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LE COMBATTANT
13 décembre 2016

INTERVIEW DU PRÉSIDENT LAURENT GBAGBO SUR ONUCI FM

Avec la Radio ONUCI FM, le chef de l'Etat Laurent Gbagbo a fait un tour d'horizon des questions de l'heure en Côte d'Ivoire. De l'Accord de Ouaga, principal sujet de l'entretien, le Président de la République introduit des notions à polémique et de conflit

ONUCI FM: Nous recevons en invité spécial Son Excellence Laurent Gbagbo, Président de la République de Côte d'Ivoire, un an après la signature de l'Accord politique de Ouagadougou. Excellence, c'est un insigne honneur que vous faites à ONUCI FM et nous l'apprécions à sa juste valeur. Une année donc après la signature de cet Accord, quelle est votre appréciation générale ?


Laurent Gbagbo : Merci madame. Merci à ONUCI-FM de venir me voir afin qu'on fasse le point. Souvenez vous il y a un an ! Observez un peu l'ambiance, l'atmosphère dans le pays, ici même à Abidjan, à l'intérieur, à Bouaké au centre, à Korhogo, Man, Odienné, Bouna, à Nassian. Examinez, on n'était même pas encore dans le temps des élections parce qu'à l'époque, on cherchait une formule pour mettre fin à la crise. Charles Konan Banny était Premier ministre, j'étais moi-même à mon poste ; on était très loin du calme que nous observons aujourd'hui. Madame, si nous sommes tous de bonne foi, nous devons observer que la paix est rétablie sur l'ensemble du territoire ivoirien. C'est la première des choses : La paix. C'est ce qui est le fondement de notre lutte. Et la paix est rétablie sur l'ensemble du territoire ivoirien. Les hommes circulent du Nord au Sud en passant par le Centre ; et de l'Est à l'Ouest en passant par le Centre. Hier encore, je recevais le chef de village de Sinématiali, comme j'ai reçu le Chef de Gbon, les gens de Kouto, comme j'ai reçu les gens de partout. Il y a un an, cela n'était pas possible. Donc non seulement la paix est revenue sur l'ensemble du territoire, mais la circulation est rétablie sur l'ensemble du territoire. La plus grande preuve est que les camions allant au Burkina-Faso, au Niger et au Mali ont repris le chemin de la Côte d'Ivoire et aujourd'hui, nous ne discutons plus de leur venue ici. Nous discutons de la manière dont il faut améliorer la fluidité routière parce qu'il y a des coupeurs de route Nous sommes donc maintenant dans le quotidien, on est dans l'ordinaire. Je voudrais que les gens observent tout cela. 


ONUCI FM: Avec votre permission, nous allons voir cet ordinaire dont vous nous parliez. Nous allons le revoir à la loupe, en commençant d'abord par les audiences foraines. On les savait très difficiles. il y a eu beaucoup de débuts ensuite des interruptions. Aujourd'hui, les audiences foraines ont recommencé mais il y a des difficultés sur le terrain qu'il faut reconnaitre, par exemple le manque de matériel pour le personnel qui va pour les audiences ; et puis ce délai de trois mois est-il vraiment réaliste?


L G : Madame, c'est ce que j'appelle l'ordinaire. Les audiences foraines n'étaient pas arrivées à leur terme parce qu'elles ne le pouvaient pas. Ce qu'on nous proposait il y a plus d'un an, ce n'était pas des audiences foraines. C'était tout sauf quelque chose de légal. On nous proposait de faire des audiences foraines et de faire en même temps, sur le même lieu, des séances pour délivrer les certificats de nationalité. Le président de la République de Côte d'Ivoire ne peut jamais accepter cela, parce que c'est illégal, c'est hors-la loi. Les audiences foraines ont un seul objectif, c'est de délivrer des jugements supplétifs d'actes de naissance ou des certificats de décès. Voilà le seul point des audiences foraines. Ou bien on fait des audiences foraines ou bien on fait autre chose. Comme on a parlé des audiences foraines, le Président de la République ne pouvait que bloquer une dérive qui n'avait rien à avoir ni avec la paix ni avec la loi. Parce que pour faire la paix, il faut d'abord respecter la loi. Aujourd'hui les audiences foraines fonctionnent normalement. Vous avez dit qu'il manque des matériels, c'est ça l'ordinaire. Quand un sous-préfet est à son poste, je dis l'administration est rétablie. Maintenant si le sous-préfet dit je ne peux pas faire de tournées parce que je n'ai pas encore de voiture ou bien je n'ai pas d'essence, ça, ce sont de problèmes ordinaires qu'on rencontre dans le pays

.ONUCI FM: Il y a également la question des délais. L'Accord parle de trois mois. Est-ce qu'en trois mois aujourd'hui, c'est possible d'achever les audiences foraines? 


