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LE COMBATTANT
6 août 2017

j’ai combattu 30 ans. Jamais on ne m’a retrouvé dans un camp d’entraînement. Jamais on ne m’a trouvé des armes à la main.

Ivoiriennes, 
Ivoiriens,

Chers compatriotes, je m’adresse ici à vous tous qui nous faites l’amitié d’habiter notre pays.

Depuis les 18 et 19 septembre 2002, une armée sans visage nous a imposé une guerre injuste. Nous faisons front. Les régions de Bouaké et de Korhogo ont été occupées. La ville d’Abidjan a été investie. Les camps de gendarmerie d ‘Agban, l’Ecole de gendarmerie, le Commandement supérieur de la gendarmerie ont été attaqués . 
La BAE, (brigade anti-émeute) a été attaquée. Le domicile des ministres de l’Intérieur, de la Défense et du commandant supérieur de la gendarmerie ont été attaqués et le ministre de l‘Intérieur Boga Doudou a été froidement exécuté. 
A partir de là, s’est ouvert en Côte d’Ivoire, un moment de belligérance. 
Le même jour, et à la même nuit, nos forces armées ont libéré la ville d’Abidjan. Hier (NDRL- lundi), 7 octobre 2002 , nos troupes sont entrées dans la ville de Bouaké. Bien entendu, cette ville n’est pas totalement sous contrôle encore. Quelques quartiers abritent encore des ennemis que nous n’avons pas réussi à déloger. 
Je voudrais dans ces moments difficiles pour la Côte d’Ivoire rendre un hommage appuyé à nos forces armées nationales, à nos forces de gendarmerie, à nos forces de police. 
Malgré la situation injuste qui leur a été faite, malgré les attaques injustes, elles ont libéré la plus grande agglomération de Côte d’ivoire, Abidjan. Elles sont en train de libérer la deuxième grande ville de Côte d’ivoire, Bouaké. Honneur aux forces armées de Côte d’Ivoire. Honneur à la population ivoirienne. Honneur aux jeunes. Honneur aux femmes. 
Je voudrais ici, saluer la mémoire de tous ceux qui sont morts dans ce combat injuste. Des hommes politiques, des soldats, des officiers ont trouvé la mort dans cette guerre absurde. Mais je voudrais saluer aussi la douleur et la peine de ceux qui sont blessés. Et qui, aujourd’hui même, luttent contre la mort. Je voudrais saluer la détresse de leurs familles et les assurer de mon soutien. 
A tous nos compatriotes et tous ceux qui, de toutes les nationalités, habitent les régions de Bouaké et de Korhogo, je voudrais leur adresser les saluts de toute la Nation de Côte d’Ivoire, et les pensées de toute la nation de Côte d’Ivoire. 
Par la force des choses, vous êtes aujourd’hui, pour nous, la nouvelle Jérusalem. Vous êtes s aujourd’hui, pour nous, celle qui pleure et qui croit qu’elle est oubliée par les siens. 
Rappelez-vous, une mère n’oublie jamais l’enfant qu’elle a mise au monde. Une mère n’oublie jamais celui à qui elle a donné le jour. Et Dieu nous dit, à plus forte raison, “ moi, croyez-vous que je vous oublierai ? ” Dieu ne vous oublie pas. La Côte d’Ivoire aussi ne vous oublie pas. La nation ne vous oublie pas. Le peuple de Côte d’Ivoire ne vous oublie pas. J’ai dû stopper un convoi de cinquante cars de jeunes qui voulaient entrer dans Bouaké pour mourir avec vous. Je dis non. Votre combat n’est pas un combat pour la mort. C’est un combat pour la vie. Les jeunes, on ne leur demande pas de mourir. On leur demande de vivre. Prenez courage. 
Nous mettons tout en œuvre au niveau de la diplomatie, au niveau de la politique et au niveau militaire, si nous y sommes contraints. Mais vous serez libres et vous rejoindrez votre place dans le concert de notre nation. Un problème est aujourd’hui à l’ordre du jour. Dans ce conflit, dans cette guerre sale. C’est la médiation de la CEDEAO. Oui, je suis pour le dialogue. Comment pouvons-nous douter que celui qui dès 1987 a lancé un appel à la voie politique pour la démocratie peut être contre la démocratie ? Comment peut-on douter que celui qui, en 1990, a choisi de façon délibérée, d’aller aux élections pour montrer la voie, comment peut-on douter que celui-là tourne le dos au débat, à la discussion ? Comment peut-on douter que celui qui a lancé la formule “ asseyons-nous et discutons ”, comment peut-on douter que celui-là tourne le dos à la voie de la discussion ? Comment peut-on douter enfin que celui qui a organisé, sans que rien ne l’y contraigne, le Forum de la réconciliation, qui a duré trois mois et qui a donné la parole à tous ceux qui voulaient la prendre, comment peut-on douter que celui-là refuse d’emprunter le chemin de la discussion ? 


