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LE COMBATTANT
5 mai 2018

CÔTE D'IVOIRE/ HÉLAS ! LES PRISONNIERS POLITIQUES UNE RÉALITÉ SOUS LE DICTATEUR OUATTARA.

32012

 

Le mardi 01 mai 2018 dernier, Monsieur Ouattara Alassane recevant les différentes centrales syndicales des travailleurs au palais Présidentiel pour la cérémonie officielle de la fête du travail. Monsieur Ouattara comme à son habitude, fera une intervention de propagande  sur la question des prisonniers politiques qui croupissent dans les geôles et notamment sur bien autres problèmes qui minent le monde du travail. Le mentor du RDR, imposé à coup de bombe le 11 avril 2011, suite à sa défaite face au Président Laurent Gbagbo, dira en réponse au Président de la centrale syndicale Dignité, Elie Dago qu’en Côte d’ivoire il n’existe pas de prisonniers politiques.

     « Il n’y a pas de prisonniers politiques en Côte d’Ivoire. Les prisonniers politiques sont ceux concernant la crise poste électorale. La plus part des jugements sont faits ou sont en cours d’être faits. Depuis mon investiture, des personnes qui ont été arrêtées ont attaquées des commissariats de police, des camps de gendarmerie, ont assassinées des militaires, y compris des gens qui ont été tués dans la mission de l’ONU. Ces personnes sont en train d’être jugées. Une fois que ce jugement sera terminé, nous verront au niveau du gouvernement les dispositions à prendre, » a expliqué Ouattara

   Ces propos révèlent plusieurs contre vérités qu’à travers cet article nous allons battre en brèche les arguments du mentor du RDR qui tente à travers cette sortie  une séduction politique pour éviter les pressions des démocrates du monde entier sur les questions relatives aux  prisonniers politiques en Côte d’Ivoire.

    Dès l’arrestation du Président Laurent Gbagbo, le 11 avril 2011, plusieurs cadres du front populaire ivoirien furent arrêtés et jetés en prison sur l’étendue du territoire national pendant plusieurs années sans procès. Et les militants et sympathisants ayant des patronymes à consonance de l’ouest, (et autres partie  de la Côte d’ivoire sont systématiquement arrêtés et taxés de miliciens pro Gbagbo).  La supposée  nouvelle Cote d’ivoire de  Monsieur Ouattara, (le pseudo démocrate imposé par des bombes), aura en son sein,  une catégorisation d’ivoiriens, nous avons d’un côté les vainqueurs de la guerre, composé du bloc rebelle- RHDP et les  vaincus d’un autre côté, le Président Laurent Gbagbo et la LMP. Après sa victoire par les armes et aidé par des mercenaires, et les forces dites impartiales (ONUCI-LA LICORNE) Les partisans du Président Laurent Gbagbo, seront la cible du nouveau pouvoir, plusieurs personnalités politiques et surtout  les jeunes sont arrêtés et conduits en prison au simple motif, être des partisans de Gbagbo, ou avoir voté pour le Président Gbagbo lors de la présidentielle de 2010. Notons que plusieurs étudiants furent également tués pour avoir soutenu le Président Gbagbo. Le rapport de 2016 SUR LES DROITS DE L’HOMME – CÔTE D’IVOIRE RÉSUMÉ ANALYTIQUE.

    « Prisonniers et détenus politiques Amnesty International  a répertorié 226 prisonniers politiques arrêtés entre le début de 2011 et le mois de septembre. En fin d’année, tous étaient encore en prison, vingt d’entre eux souffraient de divers troubles et plus de la moitié étaient sous alimentés. Certains partis politiques et groupes locaux de défense des droits de l’homme ont affirmé que des membres du FPI, parti de l’ex-président Gbagbo, détenus sous des chefs d’accusations tels que crimes économiques, vols à main armée, pillages et détournements de fonds, étaient des prisonniers politiques, surtout quand ils étaient accusés d’actes commis durant la crise postélectorale de 2010-2011. » Le rapport d’Amnesty International, bat en brèche les propos du mentor du RDR, Monsieur Ouattara.