LG : Mais écoutez madame, nous ne faisons pas les audiences foraines pour un Accord. Nous faisons l'application de l'Accord pour avoir la paix. Si pour avoir la paix, il nous faut aller à plus de trois mois, on fera plus de trois mois. Si nous estimons qu'au bout de trois mois nous avons fini, nous arrêtons. Mais vous voyez, quand on parle d'un objectif, les modalités pour y arriver deviennent automatiquement secondaires, parce que l'objectif, c'est ça le principal. Je ne sais pas si vous percevez cela. 

ONUCI FM: Oui, je le perçois. L'autre objectif aussi, c'était l'identification générale de la population. 
LG : Non, on n'a jamais parlé de ça.

ONUCI FM: Il y a donc les audiences foraines et nous allons arriver maintenant à l'identification de la population qui fait aussi partie de l'Accord
LG : On parle de l'identification des électeurs

ONUCI FM: Des électeurs et aussi de la population. 
LG :Oui mais l'identification de la population aura lieu en 2008 de toutes les façons. Elections ou pas, parce que tous les dix ans en Côte d'Ivoire, nous faisons l'identification de la population.

ONUCI FM : Excellence vous me tendez la perche justement. Vous dites tous les dix ans, et aujourd'hui, il y a une bonne partie de la population ivoirienne qui est, vous vous référiez à la loi, hors la loi, parce que sans pièce d'identité à jour. Ceux-là, il y a les audiences foraines qui règlent leur cas, quel autre cas va régler le cas de ces populations qui auront aussi besoin d'aller aux élections pour élire ou pour être élues.
LG : Mais Madame, d'abord il faut que je vous dise, ne mélangez pas l'identification, le droit pour chaque citoyen ivoirien d'avoir une carte d'identité et les élections. Parce que lorsqu'on mélange les deux, on est excité. On est excité pour les élections et on fait faire des dérives au processus électoral. Il y a deux choses qu'il ne faut pas mélanger. Et il y a beaucoup de dérives parce qu'on mélange tout. Il y a d'abord l'identification, chaque ivoirien doit avoir un papier puisque j'ai réglé le problème pour ceux qui ne sont pas ivoiriens. Pour eux, j'ai supprimé la carte de séjour et dit que la Côte d'Ivoire reconnaissait les documents émis par leur pays d'origine, pour ceux qui sont de la CEDEAO [Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest]. Donc que vous soyez burkinabé, maliens, guinéens etc. si vous avez une carte d'identité de chez vous ou si vous avez une carte consulaire, la police et la gendarmerie doivent reconnaitre ces papiers-là. Ainsi, pour ceux qui ne sont pas ivoiriens, le cas est réglé. Il reste maintenant pour les ivoiriens. Madame, depuis 1992, on n'a pas établi de façon régulière les cartes d'identité en Côte d'Ivoire. En 1992, le gouvernement Ouattara, sous la conduite d'Houphouët Boigny a lancé l'opération des cartes d'identité infalsifiables. Cette opération s'est arrêtée en 1993 avec la mort de Félix Houphouët Boigny. Quand le Président Bédié est devenu président de la république, il a lancé le CNS qui, à son tour, a lancé, vers la fin des années 90, une autre opération d'identification et d'établissement des cartes d'identité. Cette opération là n'est pas allée jusqu'à son terme. 

ONUCI-FM : Elle n'a pas abouti non plus !!!!