Je suis pour la discussion. Je ne suis pas pour la guerre. Cette guerre, nous la faisons parce qu’on nous l’impose. 
Je suis pour la paix, par des débats, par la discussion. Quand le Président Abdoulaye Wade, président en exercice de la CEDEAO, nous a fait la proposition de la tenue d’un sommet extraordinaire sur la Côte d’Ivoire, j’ai immédiatement accepté. J’ai seulement souhaité que cette réunion se tienne à Accra, à 40 minutes de vol d’Abidjan au lieu de se tenir à Dakar, à trois heures de vol d’Abidjan, pour des raisons évidentes. Dans la période de combat, moins je suis absent de la Côte d’Ivoire, mieux ça vaut. Plus je suis présent en Côte d’Ivoire, au milieu du peuple, au milieu des soldats, mieux cela vaut. Donc j’ai négocié avec le Président Wade pour que la réunion se tienne à Accra, et non pas à Dakar. Il a accepté.

Le Président Kufuor a accepté et tous les autres chefs d’Etat l’ont accepté.Je me réjouis de la tenue du sommet d’Accra. Et cela pour plusieurs raisons. Sur quinze chefs d’État au niveau de la CEDEAO, onze étaient présents. Ce qui montre l’intérêt que les Etats de la sous-région portent à la paix et à la stabilité de la Côte d’Ivoire. A Accra, nous avons reçu un soutien unanime de la part des Chefs d’Etat de la CEDEAO. Tous les Etats de la CEDEAO ont soutenu la Côte d’Ivoire dans son combat juste et ont reconnu que le gouvernement de Côte d’Ivoire était le seul gouvernement légal, légitime et constitutionnel. Et que par conséquent, il fallait tout mettre en oeuvre pour le soutenir. Le sommet d’Accra a été aussi, l’occasion pour les chefs d’Etat de condamner de façon unanime et massive l’agression dont notre pays était l’objet et de condamner les agresseurs pour lesquels ils n’ont pas eu de mots assez durs. Donc, j’ai bien des raisons d’être satisfait de la tenue du sommet d’Accra.

Ce sommet a adopté vingt résolutions rassemblées dans un communiqué final . Ce communiqué final, en ses résolutions 8 et 9, indique clairement que la CEDEAO doit prendre contact avec les assaillants et leur demander de déposer les armes. Une fois que les armes sont déposées, alors la CEDEAO invite le gouvernement de Côte d’Ivoire à engager la discussion avec les assaillants déjà désarmés. C’est ce que nous avons décidé à Accra. C’est ce que le gouvernement de Côte d’Ivoire a accepté. C’est ce que votre Président a accepté. Je pense que la première mission de la CEDEAO, qui a été effectuée à Abidjan, s’est quelque peu écartée de cette vision de la CEDEAO. C’est pourquoi, il y eu quelques malentendus. Mais nous restons persuadés qu’il nous faut discuter. C’est pourquoi aussitôt après le départ de la mission, j’ai appelé tous mes pairs de la CEDEAO ainsi que le Secrétaire général de l’ONU qui, d’ailleurs nous a délégué un porte-parole qui est encore avec nous ici.