   Toujours sur la question de l’existence des Prisonniers politiques en Côte d’ivoire, nous avons répertorié les propos des personnalités du propre camp de Monsieur Ouattara demandant la libération des prisonniers politiques de la crise postélectorale. Le Premier est le députe Evariste Méambly.  

     Le président du groupe parlementaire « Agir pour le peuple », Méambly Tié Evariste Edouard, a été reçu, en audience, le mercredi 29 mars 2017, à l’Assemblée nationale au Plateau, par le chef du Cette rencontre entre dans le cadre des consultations que ce groupe parlementaire a entreprises depuis un moment. Au sortir des échanges qui ont duré une trentaine de minutes, Méambly Evariste, selon sa cellule de communication, a confié à la presse le contenu de l’entretien. « Nous avons expliqué au président Soro, la vision de notre groupe parlementaire. Nous lui avons dit que nous voulons (1) œuvrer à la réconciliation véritable des Ivoiriens, (2) travailler au renforcement de la démocratie dans le pays, (3) faire en sorte que la cohésion sociale soit une réalité, (4) faire la promotion des droits humains, (5) vulgariser les actions publiques, (6) promouvoir le dialogue et le Vivre-ensemble, (7) soumettre un projet de loi d’amnistie générale à l’Assemblée nationale pour tous les acteurs de la crise postélectorale, qui débouchera sur la libération de tous les prisonniers politiques, le retour des exilés politiques du Togo, du Benin, du Ghana etc, la libération de l’ex-président Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé », a expliqué Méambly Tié Evariste Edouard, le député indépendant de Facobly.

    Et après le député Méambly, nous avons le conseiller en communication de Monsieur Soro Guillaume, le chef rebelle du MPCI, et actuel Président de l’Assemblée Nationale sous le régime illégale et illégitime, de Ouattara. Dira à travers sa longue lettre, baptisée  les sept arguments forts de Soul to Soul. 

« J’affirme enfin que la libération immédiate et sans conditions de Koné Kamaraté Souleymane, tout comme celle de l’ensemble des prisonniers de la dernière crise postélectorale ivoirienne de 2010-2011, constituent la clé de voûte de la future émergence de la Côte d’Ivoire de l’espérance.

   Par conséquent, je publie le Présent Appel à la libération de Soul to Soul et de l’ensemble des prisonniers politiques de la dernière crise postélectorale ivoirienne, afin que dans l’Histoire, nul n’ignore que jamais je n’ai pris le parti des Puissants contre les plus Vulnérables. », a déclaré Franklin Nyamsi. Et la dernière intervention sur cette question sera le Maire de la commune du Plateau, Monsieur Akossi Bendjo, le samedi 21 avril 2018, à Abobodoumé son village natal (Abidjan), réunissant les communautés Atchan, où il dira ceci 

    « Je voudrais nourrir l’espoir, que cette réconciliation aboutisse au retour d’exil, et à la sortie de prison de tous nos frères afin d’apprendre à nouveau à vivre ensemble de partage et de solidarité. Le désespoir n’est pas Ivoirien, dans le dialogue, nous parviendrons à nous surpasser pour nous entendre car, comme disait le père de la nation, « Le dialogue est l’arme des forts ». a-t-il déclaré le maire. Après ces propos tenus par les personnalités du pouvoir Ouattara, nous avons bien voulue comprendre la sortie maladroite de Monsieur Ouattara, selon nos sources, depuis plusieurs années Monsieur Ouattara Alassane est confronter à l’épineuse question des prisonniers politiques et les pressions des chefs d’Etat, des organismes de droit de l’Homme et surtout des démocrates demandant simplement la libération des prisonniers politiques, face à la pression Monsieur Ouattara Alassane mène une communication d’intoxication et de propagande afin d’éviter les pressions  internationales sur la libération des détenus politiques de la crise post électorale 2010-2011 en côte d’ivoire. Nous vous proposons le dernier rapport du parti de Gbagbo sur les prisonniers politiques en Côte d’ivoire.

Côte d’Ivoire: rapport sur les prisonniers politiques (FPI)

LE REGIME DU « RATTRAPAGE » EN CÔTE D’IVOIRE ET LA  BANALISATION DE LA PRISON POLITIQUE MOUROIR

SOMMAIRE

 

Introduction

3

1.

