’Organisation des Nations Unies. Je voudrais sincèrement le féliciter et l’encourager pour sa bonne lecture des problèmes actuels du monde. C’est la première fois que je prends part à l’Assemblée Générale des Nations Unies, depuis sept ans que je suis à la tête de la Côte d’Ivoire. Comme vous le savez, je me suis pleinement consacré au règlement de la crise qui secoue mon pays et qui a tant mobilisé la Communauté Internationale ces cinq dernières années. Ma présence aujourd’hui à New York, à cette tribune, est la meilleure illustration du climat d’apaisement qui règne aujourd’hui en Côte d’ Ivoire après la signature de l’Accord Politique de Ouagadougou issu du Dialogue Direct entre l’Etat et l’ex-rébellion. Cet Accord a été entériné par le Conseil de Sécurité des Nations Unies qui a adopté, à l’unanimité des ses membres, la Résolution 1765. Je voudrais saluer et remercier, au nom du peuple de Côte d’Ivoire, tous ceux qui ont aidé à cette évolution positive. Les pays membres du Conseil de Sécurité des Nations Unies, les pays membres du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine (UA), tous les pays de l’Union Africaine, les pays membres de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Je remercie tout particulièrement les Chefs d’Etat dont l’implication personnelle a été décisive dans le règlement de cette crise ivoirienne. Le Président Thabo Mbéki, médiateur dans la crise ivoirienne, désigné par l’UA, le Président Blaise Compaoré, facilitateur du Dialogue Direct inter-ivoirien, en sa qualité de Président en exercice de la CEDEAO. Nous avons constaté que malgré les efforts déployés durant quatre années par la Communauté Internationale, le processus de paix était bloqué et le pays se trouvait dans l’impasse. C’est pourquoi, le 19 décembre 2006, j’ai proposé à mes compatriotes un plan de sortie de crise articulé autour de cinq points. L’instauration d’un Dialogue Direct avec la Rébellion en vue du désarmement et de la réunification du pays, la suppression de la zone de confiance, la création d’un service civique national, l’amnistie générale, la mise en place d’un programme d’aide au retour des déplacés de guerre. Ce plan était fondé sur l’expérience des solutions envisagées jusque là et partait d’une approche différente en vue d’obtenir l’appropriation complète du processus de paix par les Ivoiriens eux-mêmes. J’ai donc engagé le Dialogue Direct avec la rébellion. Nos discussions placées sous la facilitation du Président Blaise Compaoré se sont déroulées au Burkina Faso, le pays voisin, le pays d’Afrique de l’Ouest qui a les liens les plus forts du point de vue de l’histoire et de la sociologie, avec la Côte d’Ivoire. Elles ont abouti à la signature, le 4 mars 2007, de l’Accord Politique de Ouagadougou.

Conformément à cet Accord, un nouveau gouvernement a été formé, il est dirigé par le chef de l’ex-rébellion, M. Guillaume Soro. Avec ce gouvernement nous avons enregistré d’importants progrès en peu de temps. Un Centre de Commandement Intégré regroupant des militaires des Forces Armées Nationales et ceux de l’ex- rébellion a été créé le 16 mars 2007. Il a pour mission de mettre en place une force mixte chargée d’assurer la sécurité et la libre circulation des personnes et des biens sur tout le territoire national.

Une ordonnance d’amnistie générale a été prise le 11 avril 2007, le désarmement a effectivement commencé avec le ‘’bûcher de la paix’’ organisé le 30 juillet 2007 à Bouaké. Le redéploiement de l’administration et la réinstallation des magistrats sur l’ensemble du territoire sont effectifs. Un plan de retour des déplacés de guerre est mis en place. Les Audiences foraines en vue de l’indentification des populations et de la mise à jour des listes électorales, ont démarré hier mardi 25 septembre 2007. Ainsi donc, nous faisons de grands pas sur la voie de la paix depuis l’Accord de Ouagadougou. La leçon que je tire de cette expérience du Dialogue Direct entre les autorités étatiques et la rébellion m’amène à inviter la Communauté Internationale à privilégier les solutions de terrain dans les règlements des conflits. L’Onu, à New York, devant s’organiser pour veiller à l’application des solutions retenues par les parties en conflits.

