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LE COMBATTANT
5 juillet 2017

ANALYSE DE LA SITUATION INTERNATIONALE PAR LE PROFESSEUR GNAGNE YADOU MAURICE

           

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 Etat des lieux de la situation internationale:

La situation internationale est caractérisée par des conflits globaux, qui impliquent des intérêts divers dans plusieurs pays et/ou régions. Cette situation est rendue encore plus complexe par le regain d’activité du terrorisme, qui sévit sur tous les Continents, et des rebellions armées levées à l’effet de déstructurer certains Etats souverains fragiles pour les mettre sous exploitation au bénéfice des multinationales. En ce début du 21ième siècle, le terrorisme et les rébellions armées sont devenus des instruments de l’expansion de groupes d’intérêts contradictoires dans le cadre d’une mondialisation sauvage, malheureuse, et appauvrissante. Faisant fi des principes moraux qui ont toujours guidé les relations internationales, cette élite corrompue accompagne ces groupes d’intérêts financiers privés, non élus dans leur rôle par aucun peuple donc sans responsabilité devant aucun de ces peuples, dans l’installation de cette nouvelle aristocratie bourgeoise financière sans cœur. Le rôle joué par le philosophe français Bernard Henry Levy en Libye et en Ukraine dans la révolution du Maïdan, rend aisément compte de l’imposture et de la déliquescence morale de cette élite.  

De l’Afrique, notre continent, en passant par l’Asie et l’Europe pour revenir à l’Amérique latine, ces conflits n’opposent pas des Etats entre eux, en tous les cas très rarement, mais plutôt des Etats à des groupes d’intérêts financiers globalisés – intérêts portés par des puissances étrangères occidentales notamment – qui ont du mal ou qui refusent de concilier les intérêts des Etats et des peuples à ceux de groupes financiers mondiaux, dans le but pour ces derniers de maximiser leurs profits. L’élite mondiale, notamment l’élite occidentale, couverte d’indignité, est devenue une élite clientéliste qui s’est mise piteusement au service des multinationales.  

Pour ce qui nous concerne spécifiquement, le changement de leadership en France au terme des élections générales de mai 2017, qui a porté Emmanuel Macron au pouvoir, nous enseigne que nous ne pouvons nous permettre de faire l’économie d’une analyse et d’un débat pour nous aider à comprendre ce à quoi nous devons nous en tenir et nous attendre dans nos rapports à ce pays. Il est cependant un principe que nous devons savoir et qui est consubstantiel à la 5ième République françaises et son créateur, le Général Charles De Gaulle, que les régimes en France ne sont nullement guidés par des considérations idéologiques – les idéologies sont-elles vraiment mortes ? Sujet d’un autre débat de fond – les régimes français sont guidés plutôt par les intérêts des français et de la France, notamment dans leurs anciennes colonies d’Afrique. Souvenons-nous : ‘’la France n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts’’, à défendre quel que soit le prix à payer. Et c’est ce à quoi nous assistons, dans ces Etats africains francophones dits souverains, depuis les indépendances octroyées à ses anciennes colonies, avec les cohortes de massacres de populations qui jonchent son histoire et ses rapports aux peuples de ces anciennes colonies ou non (Côte d’Ivoire, Libye). Sinon le Parti Socialiste qui vient de disparaitre en France – c’est devenu désormais ‘’la nouvelle gauche’’ – ne nous aurait pas lâché dans une lutte qui est supposée commune à notre famille idéologique. L’embrasement des pays francophones d’Afrique, assujettis de force aux intérêts de cette France avec la complicité d’une communauté internationale informelle et co-auteur de génocide comme au Rwanda – nous pouvons le dire maintenant avec les affirmations de Patrick de Saint-Exupéry –, au moment où la pauvreté et la misère gagnent cette partie de l’Afrique, nous donne une idée du combat qui nous reste à mener pour conquérir nos libertés et nos souverainetés. 