LG : Elle s'est arrêtée en 1999 avec le coup d'état. Le gouvernement de transition, le gouvernement militaire de transition ne s'est pas occupé de cette question. Nous sommes arrivés en 2000, en 2001, nous avons créé l'office national d'identification et nous avons commencé l'établissement des cartes d'identité. En 2002, septembre 2002 il y a eu la guerre. Donc quand vous dites qu'il y a des ivoiriens qui n'ont pas de pièces d'identité, c'est vrai. Moi non plus, je n'en ai pas puisque la carte d'identité que j'avais, avait été faite en 1997, elle a une durée de vie de 10 ans, donc en 2007 elle est périmée. Oui mais on s'organise pour établir les nouvelles pièces d'identité, c'est tout. Mais ce n'est pas un drame. Il ne faut pas que les gens prennent ça comme si on les écarte de la nationalité ivoirienne. Moi qui vous parle, ma carte d'identité est périmée depuis presqu'un an, ça c'est pas dramatique.

ONUCI-FM : Oui c'est une clarification qui était indispensable. Nous allons aborder l'autre chapitre de cet accord, c'est le désarmement, le DDR. Et le DDR c'est aujourd'hui. Il y a eu aujourd'hui le centre de commandement intégré mais quand on observe il y a toujours deux états majors. A ce niveau quelle est votre réaction en tant que chef suprême des armies?


LG : Oui ! mais ce n'est pas grave ça, moi je vais régler le problème. C`est-à-dire qu'on n'est pas arrivé au fond, au bout du processus, et j'entends des gens s'inquiéter souvent très hypocritement, j'entends des gens pousser des hauts cris mais ce sont des hauts cris que je comprends parfaitement et que je décode parfaitement. Ce sont des hauts cris hypocrites. Nous allons y aller. Moi je suis serein parce que je sais qu'on va aux élections tranquillement. Nous avons déjà commencé le DDR, c`est-à-dire les fronts n'existent plus, les fronts de combats n'existent plus. Depuis que nous avons démantelé les fronts de Tiebissou et de Djebonoua, les fronts de combats n'existent plus. Le CCI existe. Qu'est ce qu'il nous faut aujourd'hui?. Il nous faut ramasser les armes et les mettre à la disposition du CCI pour qu'il les garde, c'est ça qui nous manque, qui nous reste a faire au niveau du désarmement. C'est la seule opération qui nous reste à faire: ramasser les armes. Nous allons le faire bientôt. Et tout ca nous allons le faire avant les élections. Voilà.

ONUCI FM : Monsieur le Président, le regroupement des ex-combattants semble se heurter à quelques problèmes financiers ?
LG : Oui ! c'est ce que j'appelle les problèmes ordinaires. C`est-à-dire si vous me signaliez des obstacles politiques ou des obstacles décisionnels, là j'aurais dit oui il y a vraiment de l'eau dans le gaz, mais il n'y a pas de l'eau dans le gaz. Tout va bien, il y a simplement qu'il y a des moments où on n'a pas beaucoup d'argent donc, on met en veilleuse une opération par rapport à une autre. Là, nous étions tout le mois, tous les deux mois passés, nous étions par exemple occupés à rembourser notre dette vis-à-vis de la Banque Mondiale. Donc on a mis en veilleuse certaines opérations. On a fini maintenant.

ONUCI FM : Une idée de pistes de financement ?
LG : Oui, on a des financements; d'abord nous comptons sur nous-mêmes. Maintenant nous demandons aux autres de venir nous aider. Celui qui vient nous aider, c'est tant mieux. Le FMI [Fonds Monétaire International] nous a promis quelque chose, la Banque mondiale nous a promis quelque chose, la BAD [Banque Africaine de Développement] aussi nous a promis quelque chose, donc on a même fait une table ronde, le Premier Ministre a prévu une table ronde avec ceux qui vont nous aider. Donc le problème n'est pas là. Le problème, c'est que, c'est les mêmes recettes, il y a des moments où nous mettons l'accent d'abord sur une opération donc nous mettons en veilleuse d'autres opérations et à un autre moment nous mettons l'accent sur une autre opération, c'est pourquoi on a l'impression d'avancer en dents de scie. On avance effectivement en dents de scie, mais on avance.

ONUCI FM : Mais Monsieur le Président, désarmement avant élection ou élection avant désarmement ?


LG : Oh ! mais ça c'est un faux débat. C'est un faux débat. Il faut appliquer le texte de l'Accord et je me souviens que quelqu'un a dit que ce débat était idiot. Et il n'avait pas tort, parce que ce débat n'a pas sa raison d'être. Nous, notre objectif, c'est d'appliquer l'accord que nous avons signé. Or, l'accord que nous avons signé nous dit de faire le désarmement. Non, nous allons faire le désarmement. Nous allons le faire. 