Excellences Mesdames et Messieurs, la Côte d’Ivoire va sortir de la crise. La Côte d’Ivoire est entrain de sortir de la crise. Elle a besoin aujourd’hui, plus que jamais, du soutien de la Communauté Internationale pour construire la paix et la stabilité à l’intérieur de ses frontières et dans la sous-région ouest-africaine. Dans ce contexte, compte tenu du climat d’apaisement qui règne dans le pays, je souhaite que les Nations Unies revoient à la baisse l’indice de sécurité. La phase 3 ne correspondra plus à la réalité. Dans le même esprit, avec la mise en œuvre de l’Accord de Ouagadougou, la Côte d’Ivoire est aujourd’hui réunifiée, et il appartient donc à l’Etat d’assurer l’ordre et la sécurité publique sur toute l’étendue du territoire national. L’Accord prévoit explicitement que dans le cadre du redéploiement de l’administration, les Forces de l’ordreaccompagnent le processus en sécurisant les personnels administratifs ainsi que les populations civiles. Je voudrais donc plaider ici, solennellement, la levée partielle de l’embargo sur les armes afin de permettre à l’Etat Ivoirien de remplir sa mission de protection de personnes et des biens. Par ailleurs, et toujours dans le contexte actuel de la réconciliation nationale, les Ivoiriens demeurent préoccupés par le maintien des sanctions individuelles infligées à certains de nos compatriotes. Depuis l’Accord Politique de Ouagadougou, ces jeunes gens s’impliquent corps et âmes dans la recherche de la paix. C’est pourquoi, je demande formellement à l’ONU et cela dans l’esprit et la lettre de l’Accord Politique de Ouagadougou entériné par la Résolution 1765, la levée des sanctions infligées à Blé Goudé Charles, Djué Eugène et Fofié Kouakou. La Côte d’Ivoire est certainement un pays solide et notre gestion des finances publiques a permis de faire fonctionner l’Etat Ivoirien et d’assurer le minimum de bien être aux populations. Mais, la persistance de la crise a fini par réduire les ressources financières de l’Etat et par mettre à mal son équilibre financier. Je demande de l’aide aujourd’hui, pour me permettre de financer les actions liées directement au règlement de la crise. Le Service Civique, les Audiences Foraines, les Elections Générales, le retour des déplacés de guerre, et de façon générale, la consolidation de la paix. Mais au-delà de ces actions à court et à moyen terme, la Côte d’Ivoire a besoin de l’aide internationale pour renforcer les bases d’une reprise économique plus vigoureuse sur le long terme. Nous avons à réhabiliter et à renforcer nos infrastructures communautaires, nos écoles ; nos centres de santé ont subi les dégâts de la guerre. Nous devons réhabiliter et renforcer nos infrastructures économiques : les routes, les voies ferrées, les installations électriques et d’adduction d’eau durement éprouvées par la crise. Excellences Mesdames et Messieurs, tous les observateurs et tous les acteurs de la crise ivoirienne, s’accordent à dire que les élections constituent la finalité du processus de sortie de crise en Côte d’Ivoire. La tenue d’élections transparentes, libres et ouvertes à tous, est non seulement une exigence de ma culture politique, mais aussi et surtout, une nécessité démocratique. Les élections sont un moyen de bonne gouvernance. J’ambitionne de faire de mon pays, la Côte d’Ivoire, un Etat moderne. C’est-à-dire, un Etat dans lequel le peuple désigne ses dirigeants aux moyens d’élections justes et transparentes. Les élections démocratiques constituent donc pour nous une nécessité pour la modernisation de la vie politique de notre pays. Les élections constituent aussi une nécessité pour la relance de notre économie. Nous devons absolument organiser les élections prochaines en Côte d ‘Ivoire et les réussir, pour redonner confiance aux opérateurs économiques du pays et d’ailleurs. Les élections constituent encore une exigence pour la stabilité de notre pays et de la sous-région. Il convient d’organiser rapidement des élections pour conférer la légitimité politique permettant à ceux qui exerceront le pouvoir d’Etat de stabiliser le corps social en Côte d’Ivoire et de garantir la relance économique en Afrique de l’ouest. Les élections constituent enfin un impératif constitutionnel. Selon notre Constitution, en effet, lorsque des circonstances exceptionnelles rendent impossibles l’organisation des élections comme c’était le cas avant la réunification du pays, toutes les Institutions de la République ne fonctionnent plus qu’en vue des élections. C’est pourquoi, il nous faut rapidement organiser les élections pour sortir d’une situation certes constitutionnelle mais exceptionnelle.

Pour toutes ces raisons, j’invite de cette tribune des Nations Unies tous nos amis à travers le monde, mais aussi et surtout, les hommes et les femmes politiques de mon pays, les Ivoiriens et toutes les populations vivant en Côte d’Ivoire à s’engager dans le processus de paix. Je les invite à s’investir entièrement dans le processus électoral en cours, à contribuer chacun à son niveau à la réconciliation nationale et à la consolidation de la paix.

Que Dieu vous bénisse ! Je vous remercie.

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