Nombre de prisonniers reconnus

3

2.

Conditions de vie et environnement des prisonniers

4

3.

Nombre de cas de décès

6

4.

Nombre de cas de maladie

7

5.

Les pathologies constatées

7

6.

Nombre de prisonniers jugés et non-jugés

8

7.

Cas de tortures

9

8.

Répartition selon la qualité de militaire ou de civil

12

9.

Tableau général

13

 

Conclusion

14

Introduction

La guerre post-électorale vécue péniblement par les Ivoiriens en 2011 a profondément affecté le Front Populaire Ivoirien (FPI). Après l’arrestation et la déportation du Président Laurent Gbagbo en Europe, le nouveau régime dit du rattrapage a fait subir aux militants et sympathisants survivants du Parti ainsi qu’à tous ceux qui se réclamaient du FPI de graves injustices : brimades, tortures, arrestations, gels des avoirs, confiscations de biens (meubles et immeubles), exils et emprisonnements.

Après le Congrès de Mama tenu le 30 avril 2015 et l’élection d’un nouveau Président du Parti en la personne de S.E. Laurent Gbagbo, le Secrétariat National chargé de l’Administration  Pénitentiaire et des Prisonniers Politiques a continué à produire des documents publics destinés à éclairer l’opinion nationale et internationale sur la situation des prisonniers politiques en Côte d’Ivoire.

Le présent rapport est le deuxième de l’année 2017. Il vient après le premier daté de janvier 2017 et les trois « lettres aux Ivoiriens » publiées en cours d’année.

  1. Nombre de prisonniers reconnus :

Au moment de la rédaction de ce document (1ier décembre 2017), le nombre de prisonniers politiques reconnus (c’est-à-dire bénéficiant d’un mandat de dépôt et régulièrement enfermés dans une maison d’arrêt officielle) est de 197 individus.

On notera une lente décroissance du nombre de détenus politiques en Côte d’Ivoire depuis 2015, puisque l’on est passé de 381 détenus en septembre 2015 à 197 au 1ier décembre 2017 ; soit une baisse de 51,71% de ce nombre.

  1. Conditions de vie et environnement des prisonniers :
  • Le droit à la sécurité

La prison est en soi un lieu de privation et de limitation des libertés. Les prisonniers n’en demeurent pas moins détenteurs de droits. L’autorité administrative pénitentiaire doit œuvrer contre les mauvais traitements, les agressions et les tortures que pourraient subir les détenus. Or, force est de constater que tel n’est pas toujours le cas en Côte d’Ivoire. Notamment en ce qui concerne les détenus politiques.

On peut rappeler le cas de Simon Pierre EHIVET, ex-détenu et frère cadet de la première dame Simone Gbagbo. Le 12 janvier 2015 à la MACA, se trouvant encore dans les liens de la détention, il avait été violemment pris à partie par le célèbre détenu aujourd’hui décédé ’’Yacou le Chinois’’[1], ce dernier lui reprochant de ne l’avoir pas salué avec respect (en se levant). Souffrant de nombreuses contusions, Monsieur EHIVET Simon-Pierre avait heureusement été ensuite conduit par ses condisciples à l’Infirmerie de la MACA. Monsieur Simon-Pierre Ehivet est par ailleurs mal voyant et souffre d’une pathologie chronique et handicapante.

  • Le droit à la santé

Le droit à la santé est encore très mal appliqué dans les prisons ivoiriennes.

Faute de disposer d’un nombre suffisant de médecins et de spécialistes intervenant directement en milieu carcéral (médecin généraliste, ophtalmologue, dentiste, psychologue, psychiatre, rhumatologue etc.), les prisons ivoiriennes contraignent de nombreux détenus à survivre de longues années durant avec leur mal, sans véritables soins. L’infirmerie de la prison en général, si elle existe, contient peu de médicaments disponibles, et gratuits. Or plus que les autres, les détenus politiques éprouvent toutes les difficultés à avoir accès aux soins lorsque cela s’avère nécessaire, notamment s’il est impérieux que soit appelé un médecin de l’hôpital général de la commune, ou que soit organisé leur transfèrement en un établissement sanitaire extérieur à la prison. Ces difficultés sont telles que parfois le prisonnier décède.