ONUCI FM : Alors à propos du désarmement, il y a toujours cette question de grade, est-ce que ça aussi c'est une question ordinaire?


LG : Ça, ce n'est pas une affaire du désarmement, la question du grade n'est pas une affaire du désarmement. Le désarmement consiste à prendre les armes des mains de ceux qui n'ont pas le droit de les avoir et de les confier au CCI. C'est ça le désarmement. Maintenant le problème des grades, ça c'est un autre problème. Vous savez le problème des grades pourquoi je n'en parle pas souvent ? parce que ça fait partie vraiment des faux problèmes qui encombrent le chemin de la paix. Nous avons dans les FANCI 18.000 hommes, nous avons à la gendarmerie 12.000 hommes et nous avons à la police 16.000 hommes. Dans les corps annexes comme la douane, les eaux et forets 6.000 hommes. Ça veut dire nous avons en tout 52.000 hommes en armes. Sur les 52.000 hommes, 437 seulement sont partis à la rébellion. Sur les 437 qui sont partis à la rébellion, 30 seulement sont concernés par le problème des grades dont vous parlez. Donc vous comprenez que le Président de la République qui est là, pour lui ce n'est rien comme problème. Il a à faire, à gérer 52.000 hommes. Sur les 52.000 hommes, il voit que 437 qui sont partis et sur les 437 il n'y a que 30 qui sont concernés. Il règle les problèmes importants qui sont devant lui, et il avance. Vous me voyez bien avancer. J'avance et je souhaite que tout le monde avance avec moi. J'avance. Ça là, c'est un petit problème. C'est un petit problème qui sera réglé et même s'il n'est pas réglé et qu'on leur dit d'aller s'asseoir, ça c'est pas un problèmes ça, vous voyez Madame.

ONUCI FM : Monsieur le Président vous avez dit que nous avançons, nous avançons justement vers les élections, on nous parle de juin 2008, je vous retourne encore cette question, est-ce réaliste ? étant donné toutes ces étapes qu'il faut respecter?


Laurent Gbagbo: Ecoutez, moi je ne comprends pas les Ivoiriens. On aurait dû faire nos élections en octobre 2005. On ne les a pas faites en octobre 2005 parce que rien n'était prêt. Vous comprenez. On est aujourd'hui en 2008. on dit qu'on va faire les élections en juin 2008 et c'est là que les gens sont excités. Est-ce ce qu'on va les faire en 2008 ? Est-ce ce qu'on va les faire en 2008 ? Enfin ! S'ils sont excités, il fallait qu'ils soient excités en 2005, puisque le terme normal, c'était octobre 2005 ! Vous comprenez. Si en 2005 on n'a pas fait les élections, c'est qu'il y a un problème et c'est ce problème là que nous sommes en train de résoudre. Il faut qu'ils regardent si, oui ou non nous résolvons ce problème. Les gens qui, hier, étaient sous couvre-feu à partir de 18 heures ou 19 heures, qui aujourd'hui vont en boite de nuit, qui aujourd'hui vont au restaurant, qui aujourd'hui circulent. Les avions qui n'atterrissaient pas et qui aujourd'hui atterrissent. Des gens qui n'allaient plus dans leurs villages et qui aujourd'hui vont dans leurs villages, partout. Comment ces gens-là peuvent montrer aujourd'hui qu'ils sont plus excités qu'un autre ? Donc il ne faut pas que les gens soient excites, on va faire les élections..

ONUCI FM : En juin 2008 ?


LG : On travaille pour qu'on les fasse en juin 2008, mais si on ne les fait pas en juin 2008, c'est pas la mort. Pourquoi on ne les a pas faites en octobre 2005 et il y a pas eu la mort ? Vous comprenez madame.ONUCI FM : Donc à quelle date ?
LG : Non, moi j'ai dit juin 2008, mais c'est la date que nous avons fixée et sur laquelle nous travaillons, mais si nous arrivons à juin 2008 et on constate une semaine avant qu'on n'a pas fini, on dira aux Ivoiriens qu'on n'a pas fini et puis c'est tout. Ça ce n'est pas le problème. On devait le faire en octobre 2005, et j'avais signé un décret appelant les gens aux urnes en octobre 2005. On n'a pas pu faire. Aujourd'hui, nous sommes plus proches des élections qu'on ne l'était en octobre 2005.