Je ne peux entrer en négociations avec des assaillants sans qu’ils n’aient déposé les armes. Telle me paraît la discussion sur le cessez- le- feu. Entrer en négociation avec des assaillants pour leur demander de déposer les armes, c’est déjà les reconnaître, les légitimer. C’est aussi légitimer l’occupation des villes de Côte d’Ivoire. Je ne peux pas accepter cela. Par contre, et ce qu’avait perçu le sommet d’Accra ; c’était que pour contourner cette difficulté, il fallait que la CEDEAO elle-même par l’intermédiaire de son groupe de contact discute, obtienne d’eux de déposer les armes. A partir de là, tout était possible. A partir de là tout est possible. Avant que je ne vous parle, mes chers compatriotes, je venais encore de parler avec le Secrétaire général des Nations unies, je venais encore de parler avec le Président Abdoulaye Wade. Le Président Abdoulaye Wade a compris la position de la Côte d’Ivoire. Si la Côte d’Ivoire faiblit, et donne une légitimité quelconque aux assaillants ce sera la fin de tous les pouvoirs africains.

Il suffira alors que n’importe quelle bande se dote de quelques armes, et elle fera plier, par chantage, n’importe quel gouvernement en Afrique. Souvenez-vous, nos Etats sont fragiles. Nous n’avons pas le droit de les fragiliser encore plus. Souvenez-vous, nous avons des Etats. Nous n’avons pas encore des nations totalement construites. Nous n’avons pas le droit de donner à toutes les bandes les occasions de se signaler et les occasions de se légitimer sur le dos de la loi ; sur le dos de la constitution. Ce que nous vivons aujourd’hui est un cas d’espèce au niveau de l’histoire et au niveau du droit. Nous devons tenir. Pour que toute l’Afrique ait une jurisprudence à partir de là. Donc je viens de discuter aussi bien avec le Secrétaire général de l’ONU qu’avec le Président Wade. Le Président Wade m’a fait l’esquisse d’une nouvelle proposition que j’ai acceptée.

Nous sommes donc prêts à discuter avec les assaillants mais après qu’ils aient été désarmés. Aujourd’hui, accepter de s’asseoir à la même table que des assaillants armés, marchant sur mon pays, je ne peux le faire. J’espère que tous les amis de la Côte d’Ivoire comprennent ce point de vue. Et j’espère que tous les amis de la légalité et de la légitimité comprennent ce point de vue. J’ai été élu pour refaire le tissu national. Pour mettre le droit en exergue en Côte d’Ivoire. Nous avons déjà trop souffert. Il nous faut mettre fin aux violences mais surtout, il nous faut trouver la loi à laquelle tout le monde doit se raccrocher. J’ai été compris. De nouvelles propositions arrivent. Je les montrerai à tous ceux qui, en Côte d’Ivoire, décident. Et nous répondrons rapidement au Président Wade pour qu’une nouvelle mission de la CEDEAO arrive en Côte d’Ivoire.

Mais à vous les assaillants, si comme on me l’a dit, vous êtes réellement disposés à discuter, déposez les armes. Il n’y a rien d’impossible à quiconque veut passer. C’est parce que nous sommes convaincus que la parole libère l’homme et qu’elle guérit que nous avons organisé le forum de la réconciliation en lançant à l’ouverture “ dites seulement une parole et la Côte d’Ivoire sera guérie ”. Si la patrie vous préoccupe et que vous avez des problèmes à poser, déposez les armes. Je vous en conjure au nom de la nation ivoirienne, au nom de l’Etat, déposez les armes. Et alors, vous verrez qu’il n’y a rien d’interdit. Nous discuterons. Où  que vous soyez, qui que vous soyez, quelle que soit la faute que vous avez commise, déposez les armes. Et vous trouverez en face de vous des interlocuteurs prêts à parler. Mais tant que vous avez des armes à la main et que vous voulez marcher contre nous, nous avons le devoir de nous défendre. Vous nous obligez à nous défendre. Déposez les armes et vous verrez que la discussion va commencer aussitôt. Tel est le message que je veux vous transmettre au nom du peuple de Côte d’Ivoire. 

