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LE COMBATTANT
10 mai 2018

DISCOURS DU PRÉSIDENT LAURENT GBAGBO LORS DE LA CÉRÉMONIE DE DÉMOBILISATION DES EX-COMBATTANTS A TIEBISSOU.

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DISCOURS DU PRESIDENT LAURENT GBAGBO LORS DE LA CEREMONIE DE DEMOBILISATION DES EX-COMBATTANTS A TIEBISSOU

Monsieur le Grand Chancelier de l’Ordre National,

Monsieur le Ministre de la Défense,

Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement,

Mesdames et Messieurs les Membres du Corps Diplomatique,

Monsieur Choi, Représentant Spécial du Secrétaire Général de l’ONU,

Monsieur Badini, Représentant du Facilitateur,

Monsieur le Préfet de la Région des Lacs, Monsieur le Préfet de la Région de Tiébissou,

Mesdames et Messieurs les Elus d’ici et d’ailleurs, Messieurs les Officiers Généraux,

Messieurs les Officiers,

les Sous-officiers Militaires du Rang,

Mesdames et Messieurs les Directeurs Généraux,

Directeurs Centraux et Chefs de Services, Distingués Chefs Traditionnels,

Honorables Chefs Religieux,

Mesdames et Messieurs,

Chers amis,

Je suis heureux,fier et ému d’être ici aujourd’hui. Je voudrais d’abord saluer les diplomates qui sont ici avec nous, en particulier Monsieur Choi qui vient d’arriver. Il est arrivé dans un climat bon, un climat sain. Que les qualités qu’il porte contribuent à faire en sorte que ce climat continue d’être sain, bon et que les Ivoiriens continuent d’être sereins. Je voudrais vous saluer et vous souhaiter officiellement la bienvenue. Monsieur Badini est ici avec nous depuis un certains temps. C’est un enfant du pays. Tous les Ouagalais sérieux connaissent Abidjan, comme tous les Abidjanais sérieux connaissent Ouagadougou. Donc, nous sommes à la maison. Je voudrais également saluer tous les diplomates ici présents. Je voudrais qu’ils transmettent à leurs souverains qui les ont mandatés que les Ivoiriens sont décidé à aller à la paix.

Il faut qu’ils nous soutiennent, particulièrement la CEDEAO, l’UA et l’UEMOA. L’UEMOA et la CEDEAO ont mandaté Blaise Compaoré pour nous accompagner, il faut qu’ils continuent à le tenir et à l’accompagner dans son travail de facilitateur. J’ai d’ailleurs demandé à la CEDEAO de reconduire le mandat du Président Blaise Compaoré à la tête de notre Organisation commune pour qu’ il puisse achever le travail qu’il a si bien commencé en nous accompagnant jusqu’aux élections. Je salue aussi le Libéria qui nous a précédé dans la voie du rétablissement de la paix. Chers frères, chers amis, Messieurs les Membres du Corps Préfectoral, soldats de la Force Licorne, de l’ONUCI, je voudrais vous dire un grand merci. Il y a eu des débats ici.

Voyez-vous, à un moment donné, les Ivoiriens demandaient le départ de l’ONUCI et de la Force Licorne. Je n’ai pas mêlé ma voix, cela ne veut pas dire que j’étais contre. Mais ce n’est pas le rôle du Chef de l’Etat de crier : ‘’Au loup’’, de crier avec les loups. Je suis resté serein, en pensant bien qu’il y avait quelque chose qui ne marchait dans cette affaire et qu’il fallait déceler afin qu’il puisse marcher. Et nous avons trouvé. C’était l’Accord de Ouagadougou et depuis, il n’y a plus de nuages. Quand j’ai parlé avec le Président de la République française, Nicolas Sarkozy, en marge du Sommet de Lisbonne, il a demandé : ‘’ Monsieur le Président que voulezvous que l’on fasse de la Force Licorne ?’’, Je lui ai dit textuellement ceci :’’Monsieur le Président, aujourd’hui, il n’y a plus de débat sur la Force Licorne en Côte d’Ivoire’’. Le moment du débat est passé. Aujourd’hui la Force Licorne à nos côtés réparent les routes, réhabilitent les écoles, construit des dispensaires. Donc, nous n’avons plus de problèmes.