ONUCI FM : Alors, l'Accord Politique de Ouagadougou donne, la certification à la communauté internationale. Quelle est votre relation avec cette communauté par rapport à ce chapitre bien précis de la certification. ?


LG : Elle est parfaite, je viens même de rencontrer M.Choi qui sera chargé de la certification. Nos rapports sont très bons mais ce que j'ai dit à notre frère zimbabwéen qui est venu, de l'ONU. Je lui ai dit : Nous avons eu des problèmes avec Gérard Stoudmann ancien Haut Représentant des Nations Unies pour les Elections mais nous n'avons jamais eu des problèmes avec l'ONU . Et il ne faut pas que les gens confondent. La Côte d'Ivoire n'a jamais eu aucun problème avec l'ONU. Mais moi j'avais un problème avec Stoudmann et j'ai donc demandé à l'ONU qu'au lieu qu'un individu gère les rapports entre un Etat et notre Organisation commune qu'est l'ONU, prenez-le, partez avec lui comme ça nous on va rester tranquilles avec l'ONU ici et on va travailler. Dès l'instant où ils ont fait ça, il n'y a plus de problèmes. On n'a aucun problème avec l'ONU.

ONUCI FM : Alors M. le Président on parlait de 
LG : Excusez-moi mais la certification là, c'est celui qui veut tricher qui a peur de la certification. Sinon la certification c'est quoi ? C?est pour dire ils sont allés effectivement voter, les listes étaient effectivement conformes à la loi, chacun de ceux qui voulait voter a pu le faire, le scrutin s'est déroulé dans la paix, dans l'ordre. Ça là, qui va avoir peur de ça? C'est ce qu'on fait toujours ici en Côte d'Ivoire.

ONUCI FM : Alors, nous parlions tantôt du financement du processus de sortie de crise. Alors on en vient au dossier de l'unicité des caisses de l'Etat. Où en sommes-nous dans ce dossier au niveau du Trésor, des impôts ?


LG :On n'a pas encore tout réglé. Vous savez que si tous les problèmes de la Côte d'Ivoire étaient réglés vous ne m'auriez pas trouvé là parce que je serais déjà entrain de faire les élections. Voilà ! Tous les problèmes ne sont pas réglés. On n'a pas encore mis les douaniers aux autres postes de douanes. Aujourd'hui les postes de douanes qui marchent vraiment c'est le poste de douane du Port d'Abidjan, du Port de San Pedro, de l'aéroport d'Abidjan, de Noé et puis quelques postes de douanes qui sont sur la frontière Est. Sur la frontière Nord, et Nord-ouest, je veux dire Ouangolo, qui est un gros poste de douane et Minignan par exemple, on n'a pas encore installé les douaniers, mais ça fait partie des questions que nous allons régler. 

ONUCI FM : Mais les Forces Nouvelles ne semblent pas prêtes à céder la collecte des ressources à l'Etat dans certaines régions.


LG : Pourquoi ?

ONUCI FM : C'est ce qui nous a été donné de constater.


LG : On a signé un Accord qui est entrain d'être appliqué. Donc ne vous en faites pas Madame. Quand on aura installé les douaniers, je vous appellerai, j'appellerai tous les journalistes pour leur dire que nous sommes en train d'installer tous les douaniers. Il n'y a pas deux Etats. Il y en a un seul. Et en signant l'Accord de Ouagadougou, les Forces Nouvelles ont signé l'Accord de Ouagadougou pour dire qu'il y a un seul Etat. C'est pourquoi on a fait tous les progrès qu'on a faits jusqu'à présent, sinon on n'aurait pas fait des progrès.

ONUCI FM : Et le même problème se pose aussi au niveau du redéploiement de l'administration


LG : Mais, il n'y a pas de problèmes 

ONUCI FM : Mais si.


LG : Ou bien Madame, c'est que vous ne suivez pas bien. Nos Préfets ont des problèmes, non pas avec les Forces Nouvelles mais avec nous parce qu'on n'a pas encore mobilisé tous les fonds pour leur envoyer à chacun sa voiture, sa maison, ses bureaux. Il y a des Préfets qui travaillent vraiment dans un studio. Ils ont leur lit à côté, ils reçoivent les gens là. Ces problèmes là ce sont les problèmes qu'ils ont avec nous c`est-à-dire avec l'Etat central, ce n'est pas avec les Forces Nouvelles. Ils ont des problèmes les Préfets, mais c'est avec nous. Parce qu'on n'a pas encore apporté tout le matériel.