Nous avons choisi, pour cet exercice deux (2) continents, l’Afrique et l’Europe. En Europe spécifiquement l’Angleterre et son Brexit, et le changement survenu en France avec l’élection de Macron. Ces deux plateformes européennes  vont nous permettre d’étayer la pertinence de notre lutte et de nous conforter dans celle-ci. 

 

I-                  L’Afrique   :

En ce qui concerne le vaste continent africain, nous avons procédé à un regroupement régional des pays en crise : la région-ouest (Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Nigéria, Gambie), la région-centre (Centrafrique, Cameroun, Guinée Equatoriale, Gabon) la région des lacs (Burundi, République Démocratique du Congo, Rwanda – dans ce dernier pays, il faut solder le lourd passif du génocide dont les affaires viennent de rebondir avec les affirmations du journaliste-écrivain Patrick de Saint-Exupéry), la région-est et la corne de l’Afrique (Soudan du Sud, Somalie), la région nord (Libye, Soudan du Nord). Nous n’allons pas analyser ces crises l’une après l’autre. Nous scruterons ces crises dans une approche globale pour en déceler les aspects qui nous intéressent. Cependant, tout analyste géopolitique sérieux doit avoir à l’esprit que dans le jeu géostratégique qui se joue dans le monde actuel et notamment en Afrique, l’Amérique reste constante et cohérente dans ses actions d’agression contre les autres Etats souverains. Aussi, devrions-nous nous rappeler que c’est le Secrétaire d’Etat Henry Kissinger qui disait dans sa projection sur l’avenir du monde que le 21ième siècle naissant serait le siècle de la redéfinition d’une nouvelle carte du monde. Et que le vecteur, c'est-à-dire l’instrument qui servirait à cette redéfinition de la nouvelle carte du monde, serait le pétrole. C’est au nom de cette vision que le Soudan fut coupé en deux Etats distincts Soudan du Sud et celui du nord, en dépit du principe énoncé par l’ex-OUA, qui dit que les ‘’Etats africains seront reconnus dans les limites des frontières héritées de la colonisation qui restent intangibles.’’ C’est au nom du vecteur pétrole et uranium que, si nous ne prenions garde, le nord du Mali sera condamné à subir le même sort que le Soudan avec la probable création du foyer national Touareg, l’Azawad.  

Ces pays africains sont tous pratiquement en proie à des guerres d’agression, ou à des déstabilisations institutionnelles ou militaires menées contre eux par des rébellions internes avec la participation de mercenaires étrangers (Forces nouvelles, Djihadistes, Anti-balaka, Séléka etc.) ou alors par des groupes terroristes (Aqmi, Boko Haram, Shebab, Daesh). Ces guerres sont menées contre ces pays par des groupes d’agresseurs financés et équipés par des puissances occidentales, notamment la France, les USA, l’Angleterre pour ne citer que celles-là. Ces guerres visent au contrôle des ressources de ces pays. C’est en réalité des guerres de déstructuration et de désorganisation d’Etats souverains. Guerres planifiées, organisées et financées par les puissances occidentales en vue de mettre à la tête de ces pays déstabilisés et désorganisés des hommes de paille à leur dévotion. Des hommes de paille qui leur permettront d’exploiter ces Etats, et qui sauvegarderont leurs intérêts. L’exemple typique, aujourd’hui dans ce Continent africain, c’est le régime ivoirien qui le donne, par son mode d’accession au pouvoir d’Etat et par la qualité de sa gouvernance.

Les pays africains sont fragiles et exposés à ces guerres d’agression pour deux raisons :  

1)      Leur désunion malgré un leadership de l’Union Africaine qui proclame l’unité politique de l’Afrique dans toutes ses composantes. 

2)      L’absence d’un leadership régional suffisamment fort (notamment nanti de la puissance géostratégique nucléaire) pour imposer le respect que les autres doivent à leur souveraineté. Pourtant ici en Afrique, nous avons ‘’une bombe atomique’’ que nous ignorons, comme le dirait le professeur Harris Memel Fotê : c’est le peuple africain ! Il suffit de l’investir totalement en l’informant, en le formant et en l’instruisant quant à ses droits de liberté, de souveraineté, et celui inaliénable de disposer de son auto-détermination, sans restrictions que celles que lui imposent le droit international et les conventions qui en découlent et auxquels il est partie.