Et d’ailleurs, j’ai fait appel au Général Clément Bollet pour me faire part de son expérience sur le Service Civique. Nous n’avons plus de problèmes. Je le dis parce que, en Côte d’Ivoire, il y a un jeu de massacre qui veut que tout le monde soit optimiste sauf les Ivoiriens eux-mêmes. Chers frères Ivoiriens, si vous pensez que vous jouez contre Gbagbo dans le processus de paix, détrompez-vous, car, vous jouez contre la Côte d’Ivoire. Celui qui pense qu’en jetant de l’huile sur le feu, qu’en appelant à la déstabilisation, qu’en disant que les soldats vont se soulever contre Soro à Bouaké ou contre Gbagbo à Abidjan, celui qui pense qu’en le disant, il se fraye une place, et une route vers le pouvoir, il se trompe. Parce qu’il ne sera pas au pouvoir.

Ce n’est pas de cette manière que l’on arrive au pouvoir. Celui qui veut arriver au pouvoir a intérêt à soutenir le processus de paix pour que l’on organise vite les élections, et s’il a de la chance et qu’il a le soutien de Dieu, il arrivera au pourvoir. Ce n’est pas en criant ‘’au loup’’ que l’on arrivera au pouvoir en Côte d’Ivoire. Il faut que les Ivoiriens jouent pour leur pays, c’est-à-dire pour la paix. Pendant cinq ans, ceux qui ont jeté de l’huile sur le feu et qui ont joué contre la paix, cela n’a rien donné. Ceux qui pensent que l’Onu va venir enlever Gbagbo du pouvoir se trompent. Ce n’est pas le rôle de l’ONU de faire des coups d’Etat et d’enlever des Présidents démocratiquement élus. L’ONU est là pour nous accompagner dans la voie que nous avons choisi pour aller à la paix. Et c’est ce que l’ONU est en train de faire. Donc, que la presse, que les hommes politiques cessent de se leurrer.

Parce que c’est en se leurrant qu’ils allument des incendies qu’ils ne peuvent pas eux-mêmes maîtriser. C’est un appel que je leur lance : ‘’ cessez de jouer au jeu de massacre’’. Parce que, en croyant jouer contre Gbagbo, vous jouez pour Gbagbo, car vous vous déconsidérez auprès de l’opinion. Donc vous aidez Gbagbo au plan électoral. Il faut que les hommes politiques comprennent cela. Je voudrais maintenant m’adresser aux militaires, parce que c’est leur jour. C’est le jour d’honneur des militaires qui sont eux-mêmes des hommes d’honneur. Il y a un moment, Bakayoko et Mangou me disaient : ‘’ Nous les militaires, nous nous entendons. C’est vous les hommes politiques qui ne vous entendez pas. Quand vous vous serez entendu, vous verrez que le désarmement se déroulera facilement. Parce que, nous, nous sommes prêts’’. Bakayoko et Mangou, à présent, nous nous sommes entendus. Nous avons signé l’Accord de Ouagadougou. Cet Accord est la marque du fait que nous sommes tombés d’accord sur une pédagogie de la paix, sur une démarche, et sur une méthode. Le 22 décembre, c’est le volet qui vous est consacré.

C’est-à-dire, le volet qui consiste à faire en sorte que les militaires ne se tirent plus dessus, ni en Côte d’Ivoire pour que l’état de belligérance cesse définitivement. C’est ce jour que nous vivons aujourd’hui. Le début du DDR, entendu Désarmement, Démobilisation, Réinsertion, je voudrais dire aux militaires des deux bords (les FAFN et les FDS-CI) que nous travaillons non pour léser quelqu’un, mais pour rassembler les enfants de la Côte d’Ivoire. C’est le concept de la nouvelle armée, de la réunification du pays, et de la relance économique. Jamais la République de Côte d’Ivoire ne travaillera pour léser un seul de ses enfants. Et les promesses contenues dans l’Accord de Ouagadougou seront tenues. Je voudrais vous en donner la garantie. Cette cérémonie a commencé avec deux heures de retard, cela est dû uniquement à des contingences techniques liées à la météo. Bakayoko et Mangou, aujourd’hui, c’est votre jour. Vos soldats quitteront dès aujourd’hui les lignes de front.