Le mandat que j’ai reçu du peuple est clair. Je ne m’assois pas avec les gens qui sont armés pour détester la Côte d’Ivoire. Pour l’opinion internationale qui est tenue informée d’un certain nombre de faits, je voudrais aussi vous appeler à l’apaisement. Et vous appeler à comprendre ce qui se passe en Côte d’Ivoire et à nous aider au lieu de nous juger. Un ami, on l’aide. On ne le juge pas. Que tous ceux qui sont nos amis, nous aident par leur comportement au lieu de nous juger. Ou de faire contre nous des procès. Quels sont les problèmes souvent évoqués ? D’abord le problème des bidonvilles. On a vu dans la destruction d’un certain nombre de bidonvilles, le signe nouveau de la xénophobie des Ivoiriens. Je voudrais vous dire que les armes qui ont servi pour attaquer, les 18 et 19 septembre, sont entrées en Côte d’Ivoire depuis longtemps, d’après ce que les enquêtes nous révèlent. Ce ne sont que celles qui ont servi à attaquer le camp de la gendarmerie d’Agban, qui étaient précisément cachées, camouflées dans les bidonvilles autour de Cocody et d’Adjamé-Williamsville. C’est pourquoi, dès la découverte de cette vérité, il a été procédé à la destruction de ces bidonvilles. Mais puisque l’opinion s’émeut, j’arrête la destruction des bidonvilles en général. 


Mais j’ordonne qu’on continue de sécuriser les périmètres de tous nos camps militaires. Akouédo, l’Ecole de police, l’Ecole de gendarmerie, Agban, le camp Gallieni, la B.A.E, le camp Commando de Koumassi etc., il faut qu’immédiatement, on les sécurise, en balayant tout autour dans un périmètre de sécurité que les soldats eux-mêmes auront définis. Pour le reste, j’ai demandé au Premier ministre d’entreprendre rapidement des études pour que nous fassions un effort financier afin de prévoir le reclassement de tous ceux qui ont été déguerpis comme cela a déjà été fait sur l’ancien site de Washington. 
Nous allons, à partir de l’année prochaine, faire un plan d’éradication des bidonvilles et un plan de reclassement de ceux qui les habitent. Ne croyez pas que les gouvernements ivoiriens, hommes de gauche, combattants, ceux-là qui veulent créer l’Assurance maladie universelle pour aider chacun à s’en sortir, ceux qui ont fait voter la loi sur les départements pour aider chaque département à s’en sortir, vont laisser à leur sort, les plus démunis. Il ne s’agit pas là d’un problème d’étrangers. Il s’agit d’un problème de sécurité.

 
Ensuite, les Français. J’entends partout qu’un sentiment anti-Français se développe en Côte d’Ivoire. Et j’entends aussi quelques déclarations anti-Français. Je voudrais dire aux Français de se rassurer. 
Et que dans la situation que nous vivons, le gouvernement ivoirien n’a pas l’intention de prendre une décision contre un intérêt français. Nous sommes ouverts à la discussion. Et nous privilégions toujours depuis que nous sommes là, la discussion à toute autre forme de règlement des contradictions. 
Je voudrais à ce niveau-là, dire à notre peuple de laisser les Français tranquilles. Ce ne sont pas eux qui sont à l’origine de nos problèmes. Parmi les assaillants, il y a des Ivoiriens. Il faut nous interroger pourquoi des Ivoiriens qui ont quitté la Côte d’Ivoire depuis même avant mon arrivée au pouvoir, s’associent à des ressortissants d’autres Etats, pourquoi ils s’arment pour venir porter le glaive dans le sein de leur mère ? Dans le sein de leur patrie, la Côte d’Ivoire. C’est de cela qu’il s’agit.