On peut exciper du cas suivant : Monsieur Kouya Gnepa Eric, détenu d’opinion et militant de l’UNG (Union des Nouvelles Générations), est décédé le 04 décembre 2015 à 7H 30 environ à la MACA (Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan) faute de soins appropriés des suites de tortures. Il souffrait de divers troubles liés directement à ses conditions d’arrestation et de détention: fièvre, infection, malnutrition, troubles cardiaques et neurologiques, ulcère gastrique.

On peut également revenir sur le cas de Monsieur le Ministre Danon Djedje. A l’article de la mort suite à une crise cardiaque, le Ministre Danon Djedje, détenu alors à la prison de Toumodi, à dû la vie à son transfèrement rapide à l’Institut de Cardiologie d’Abidjan. Suite à cette évacuation sanitaire, les trois agents d’encadrement pénitentiaire en poste cette nuit-là ont été sanctionnés par leur hiérarchie pour ‘’faute lourde’’, inculpés, et mis aux arrêts à la MACA sous le Mandat de dépôt n° 16.10.2015. Il s’agit des fonctionnaires KOMBO Kouassi PierreOUATTARA Ali et MONPOTCHAIN Aristide.

  • Le droit à la cantine

La cantine est un droit pour tous les prisonniers qui doivent se nourrir correctement, aux frais de l’Etat, durant leur séjour en maison d’arrêt. Cependant, l’Etat ivoirien ne dispose pas, semble-t-il, des ressources suffisantes pour garantir pleinement ce droit. Or il existe un lien évident entre malnutrition et santé physique. La prison devient donc, peu à peu, non un endroit œuvrant  à la réhabilitation, mais plutôt un ‘’mouroir’’.

Les nombreux cas de Béribéri enregistrés chez les détenus et les ex-prisonniers politiques sont directement provoqués par la famine et le manque de nourriture équilibrée.

Les grèves entamées par les prisonniers politiques en 2014, sur l’ensemble du territoire, grèves liées à l’insuffisance de nourriture équilibrée ainsi qu’aux soins médicaux appropriés, n’ont pas entraîné d’amélioration de cette situation.

  1. Nombre de cas de décès :

A ce jour, soit six années après l’ascension au pouvoir du régime du rattrapage,  l’on enregistre sept (7) cas de décès en prison et six (6) en dehors. On obtient donc un total de 13 prisonniers politiques décédés, soit en moyenne deux (2) par an.

La mauvaise alimentation, l’absence de prise en charge sanitaire des prisonniers politiques par les Autorités ivoiriennes, alourdies par les difficultés administratives liées au transfèrement à l’hôpital en cas de non-solvabilité des membres de la famille du détenu, expliquent ces décès.

En dehors d’un cas de blessure mortelle par balles, tous les prisonniers politiques ont connu le trépas suite à des pathologies aigues et chroniques contractées ou aggravées du fait de l’emprisonnement.

C’est parfois à l’article de la mort que certains sont libérés. La mort peut alors survenir entre deux semaines et quatre mois après la libération.

Les tableaux qui suivent présentent la liste des treize (13) prisonniers défunts, selon qu’ils étaient en prison (Tableau 1) ou en dehors (Tableau 2).

  • Liste des sept (7) prisonniers politiques décédés en prison :

Tableau 1 : Prisonniers politiques décédés en prison

IDENTITE

DATE MD

DATE DECES

CAUSE CONNUE DU DECES

1

Monsieur Koffi N’Dri Boniface

2011

23. 07. 13

Blessures par balles après une mutinerie

2

Monsieur Pekoula Joel

22. 05. 13

10. 10. 13

Dysenterie

3

Monsieur Assemian Martin

15. 10. 12

14. 11. 14

Infection membres inférieurs

4

Monsieur Kouya Gnepa Eric

14. 04. 15

04. 12. 15

Maladie

5

Monsieur Djekouri Aimé

09. 10. 11

17. 06. 16

Hypertension (HTA)