Les journalistes, il n’y aura plus de fronts de combat en Côte d’Ivoire. Et nous nous engageons à nous battre pour trouver un emploi aux soldats démobilisés. Ces soldats auront trois propositions. Celui qui à les qualités, et qui veut faire carrière dans l’armée, s’il a les capacités, il entrera dans l’armée. La deuxième proposition, ceux qui voudront revenir à la vie civile, apprendre un métier ou s’installer à leur propre compte. Enfin la troisième proposition, c’est le démarrage, du Service Civique. Et je saisie l’occasion pour demander à nos amis (l’UE, l’ONU, l’UA) de nous aider, parce que le Service Civique est la voie par laquelle beaucoup de soldats seront démobilisés. Plus vous nous aiderez et plus nous regrouperont les jeunes pour leur apprendre vite un métier et accélérer leur insertion dans la vie civile. Par vos suggestions, les moyens financiers, les jeunes pourront le plus rapidement possible rentrer dans leurs familles et abandonner les armes. Je sais compter sur vous et je vous remercie d’avance. Grâce à vous, nos amis, nous avons les 111 équipes prévues pour les audiences foraines, malheureusement vous les journalistes, vous n’en avez pas parlé, parce qu’on ne parle pas des trains qui sont à l’heure, mais seulement de ceux qui sont en retard.

Donc Messieurs les journalistes, s’il vous plait, parlez aussi des trains qui sont à l’heure. Aujourd’hui, c’est le début de la fin. Nous attaquons le dernier segment qui est le segment militaire. Une fois que celui-ci est achevé, j’écrirais au Conseil Constitutionnel qui nous donnera le feu vert pour organiser des élections. J’espère que les élections auront lieu fin Juin, il le faut pour la Côte d’Ivoire. Nous marchons au galop vers les élections pour la Côte d’Ivoire. Parce que, quand on est dans une telle situation, qui est constitutionnelle et exceptionnelle, il y en a d’autres qui croient le contraire et vous embêtent. Or, quand les gouvernants sont embêtés, ils ne sont pas assez sereins pour gouverner. Nous cherchons les moyens pour que la Côte d’Ivoire puisse rebondir. Aussi, doit-elle être dans une situation constitutionnelle normale. C’est-à-dire qu’elle ait tourné le dos à la guerre, fait des élections et donné au pays un gouvernement qui réponde à tous les critères de constitutionnalité.

Nous marchons aussi vers les élections pour l’économie. Beaucoup d’investisseurs frappent à la porte. Ils ont déjà déterminé les secteurs dans lesquels ils vont investir. Mais ils attendent la proclamation des résultats des élections pour injecter leur argent dans le tissu économique de la Côte d’Ivoire. Et nous voulons que cet argent soit injecté dans la Côte d’Ivoire, donc nous sommes pressés. Aidez-nous à vite aller aux élections. Chers amis militaires, c’est votre jour. C’est le début du règlement du contentieux avec l’Etat. L’Etat vous doit assistance pour que vous retrouviez une vie normale, que vous réintégriez la société ivoirienne. Et l’Etat tiendra ses promesses. Il vous suffit de vous exprimer, de faire part de vos préoccupations, de vos inquiétudes, de vos attentes. Je voudrais aussi m’adresser aux militaires de Yamoussoukro et d’Abidjan : ‘’ Recevez vos frères d’armes de Tiébissou les bras ouverts. Tiébissou qui est un symbole. Il n’y a pas eu beaucoup de combats dans cette guerre, mais les derniers combats, en février et mars 2003, ont eu lieu ici, à Tiébissou. Il nous faut tourner cette page.

Le pays ne vous oubliera pas. Nous sommes tous des Ivoiriens. Notre rôle, c’est de faire en sorte que les enfants de la Côte d’Ivoire se tiennent par la main. Chers amis, voici quelques réflexions que je voulais partager avec vous. Aujourd’hui est un grand jour pour la Côte d’Ivoire. Nous sommes dans le début de la paix. Colonel Kouakou Nicolas, vous qui commandez le Centre de Commandement Intégré (CCI), nous vous faisons confiance et vous confions le reste du travail technique. Je vous confie la sécurité de la Côte d’Ivoire jusqu’aux élections et je compte sur vous.

Chers amis, que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire.

Je vous remercie.

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