Ce n’est pas des Français qu’il s’agit. Donc les Ivoiriens, laissez tranquilles les Français. Et interrogeons-nous sur nous-mêmes. Interrogeons-nous sur notre capacité à construire notre nation. Quand je suis arrivé au pouvoir dans la situation calamiteuse que vous savez en octobre 2000 et que je devais discuter avec les institutions financières mondiales, les Français nous ont aidés. Ils nous ont aidés pour l’Union européenne, ils nous ont aidés pour le Fonds monétaire international, pour la Banque mondiale. Et même dans ce conflit, ils nous ont apporté l’aide matérielle que nous leur avons demandée. Les munitions. C’est moi qui ai dit que je n’entendais pas que les Français engagent leurs troupes à nos côtés. Je n’ai pas demandé cela. Je souhaite que les Ivoiriens ne se trompent pas de combat. Qu’ils ne se trompent pas de cible, pas d’ennemis. Les ennemis sont ceux qui portent le glaive contre la Côte d’Ivoire. Ce sont ceux-là nos ennemis. Sur les étrangers en général, j’entends une campagne qui s’était estompée, revenir à la surface. “ Les Ivoiriens sont xénophobes, ils sont contre les étrangers ”. Je ne fais pas de polémique, parce que je veux rassurer les uns et les autres. Je veux dire aux Ivoiriens que les étrangers ne sont pas notre problème aujourd’hui.

Les étrangers ne sont pas notre problème. Notre combat est un combat pour libérer notre pays. Et non pas pour attaquer les étrangers. Nous avons des lois. Les étrangers qui vivent avec nous, tant qu’ils respectent nos lois, nous n’avons pas de problèmes avec eux. Ne vous attaquez pas aux étrangers. Ne vous trompez pas de combat. Ne vous trompez pas de cible. Nos ennemis aujourd’hui, ce sont les assaillants, tant qu’ils restent armés. Comme je l’espère, s’ils déposent les armes dans les jours à venir, alors nous pourrons discuter avec eux, tant qu’ils ne seront plus des ennemis ou des adversaires. Ne vous attaquez pas aux étrangers. Ne vous dispersez pas. Ne nous dispersons pas. Je voudrais aussi réaffirmer ce que j’ai déjà dit il y a quelque temps. C’est un principe cher à l’OUA, à l’Union africaine, à la CEDEAO, à l’UEMOA, au Conseil de l’Entente. Et qui nous a permis jusqu’aujourd’hui de vivre en bon voisinage.

Tout Etat africain doit veiller à ce que sur son territoire il n’y ait pas de camp d’entraînement pour attaquer un Etat voisin. Tout Etat voisin doit veiller à ce que sur son territoire, il n’y ait pas de camp d’entraînement pour attaquer un Etat voisin. Tout Etat africain doit veiller à ce que sur son territoire il n’y ait pas d’assaillants en puissance, il n’y ait pas de réfugiés qui s’arment, commandent des armes, qui les reçoivent, s’entraînent, se préparent, recrutent des mercenaires, attaquent de pays voisins. Ce principe-là, la Côte d’Ivoire l’a respecté depuis Houphouet-Boigny. Nous le respectons. Et nous n’entendons pas attaquer un pays voisin. Mais nous voulons dire aussi à tous les pays voisins de nous respecter. Dans le monde, on n’est pas obligé de s’aimer. Sinon, nous ne demandons pas à tous nos voisins de nous aimer. Mais ce n’est pas parce qu’on n’aime pas quelqu’un qu’on le tue. Si l’on devait tuer tous ceux que l’on n’aimait pas, il y aurait beaucoup de morts.

Et les survivants seraient sur la terre déjà au paradis. Puisqu’ils s’aimeraient tous. C’est parce que nous ne sommes pas obligés de nous aimer que nous avons des lois. Des lois nationales pour l’intérieur et des lois internationales pour régir les rapports entre Etats. Non ! Nous ne demandons pas à nos voisins de nous aimer. Mais nous leur demandons de nous respecter et d’avoir avec nous des règles de coexistence pacifique telles que le stipulent tous les traités que nous avons signés ensemble. En tout cas, en ce qui nous concerne, depuis Houphouet-Boigny, Konan Bédié, Guéi Robert et moi-même, aucun groupe armé n’est parti de la Côte d’Ivoire pour aller attaquer un autre pays. Les assaillants ne sont pas partis de chez nous pour endeuiller une République voisine. J’ai fait le serment de continuer à respecter ce point du traité de l’OUA. Mais je demande à tous ceux qui nous environnent d’en faire autant. 

