D’abord au sein de sa formation politique, l’Anc, la place de Mandela emprisonné, a souvent alimenté le débat politique. Le leadership de Mandela n’a toujours pas fait l’unanimité. Dans bien de cas, devant l’adversité, la tentation a été grande de trouver une alternative crédible au prisonnier de l’ile de Robben. Pour les tenants de cette opinion, l’on pouvait trouver des cadres valables au sein de l’Anc pour continuer la lutte sans Mandela au nom d’une certaine « real politik ». Ils ne manquaient pas d’arguments pour soutenir leur opinion. Nelson Mandela était condamné à une peine de prison à vie, par l’un des régimes les plus violents que le monde ait rarement connus. Le sort de Mandela étant scellé, il fallait le dissocier du sort du parti.
Opposée à cette option, une seconde option défend le leadership de Mandela au sein de l’Anc. Cette option pilotée entre autre par son épouse Winnie Mandela, et des jeunes loups dont Thabo Mbeki, soutient plutôt, que le sort de l’Anc dépend finalement de celui de Mandela. C’est par la libération de Nelson Mandela que l’Anc et partant le peuple noir d’Afrique, obtiendront leur propre liberté. Pour cette opinion, le sacrifice que Mandela a consenti pour son peuple est tel, que l’un et l’autre se trouvaient unis par le même destin. Ce dernier a même refusé les propositions de libération arrangée pour rester conforme à ses convictions. Conscient de l’incidence grandiose que pourrait avoir la libération de Nelson Mandela sur la suite de la lutte, l’Anc relègue toutes les autres priorités au second rang au profit de cette libération. C’est finalement cette opinion qui prospéra de sorte que, lorsque le pouvoir Blanc affaibli, décida de négocier avec l’Anc, il fut obligé de le faire avec son prisonnier. Ce fut la plus grande victoire de l’Anc et du peuple noir Sud-africain. Elle n’a été possible que parce que portée par une morale saine.
Le peuple Sud-africain a érigé Nelson Mandela au rang des divinités, pour le remercier de son sacrifice.
Laurent Gbagbo qui hérite de Nelson Mandela se trouve dans une situation similaire par rapport au peuple ivoirien.
Pour l’honneur et la dignité de son peuple, il a souffert des dizaines de jours les bombardements de sa résidence, dans laquelle se trouvait également sa famille, dont un enfant de deux ans. Il a refusé l’exil doré que lui proposaient, les maîtres autoproclamés de ce monde, donneur d’ordre de l’assaut lancé contre lui. Pendant plus de dix ans, alors qu’il faisait face à une rébellion meurtrière, des officines de manipulation de l’opinion ont élaboré toutes sortes de mensonges pour offrir de lui au monde, une image totalement opposée à la sienne. Pour sauver son peuple, il a parcouru le monde entier à la recherche de la paix, jusqu’à supporter les pires humiliations, comme celles à lui infligées à Kleber.
Privé de son leader, le peuple ivoirien et les militants du Fpi se trouvent devant la même équation que le furent plusieurs dizaines d’années plus tôt, le peuple Sud-africain et les militants de l’Anc. Gbagbo est-il pour nous un héros, ou une victime expiatoire de sacrifice ? La réponse appartient au peuple ivoirien et aux militants du Fpi. Mais à l’évidence, tout dans le parcours de cet homme, milite en faveur de son élévation au rang des héros.
Bien avant sa naissance, il avait déjà pris rendez-vous avec le destin de son pays. Son grand-père dont il porte le nom, Koudou Gbagbo est mort au combat en s’opposant à la conquête coloniale, pendant son expansion dans la région de Gagnoa. Il est mort alors que son épouse, la grand-mère de Laurent Gbagbo, portait encore dans ses entrailles, Koudou Paul, qui engendra plus tard Laurent Gbagbo.
. Les habitants du village de Blouzon peuvent le témoigner. La mère de Laurent Gbagbo, l’octogénaire Marguerite Gado, aujourd’hui en exil au Ghana, s’est offerte en rançon pour payer la dette fiscale des siens. Elle a vécu en quasi-esclavage pour rembourser le créancier de son village, qui a avait prépayé la dette fiscale dudit village.
Laurent Gbagbo et son épouse, Simone Gbagbo, ont tout donné au peuple de Côte d’Ivoire, pour lui permettre de goûter à nouveaux aux délices de la démocratie qu’il avait perdue depuis plus d’une quarantaine d’années. Pour y parvenir, ce couple a accepté toutes les formes de souffrances. Les emprisonnements (Gbagbo Laurent est en prison pour la troisième fois et son épouse pour la deuxième fois), l’exil, les tentatives d’assassinats, ont consumé l’intégralité de leur vie.