ONUCI FM : Je vais faire un pas en arrière pour vous ramener un peu aux élections, juste pour savoir aujourd'hui quelle doit être la partition de chacun ? On parle d'arriver à des élections libres, transparentes, ouvertes à tous. Le Président de la République que vous êtes, quel est votre ingrédient déjà pour tracer une piste ?


LG : Mais moi je n'ai pas d'ingrédients, moi je n'organise pas les élections ?

ONUCI FM : Mais juste pour arriver à des élections libres et transparentes par exemple ! 


LG : L'Etat de Côte d'Ivoire est organisé et il y a une institution qu'on appelle la CEI [Commission Electorale Indépendante] dont le rôle est d'organiser les élections. C'est tout et, pour éviter les fraudes, on a retiré l'organisation des élections au Ministère de l'Intérieur. Donc, on a créé la CEI et c'est elle qui est chargée d'organiser ça.

ONUCI FM : Et c'est la Sagem qui est chargée de l'identification?


LG : Non ! non ! il y a deux institutions techniques qui ont pour rôle de le faire et il y a la Sagem. 

ONUCI FM : Alors la différence ?


LG : Quand vous dites l'INS (Institut National de la Statistique), c'est faux, quand vous dites la Sagem, c'est faux.. C'est l'INS et la Sagem.ONUCI FM : Et qu'est ce qui revient à la Sagem, qu'est ce qui revient à l'INS ?


LG : Ce sont les deux qui doivent discuter pour me soumettre un projet de décret pour leur collaboration. Donc j'attends. Ce sont les deux. Il n'y a pas un qui fait. Pour nous normalement on n'a pas besoin d'un opérateur privé en Côte d'Ivoire. Depuis que la Côte d'Ivoire organise des élections en 1945, nous avons une institution publique dont le nom a changé plusieurs fois, ça c'est appelé il y a trente ans la Direction Générale des Statistiques (DGS), aujourd'hui elle s'appelle l'Institut National de la Statistique (INS). C' est avec cet organisme que nous faisons les listes. Mais comme cette fois-ci on est en crise et que les gens crient partout que plein de gars ont peur, donc pour supprimer leur peur, j'ai accepté qu'on adjoigne à l'INS, un opérateur privé. Donc, les deux doivent définir ensemble leur collaboration et je vais prendre un décret dans ce sens.

ONUCI FM : Excellence nous allons aborder un nouveau chapitre, un autre gros chapitre cette fois-ci. Concernant la politique intérieure, il revient souvent, dans les journaux, je précise bien, des rumeurs de coups d'Etat et vous savez que quand on sort d'un traumatisme, on a parfois cette nostalgie aussi de se faire peur, soit on se fait peur, soit c'est réel alors je vous retourne la question. Ces rumeurs de coups d'Etat, est-ce que c'est parce les Ivoiriens ont pris l'habitude de se faire peur ou bien est-ce réel ?


LG :: En Côte d'Ivoire, il y a des gens qui veulent peut-être faire des coups d'état et puis il y en a qui ne sont pas sérieux, donc. En Afrique on est comme ça. Avant les gens voulaient prendre le pouvoir à la télévision et à la radio, ils allaient à l'assaut de la télévision et de la radio. Maintenant, ils veulent prendre le pouvoir par l'informatique. Donc, chacun se lève, il s'enregistre sur 

ONUCI FM : On s'inscrit dans les nouvelles technologies ? 


LG : Oui, oui. Ils s'inscrivent sur les nouvelles technologies. Ils se mettent en scène. Ça existe. Il faut regarder ça comme des phénomènes quoi. Et puis on avance, on avance.

ONUCI FM : Alors, Monsieur le Président, nous semblons assister à la création d'un nouveau Front républicains. Il y a par exemple le RDR qui a récemment fait un clin d'?il aux Forces Nouvelles. Alors quelle est votre opinion sur la question?


LG : Je n'ai pas d'opinion. (rires) Je n'ai pas d'opinion. Moi, ça ne m'intéresse pas.

ONUCI FM : D'autres alliances en vue, est-ce que le FPI ?