6

Monsieur Kouatchi Assié Jean

26. 03. 12

20. 05. 17

Maladie

7

MonsieuTode Bonfils

08. 05. 12

29. 06. 17

Maladie

Source : Données d’enquête

  • Liste des six (6) prisonniers politiques décédés peu après leur sortie de prison :

Tableau 2 : Prisonniers politiques décédés hors de la prison

IDENTITE

DATE MD

DATE DECES

DATE DE LIBERATION

CAUSE CONNUE DU DECES

1

Monsieur Sery Joseph

22. 08. 11

11. 06.17

Avril 2017

Maladie

2

Monsieur Dodo Eliazar Sery Zoko

11. 01. 12

31. 03.16

20. 03 15

Maladie

3

Monsieur Kaphet Gnako Aimé

04.09.12

02.10.16

24.12.15

Maladie

4

Monsieur Djiho Jean

08. 01. 14

Jun 2016

18.05.16

Maladie

3

Monsieur N’Guessan N’Guessan Victorien

01. 03. 13

26.12.15

26. 04.16

Insuffisance rénale

6

Monsieur Mahan Gahe Basile

2011

Sept. 2013

05.08.2013

Maladie

Source : Données d’enquête

  1. Nombre de cas de maladie :

Nous dénombrons à ce jour quarante-quatre (44) cas de personnes atteintes de pathologies diverses. Ce nombre n’est pas exhaustif. La nécessaire prise en compte du secret médical ne permet pas d’indiquer ici leur liste nominative

  1. Les pathologies constatées :

Les maladies graves diagnostiquées dont souffrent à ce jour les prisonniers politiques et dont la prise en charge relève en principe de l’Etat sont les suivantes :

Tableau 3 : Pathologies graves

NUMERO

TYPE DE PATHOLOGIE

1

Hypertension artérielle

2

Problèmes oculaires

3

Asthme

4

Rhumatisme

5

Cicatrisation chéloïdienne

6

Hernie

7

Diabète

8

Goute

9

Colopathie

10

Douleur post trauma thorax

11

Traumatisme du crâne et des côtes

12

Tuméfaction de l’orteil

 

A celles-là il faut ajouter d’autres troubles tels que

  • La rétinopathie diabétique,
  • l’adénome hypophysaire,
  • la sinusite,
  • l’hydrocèle,
  • le lipome sous-scapulaire ,
  • l’hernie inguino-scrotale
  • et la gastrite.
  1. Nombre de prisonniers jugés et non jugés:

Le nombre de prisonniers détenus jugés et condamnés sur les 197 actuellement en détention est exactement de 88 personnes.

Ce chiffre équivaut à 45 % de l’effectif.

Le nombre de prisonniers détenus non jugés (prévenus) sur les 197 actuellement en détention est exactement de 109 personnes.

Ce chiffre correspond à 55 % de l’effectif.

Il y a donc une surreprésentation des prisonniers non jugés parmi les prisonniers politiques.

Le tableau qui suit résume cette répartition qui exprime d’une part la surreprésentation des inculpés parmi les détenus politiques et de l’autre et subséquemment, le non-respect par l’Etat ivoirien, maintes fois dénoncé, de la prescription pourtant mentionnée dans la législation interne, d’un délai raisonnable pour le jugement.

Tableau 3 : Répartition des prisonniers politiques par statut judiciaire

STATUT JUDICIAIRE

EFFECTIF

POURCENTAGE

Condamnés

88

45 %

Inculpés

109

55 %

TOTAL

197

100 %

Source : Données d’enquête

  1. Cas de torture:

Les cas de torture sont peu documentés. Dans les Rapports précédents traitant des prisonniers politiques, certains cas de torture physique ont cependant pu être recensés auprès des intéressés ou de membres de leur entourage immédiat. Il ressort des témoignages recueillis les points spécifiques suivants :

  • Auteur : Agents de la DST et/ou de camps militaires
  • Moment : Période de l’arrestation et de la détention / interrogation
  • Cible : Civils et militaires
  • Lieu : En dehors de la maison de détention.
  • Suite judiciaire : Les auteurs présumés n’auraient jamais fait l’objet de poursuite judiciaire.