Aujourd’hui, séparé des siens, interdit de parole, Laurent Gbagbo nous observe. Il interroge le peuple ivoirien, et surtout les militants du Fpi, son parti qu’il a créé et géré au prix de tant de sacrifices. Sommes-nous capables comme l’ont fait le peuple Sud-africain et l’Anc, d’unir notre destin au sien ? C’est le minimum que notre conscience peut nous commander. Cette exigence morale s’impose davantage aux militants et sympathisants du Fpi.
En effet, l’histoire politique de la Côte d’Ivoire est riche d’exemples qui doivent diriger notre jugement.
Depuis 1994, les militants du Rdr ont fait bloc autour de leur mentor, le soutenant en période de tempêtes ou pendant les beaux temps, l’accompagnant dans tous les mauvais coups comme les bons coups, sans calcul, avec les yeux rivés sur l’objectif qu’ils s’étaient fixés. On peut décrier et condamner leurs méthodes et les moyens utilisés pour arriver à leurs fins, mais nul ne peut les prendre à défaut sur leur absolue loyauté vis-à-vis de celui qui a incarné leurs espérances.
Après 1999, les militants du Pdci qui ont connu quelques moments de flottements, se sont regroupés autour de leur leader, pour lui éviter une deuxième humiliation, après celle qui a suivi le coup d’Etat, qui lui avait coûté le pouvoir d’Etat.
Si ces deux personnalités qui ont une histoire très courte avec la Côte d’Ivoire, ont bénéficié d’autant de solidarité sans calcul de la part des leurs, à forte raison, combien il impose aux militants du Fpi de rester unis sans calcul, à Laurent Gbagbo, qui continue d’incarner l’espérance de tout un continent.
Le président du Fpi, le Premier ministre Pascal Affi Nguessan, continue de mobiliser la Côte d’Ivoire autour du président Laurent Gbagbo, dont il fait du retour, la condition première de la tenue des états généraux de la République, qu’il a, avec une responsabilité consommée, conçus pour sauver la Côte d’Ivoire. Dans sa brillante conférence du 3 décembre dernier, il a rappelé le devoir de solidarité et de loyauté que chaque militant doit au président Laurent Gbagbo, fondateur du Fpi. Cette solidarité érige en priorité première, quasi-exclusive, le combat pour la libération et le retour du président Laurent Gbagbo.
Quelques jours avant lui, celui qui incarne la conscience du parti, le président Sangaré Abou Drahamane, avait rappelé la même exigence à la fois politique et morale, de la loyauté sans limite ni feinte que nous devons manifester au président Laurent Gbagbo. Ce sont les seules armes dont nous disposons pour contraindre l’ordre qui maintien notre héros en captivité, à le libérer.
Les deux premiers responsables de notre parti ayant indiqué le chemin, il ne nous reste plus, à nous autres militants, qu’à prendre les positions avancées, afin de mobiliser à notre suite, le peuple de Côte d’Ivoire, et d’Afrique, dans le combat pour la libération du président Laurent Gbagbo.
Pour ce faire, il nous faut concentrer notre énergie, et focaliser toute notre attention sur le seul but, la cause essentielle de notre douleur et de notre humiliation : l’emprisonnement illégal de notre héros. Vouloir régler un problème par ses conséquences tout en occultant la cause, n’est que poursuite de vent. Les Ivoiriens sont en prison et en exil parce que leur héros est en prison. Obtenons d’abord sa libération et les conséquences s’estomperont d’elles-mêmes.
Nelson Mandela a été la lumière africaine qui a illuminé toute la face de notre Humanité, grâce à la volonté du peuple Sud-africain, qui est allé chercher cette lumière dans les décombres de l’histoire de l’Afrique du Sud, là où, un ordre dépourvu de toute morale et méprisant, l’avait enfouie. De son vivant, il a passé le flambeau à Laurent Gbagbo qui le tient fermement. Il ne reste plus qu’au peuple ivoirien et africain d’assumer sa part d’héritage pour garder cette lumière africaine toujours allumée sur l’Humanité. Parce que c’est le devoir de l’Afrique de continuer de garder la morale dans un monde en profonde déconfiture. Le peuple de Côte d’Ivoire en a conscience. C’est pourquoi, il réclame toujours le retour du président Laurent Gbagbo, son héros. Toute autre offre qui lui est faite n’est que diversion. Et elle ne peut prospérer.
Une contribution du Ministre Justin Koné Katinan