laurentgbagbojeune

PR-MESSAGE A LA NATION 31-12-08 158

Aux hommes politiques ivoiriens, je voudrais dire ceci : toute ambition politique est légitime sinon je n’aurais pas combattu pour être Président de la République. Mais j’ai combattu 30 ans. Jamais on ne m’a retrouvé dans un camp d’entraînement. Jamais on ne m’a trouvé des armes à la main ni un pistolet, ni un couteau. Les seules armes qu’on m’a trouvées à la main, c’est quand j’étais dans l’armée. Nous voyons depuis que je suis au pouvoir, une nouvelle race d’opposants qui avancent avec des masques. Sans visage, en armant des troupes. Déposez vos armes et attendez les prochaines élections.Déposez les armes et attendez les suffrages populaires. Combien on est à l’aise quand on est oint par le suffrage populaire. C’est ce suffrage qui, seul, confère la légitimité. Le temps des coups d’Etat est révolu.

Depuis que je suis au pouvoir, en janvier 2001. Et septembre 2002 vous avez essayé des coups d’Etat. Vous n’avez pas réussi. Tirez-en des leçons et attendons ensemble les élections 2005. Les élections mettent tout le monde d’accord. Cette invention de l’humanité, les élections, c’est quelque chose de formidable. C’est un affrontement sans arme. On en découd sans arme. On choisit sans arme, on est vainqueur sans arme et on est vaincu sans arme. Ce que la démocratie apporte de nouveau et de supérieur à tous les régimes qui l’ont précédée, c’est que dans le système de la démocratie, on peut quitter le pouvoir sans mourir. Et on peut accéder au pouvoir sans tuer. Chers compatriotes, vous qui vous engagez dans la voie de la politique, attendez les élections de 2005, préparez vos arguments et nous nous attaquerons pacifiquement sur le terrain des élections. 


Pour terminer, je voudrais féliciter une fois de plus le peuple de Côte d’Ivoire pour sa sérénité, pour sa dignité. Oui, je veux saluer la dignité avec laquelle les Ivoiriens ont abordé ce chapitre douloureux de notre histoire. La jeunesse, oh la jeunesse ! Cette jeunesse-là, qui s’est mobilisée en 2000 pour me porter au pouvoir dans les rues après m’avoir porté au pouvoir dans les urnes. Parce que, ce qu’on oublie souvent, c’est que 70% de la population de Côte d’Ivoire a moins de 30 ans. Et c’est cette jeunesse-là que nous n’avons pas le droit de laisser désespérer. Nous avons achevé le plan de l’emploi pour la jeunesse, hélas ! cette guerre inutile, absurde, sale, est venue nous empêcher de présenter à la population le plan de l’emploi pour les jeunes. Je voudrais demander aux jeunes, je voudrais demander aussi aux femmes de rester mobilisées comme elles le sont et de rester dignes. Elles savent le prix de la mort car elles savent, elles, le prix de la vie. 


Rester à nos côtés, c’est le plus grand gage de notre succès. Les jeunes, les femmes, vous qui êtes dans la rue, partout et qui démontrez chaque jour que le pays est debout, faites comme vous avez fait le 2 octobre. Rassemblez-vous massivement mais sans voler aucun magasin et sans vous en prendre à aucun individu. C’est là, la force des grandes nations. N’attaquez pas les étrangers, n’attaquez pas vos adversaires politiques. Notre combat est ailleurs. 
Que le Dieu tout-puissant qui nous a créés et qui a mis chacun à sa place. Que le Dieu tout-puissant qui fait la paix, qui fait aussi la guerre, que le Dieu tout-puissant qui sait tout ce qui s’est passé et tout ce qui arrive, qu’il bénisse la Côte d’Ivoire et qu’il nous libère des méchants. 

Je vous remercie.

 

Au 19ème jour de la crise ivoirienne, et au lendemain de la libération de Bouaké, le Président Laurent Gbagbo a décidé de s’adresser à la nation le Mardi 8 octobre 2002.

 

 

 

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