 

Ces réalités sont aujourd’hui perçues par des Chefs d’Etats, notamment francophones, qui tiennent un discours clair et décomplexé quant à leur volonté d’émancipation par rapport à la mainmise de la France sur nos pays et nos destins. Les discours des présidents Alpha Condé de Guinée Conakry et Idriss Deby du Tchad, qui font le buzz aujourd’hui sur les réseaux sociaux, discours relayé dans les médias alternatifs panafricains, notamment Afrique média, nous rapprochent des thèses souverainistes défendues par le FPI et son Président, le Président Gbagbo Laurent. Thèses pour lesquelles il est traduit devant la Cour Pénale Internationale (CPI). 

Dans la région-nord de notre Continent, la libération de Saïf Al Islam Kadhafi, par une frange de la population armée qui semble s’être rapprochée de la Russie de Poutine, est un signe que les tenants et animateurs du système unipolaire post-guerre froide ont désormais devant eux du répondant à travers la posture de Poutine, de la Russie et de ses Alliés, qui se battent pour imposer les principes du droit international dans un monde devenu plus que dangereux.

Que devrait être notre réaction vis-à-vis de ces guerres d’agression qui sont le fait de puissances étrangères ? C’est là la question fondamentale que nous devons nous poser à l’effet de lui trouver une réponse qui puisse nous mener à la sauvegarde de nos souverainetés. Ce nouveau discours des leaders africains, qui ouvre aujourd’hui une nouvelle ère et une nouvelle ‘’croisade’’ panafricaine pour nos libertés vis-à-vis de la France, rencontre celui tenu par le président Laurent Gbagbo. Discours qui nous a valu la guerre de la France contre notre pays. 

II-               L’Europe

Au-delà des conflits chauds, conflits de guerre comme celle en Ukraine et dans le Donbass, il existe des conflits froids tels que ceux qui opposent le Royaume-Unis d’Angleterre à l’Union européenne dans le cadre du Brexit, et la Grèce à l’Union Européenne. Le Brexit c’est l’acte de retrait des Britanniques du traité de l’Union Européenne. De ces conflits froids en Europe, il y a tant à savoir pour éclairer notre lutte qu’il nous faudrait nous documenter pour en cerner toutes les subtilités. Nous parlerons pour aujourd’hui succinctement du Brexit et un peu plus largement du changement survenu en France à travers l’élection de Macron à la présidence. 

2-1 Les Royaume Unis d’Angleterre :

Les Britanniques par leur retrait du traité de l’Union Européenne, portent un coup décisif au processus de la Globalisation, ou de la Mondialisation, en Europe et dans le monde. Ils affirment par ce retrait leur souveraineté dans les décisions et les choix qu’ils opèrent dans l’intérêt de leur pays. Les Britanniques montrent ainsi la voie à tous ceux, comme nous, qui luttent pour leur souveraineté et la prise en main de leur destin.  

 

2-2 le changement survenu en France :

En France l’élection d’Emmanuel Macron, sorti des laboratoires mondialistes de Rothschild, constitue un immense bouleversement sur l’échiquier politique dans un pays traditionnellement dirigé par des partis de droite ou de gauche. La France est devenue plus ultra-libérale que jamais. Pourra-t-elle le rester plus longtemps encore, que ne le sous-entend cette mandature Macron ? Dans un pays connu pour être irréformable avec la probable reprise d’un troisième tour syndical et social caractérisé par des grèves et des troubles sociaux dans les banlieues précarisées, nous pouvons craindre ou nous féliciter – c’est selon – que se reproduise mai 1968 !

Peut-on dire qu’en réalité, en France l’Etat s’est couché à jamais, pour laisser libre cour au Système qui a imposé aux partis traditionnels le leadership de Macron ? Si la réponse doit être pondérée par le facteur temps, nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper que les partis traditionnels, Droite et Gauche, se sont tous effondrés, notamment le Parti Socialiste Français.     