Le fait d’arrêter une personne avec une violence disproportionnée allant jusqu’à tirer à la kalachnikov dans son domicile ou à violenter les femmes présentes, de suspendre un prisonnier par les mains et les pieds et de lui administrer des coups de bâton sur les membres inférieurs, de le battre avec des bois ou des lanières, de le mutiler, de le brûler…  pour lui arracher des aveux constituent des actes de torture physique.

Trois exemples de témoignage peuvent illustrer ces pratiques supposées.

Témoignage numéro 1 :

« DAMOUE ASSANE ne parlait que des tortures qu’il avait subies lors de son arrestation… En 2015 il a commencé à faire de la démence. Finalement on l’a envoyé à Bingerville [Hôpital Psychiatrique de Bingerville]. Non seulement il ne sait pas bien parler mais il est franchement devenu un peu bizarre ».

Témoignage en septembre 2016 d’un codétenu de DAMOUE ASSANE interné à l’hôpital psychiatrique de Bingerville.

Témoignage numéro 2 :

« Ils sont arrivés chez nous, et ont demandé après ma femme, vendeuse au marché. Je leur ai demandé qui ils étaient ; Ils m’ont dit qu’ils sont les renseignements généraux. Je leur ai dit de me présenter un papier pour le prouver et dire où ils l’emmènent. Leur chef a dit qu’ils n’ont pas que ça à faire. Il m’a giflé, m’a battu quand je suis tombé. Puis ils s’en sont pris à ma belle sœur qui était là. La pauvre, elle ne fait que pleurer depuis…Ils ont tiré dans le plafond, ont pris ma femme qui sortait de la chambre l’ont copieusement battue en disant qu’il y a longtemps qu’ils l’a cherchaient et l’on trainée dehors comme un sac. Elle était presque nue quand ils l’ont emportée. »

Témoignage de Monsieur Gabriel MEHO, époux de Mme Antoinette MEHO, enlevée le 10/08/16 vers 16 heures par la DST.

Témoignage numéro 3 :

« Les jeunes dansaient au village. Il était allé se soulager dans la brousse. Ils l’ont arrêté sous prétexte que c’est un couvre-feu. … Un couvre-feu qu’eux-mêmes ont décrété sans avertir personne et sans instruction du Préfet ? Les FRCI l’ont torturé dans leur camp et lui ont coupé trois orteils. Mais il a été mis à la MACA après êtrepassé à la DST pour ‘’attentat à la sureté de l’Etat’’. Il pleurait, il pleurait, il était malade, son pied s’est infecté mais personne n’a pu le soigner vraiment…. Et il est mort à la MACA le 05 au matin. Ils ont refusé de nous donner le corps, parce que c’est politique. Or leur morgue ne fonctionne pas bien. …Quand son corps était décomposé, ils nous ont dit on va l’enterrer rapidement derrière et puis c’est bon. Voilà comment un enfant innocent a été enterré comme un chien et que le village fait des funérailles sans corps. »

Témoignage d’un oncle de Monsieur KOUYA Gnepa Eric, décédé le 04 décembre 2015 à la MACA.

Il importe toutefois de mentionner que cette présentation est corrélée à une définition stricte de la torture, laquelle en droit international coutumier implique un ensemble d’actions infligées ‘’intentionnellement’’ et entrainant chez la victime ‘’une douleur ou souffrance aiguës, physique ou mentale’’.

Si on s’attachait à la définition plus large émanant de la Convention interaméricaine pour la prévention et la répression de la torture, on inclurait alors dans le champ de la torture tous les cas d’applications aux pro-Gbagbo de ‘’méthodes visant à annuler la personnalité de la victime ou à diminuer sa capacité physique ou mentale, même si ces méthodes et procédés ne causent aucune douleur physique ou angoisse psychique’’. Et dans ce cas, les procès iniques et les conditions même d’incarcération pourraient être assimilés à de la torture puisqu’ils aboutissent, à terme, à la diminution des capacités mentales et physique des prisonniers politiques, à l’apparition de pathologies, à l’aggravation de pathologies préexistantes, à la chronicisation de certaines et parfois au décès du patient.