LG : Non, non. Vous savez les gens oublient qu'une élection présidentielle, c'est un contrat entre un individu et le peuple. Vous pouvez avoir mille partis derrière vous. C'est un contrat entre un individu et le peuple. C'est ce que nous allons faire.

 ONUCI FM : Nous allons aussi aborder la question des médias qui revient. La RTI notamment et aujourd'hui Fraternité Matin, à ce niveau, les gens ont besoin d'être éclairés, tout le monde se plaint de ne pas avoir un libre accès à la télévision ou aux medias d'état. Aujourd'hui les choses semblent se clarifier si je ne me trompe ?


LG : Oui, enfin pour moi les choses ont été toujours claires. Quand on est à la radio et à la télévision, il y a une règle qu'on appelle la règle des trois tiers : le Gouvernement, enfin ceux qui dirigent, ils ont un tiers de temps pour expliquer leur politique. Les partis qui soutiennent l'Etat ont un tiers et puis l'opposition a un tiers. Si on ne comprend pas ça, c'est qu'on n'a rien compris. Vous voyez ? C'est qu'on n'a rien compris. Alors, il y en a qui ne sont pas présidents et ils veulent passer à la télévision comme s'ils étaient présidents, c'est-à-dire (rire) il y en a qui voudraient même à la limite faire mes messages de Chef d'Etat à ma place. Bon, il faut leur dire qu'ils attendent les élections et puis on va voir, s'ils sont élus on verra, s'ils ne sont pas élus, ils attendront une autre fois. Ils attendront 5 ans encore. 

ONUCI FM : Alors, Monsieur le Président pour revenir au paysage politique ivoirien comment va le FPI en ce moment ?


LG : Mais, moi je ne suis pas Président du FPI, donc ce n'est pas mon problème ça. Allez demander à Affi N'N'Guessan.

ONUCI FM : Parce qu'on assiste à la création de nouveaux courants, de plusieurs courants au FPI ?


LG : Oui, mais allez demander à Affi N'Guessan, il va vous répondre s'il veut.

ONUCI FM : Et concernant la Justice. Aujourd'hui, elle semble être aux ordres de l'impunité, de la corruption, alors est-ce que vous prévoyez de prendre des mesures pour 


LG : Mais, vous venez d'arriver ici, ou quoi ? Notre justice, il y a longtemps qu'elle est comme ça (rires), il y a longtemps, avant même que je ne sois président. Donc, 

ONUCI FM : Ça va continuer comme ça ?


LG : Non, mais enfin aujourd'hui quel est le plus grand problème à régler ? Le plus grand problème à régler, c'est de sortir de la crise. On ne peut pas en même temps être en train de sortir de la crise et puis vouloir régler tous les problèmes secondaires, vous comprenez ? Il faut que les gens sachent ce qu'ils veulent. Il faut que les gens sachent ce qu'ils veulent. Vous comprenez ? Moi, je me suis battu pour arriver au pouvoir par les urnes. J'ai été élu. On nous a attaqués et cette attaque là a entraîné une crise. Nous sommes en train de chercher à sortir de la crise, on ne peut pas nous amener à régler des problèmes qui sont secondaires par rapport à cela, par rapport à la sortie de crise. Il faut qu'on soit un peu clair, quoi. Il faut qu'on soit un peu clair.

 ONUCI FM : Aujourd'hui est-ce que la justice ne se situe pas au c?ur de cette relance, surtout au niveau de l'économie ?


LG : Madame, ce que je cherche aujourd'hui, c'est de sortir de la crise. Donc, je vais vers les élections. Une fois qu'on aura fini les élections, on aura dit, tout le monde aura dit : la crise est finie ., à partir de ce moment là, on va faire les autres réformes. Mais, entendez-moi bien, on ne peut pas aujourd'hui faire la réforme de la Justice, la réforme de l'Education Nationale, la réforme du café-cacao, la réforme de Aujourd'hui là, on cherche à sortir de la crise et il faut que les gens sachent cela, le reste, ça devient secondaire. On ne fait pas mille choses en même temps.

ONUCI FM : Alors, sortir de la crise, quelle est aujourd'hui la nature, sinon la qualité des relations avec la France ? 