Il s’agit notamment :

  • Du surpeuplement voulu et organisé : Prison de Korhogo ;
  • Du confinement continu et du manque d’exercice : Prison de Korhogo ;
  • Des insuffisances graves et préoccupantes en matière d’hygiène, de soins, de cantine et de sécurité ;
  • Du refus par les autorités que le détenu reçoive certaines visites de membres de sa famille ;
  • De la détention préventive prolongée au-delà de tout délai raisonnable : Cas valable pour plus de la moitié des prisonniers politiques ;
  • Du bocage des comptes de détenus plongeant alors leur famille dans le dénuement le plus total afin de les amener à ‘’faire allégeance’’ et à ‘’collaborer’’ ; Cas de l’essentiel des prisonniers politiques ;
  • De l’organisation de procès iniques permettant à la ‘’justice des vainqueurs’’ d’assouvir des vengeances personnelles, de traumatiser et de démoraliser les populations et de servir d’outil à la propagande politique et tribale du régime.
  1. Répartition des prisonniers politiques selon la qualité de civil ou de militaire :

A ce jour, les prisonniers politiques ivoiriens en Côte d’Ivoire (et au Libéria) se répartissent de la manière suivante : 49  militaires, marins, policiers et pompiers (soit 25 %  de l’effectif) et 148  civils (soit 75  % de l’effectif).

Le tableau qui suit présente cette répartition.

Tableau 4 : Répartition des prisonniers politiques selon leur qualité de civil et de militaire

Qualité de civil ou de militaire

EFFECTIF

POURCENTAGE

Militaires

49

25 %

Civils

148

75 %

TOTAL

198

100 %

Source : Données d’enquête

  1. Tableau général

Tableau 5 : Répartition des prisonniers politiques en fonction des lieux de détention : novembre 2017

 

LIEUX DE DETENTION

CIVIL

MILITAIRE

TOTAL

1

MACA

128

36

164

2

CAMP PENAL DE BOUAKE

3

0

3

3

ABENGOUROU

0

2

2

4

LIBERIA

7

0

7

5

DIMBOKRO

3

0

3

6

KATIOLA

1

0

1

7

MAMA

0

4

4

8

MAN

1

2

3

9

BOUNDIALI

2

1

3

10

BOUNA

1

0

1

11

ECOLE DE GENDARMERIE

1

2

3

12

TOUMODI

1

1

2

13

HOPITAL PSYCHIATRIQUE DE BINGERVILLE

0

1

1

 

TOTAL

148

49

197

Conclusion

La situation d’emprisonnement que vivent les détenus d’opinion est inacceptable du point de vue des droits humains et appelle plus largement à une solution durable et définitive dans le sens de l’apaisement et de la réconciliation en Côte d’Ivoire. Surtout, elle montre la nécessité qu’il y a à améliorer la gouvernance en Côte d’Ivoire afin d’en garantir pleinement  la prospérité et la stabilité.

Il est vrai que le régime ivoirien, dit du rattrapage, est porteur d’une idéologie réactionnaire et conservatrice fondée sur la terreur. Des prisonniers comme Assoa Adou, Simone Gbagbo, Lida Kouassi Moïse et Samba David illustrent jusqu’à quelle extrêmité peut aller ce dernier. Les décès survenus dans ses prisons-mouroirs et en dehors de la détention lui sont imputables.

Il nous appartient cependant d’œuvrer sans relâche à leur libération. Et de mener le combat destiné à offrir aux Ivoiriens d’une part, aux Africains de l’autre, un type de République fondé sur un système politique démocratique permettant l’épanouissement de citoyens libres.

Entendu que les condamnations politiques doivent être levées par des décisions politiques contraires et que les délais de détention préventive sont inutilement longs, nous prescrivons une loi d’amnistie générale afin de pouvoir encore sauver ce qui reste de cohésion sociale en Côte d’Ivoire. Car faut-il le répéter, les prisonniers politiques et leurs familles politiques et biologiques sont disposés ensemble, à tendre la main au régime du rattrapage en Côte d’Ivoire dans le but de construire pour tous un pays de fraternité, de justice et de concorde.

POUR LE FPI

Le SECRETARIAT NATIONAL CHARGE DE L’ADMINISTRATION PENITENTIAIRE ET DES PRISONNIERS POLITIQUES

01/12/2017

 

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