LG : Madame, il faut sortir de la crise. Est-ce que vous comprenez ça ? (rires) Il faut sortir de la crise, on ne parle pas de relations diplomatiques. Aujourd'hui nos relations diplomatiques sont ce qu'elles sont. Moi, en tous cas, depuis que [Nicolas] Sarkozy [Président français] est au pouvoir, comme je l'ai déjà dit, je dors tranquillement. C'est les derniers mois de Chirac au pouvoir, ça été cauchemardesque pour moi. Donc, maintenant je m'occupe à sortir de la crise et c'est ce que je fais.

ONUCI FM : alors, on verra peut-être bientôt le Président Gbagbo à l'Elysée ? Ou le Président Sarkozy à Abidjan ?


LG : Ce n'est pas ça le problème ! Le problème, c'est de sortir de la crise. Aller à l'Elysée, avoir Sarkozy à Abidjan, qu'est ce que ça peut faire pour la sortie de crise ? Qu'est-ce ça peut nous amener ? Nous on veut la sortie de crise et c'est par rapport à ça que nous travaillons. 

ONUCI FM : Le Président Sarkozy vient d'annoncer que tous les accords militaires entre la France et l'Afrique seront renégociés.


LG : Il a bien dit. Il a bien fait. Ce qu'il a dit est juste et ça c'est des choses dont on avait discuté. Maintenant je peux vous le dire, avant qu'il ne fasse son discours au Cap devant le parlement, il m'avait donné une copie de la partie concernant les accords militaires, les accords de défense, on était trois Chefs d'Etat africains. Bon, je ne suis pas autorisé à vous dire les noms des autres. On était trois Chefs d'Etat africains à avoir été informés et je lui ai dit que s'il dit ça à Pretoria, enfin en Afrique du Sud, il aura les félicitations de Thabo Mbeki parce que c'est l'un des sujets que j'ai discutés souvent avec lui. Et ça n'a pas manqué. Thabo Mbeki m'a appelé, juste après le discours, pour me demander si j'avais écouté. Je lui ai dit que j'avais déjà le discours. 

ONUCI FM : Une dernière chose Monsieur le Président, la dernière sortie des Eléphants, cela vous a manqué ? Les Eléphants pour vous, le sport pour vous, aujourd'hui peut être un enjeu de cohésion sociale ?


LG :Oui, mais enfin il ne faut pas faire trop de pression sur ces jeunes gens. Moi je pense que c'est une très belle équipe. Ils nous ont apporté beaucoup de bonheur. Ils nous ont apporté beaucoup de joie parce que quand moi je suis arrivé au pouvoir, la première sortie de l'équipe nationale, la première CAN au Mali on était 16ème/16, c'est-à dire on était derniers. Voilà, aujourd'hui nous sommes l'une des plus belles équipes d'Afrique, la plus belle équipe. Moi, je suis content. Là, ils ont eu quelques faux pas, bon occupons-nous d'autres choses.

ONUCI FM : Question : Nous, à notre radio, nous avons un chapitre que nous appelons le message de paix. On ne saurait vous quitter après un entretien aussi enrichissant sans demander votre message de paix pour toute la Côte d'Ivoire et évidemment la radio qui nous écoute aussi à travers le réseau des Nations Unies.


LG : Mon message de paix, il est simple. Premièrement, il faut dire aux gens que le pouvoir ça se conquiert par les urnes. Tant qu'en Afrique on n'aura pas compris cela, on n'aura rien compris à la paix. Ça c'est la première chose. La deuxième chose, c'est que maintenant que nous sommes dans la crise, il faut en sortir. Il faut aujourd'hui mettre l'accent sur la sortie de crise et rien d'autre. Comme les gens considèrent, et nous mêmes aussi, que les élections sont comme le point d'orgue de la sortie de crise, alors en avant pour les élections ! En avant pour les élections ! Donc voilà. Moi, je m'amuse souvent, je compte souvent le nombre de fois où les gens disent les élections justes, propres, transparentes. Moi, ça m'amuse. S'il n'y a pas tout ça, il n'y a pas d'élections. Alors, quand ils disent justes, propres, transparentes, c'est ça qu'on appelle élections. Donc, moi je suis prêt, je souhaite que tous les gens soient prêts comme moi. Voilà. En tout cas, je vous remercie d'être venues ici. 

ONUCI FM : C'est nous qui vous remercions.


LG : Et puis bonne année 2008 et que la crise finisse totalement !

ONUCI FM :: Merci Président.


LG : Je vous remercie au revoir.

 

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