L’écroulement des partis traditionnels en France a laissé place à un pouvoir absolu qui est venu parachever la mise en place d’une hyper-présidence au terme de la réforme constitutionnelle Sarkozy qui instaura le quinquennat présidentiel. Faisant coïncider le mandat présidentiel au mandat des représentants du peuple, cette reforme a fait du Premier Ministre français, dans un régime parlementaire, le premier des ministres du gouvernement français. D’où ce discours devant le Congrès à Versailles avant celui du Premier Ministre devant l’Assemblée. Le Président Macron voulait rappeler aux uns et aux autres qu’il est le seul élu du peuple et le seul responsable devant lui. On voudrait instaurer un pouvoir absolu, qu’on ne s’y prendrait pas autrement ! Au point où le nouveau président Macron, pour imposer au peuple français ses réformes impopulaires contenues dans son cahier de charge, veut donner un mandat impératif aux élus députés de son nouveau parti pour qu’ils votent toutes ses réformes comme lettre à la poste. Or il est de notoriété que l’un des piliers de la 5ième République française est que les membres de la représentation nationale n’ont pas de mandat impératif, autrement dit ils sont comptables devant le peuple qu’ils représentent et non devant le Gouvernement dont ils ont la charge, au nom du peuple souverain, du contrôle des actes en tant que contre-pouvoir.

La situation française nous interpelle à plus d’un titre. Elle nous inspire une analyse qui nous semble intéressante. Si le Général De Gaulle s’est appuyé sur le peuple pour imposer au Conseil de la 4ième République chaotique sa réforme constitutionnelle qui ouvrit la 5ième République et le suffrage universel, attribut d’affirmation d’un Etat fort, légitime et légal, Emmanuel Macron qui est un produit du Système, donc de la haute finance internationale aux intérêts contradictoires à ceux des peuples, s’est débarrassé du peuple français au bénéfice des oligarques qui l’ont fait. De fait, entre Macron et le peuple français, au moins celui des électeurs qui l’ont élu, il existe un quiproquo qui ne tardera pas à se dévoiler. Ainsi, va-t-il au-devant de contradictions majeures graves qui vont affaiblir autant sa gouvernance.

Quatre raisons essentielles nous imposent cette analyse :

  • Les partis traditionnels bien instruits des pratiques de la 5ième République ne lui laisseront aucun état de grâce. Ils vont suivre le mouvement de balancier que va leur imposer les syndicats et la société civile. Ils vont vouloir reprendre la main électorale et auront besoin du peuple, vrai détenteur du pouvoir.
  • Plus qu’un vote d’adhésion, c’est la réaction atavique de rejet du Front National de Marine Le Pen qui a motivé son élection. Et le taux réel des français qui l’ont voté, de l’ordre de moins de 49% du collège électoral, érode sa légitimité et prouve bien que les français n’attendent rien de lui.
  • Aussi, le troisième tour social risque-t-il de créer des conflits sociaux qui affaibliraient ce pouvoir qui aurait alors d’autres choses à s’occuper que de continuer à supporter des dictateurs dans ses anciennes colonies ; toutes choses qui sont autant d’entraves pour une gouvernance apaisée en France…  
  • Il est aussi à craindre que ce ‘’néophyte’’ de la politique française ne soit tenté d’ouvrir des fronts de belligérance néocoloniale dans les pays francophones d’Afrique s’il se trouve confronter à de graves crises sociales, en vue de détourner les français de leur quotidien et d’espérer un regain patriotique trompeur pour le peuple français mais bien salvateur pour son quinquennat. Au terme de son investiture et de son premier voyage en Afrique au Mali, c’est à l’Armée française qu’il a rendue tous les honneurs. Comme pour dire aux Africains : ‘’l’armée est mon Joker que j’utiliserai pour vous mettre au pas, après avoir créé les circonstances et les opportunités !’’ Cette hypothèse théorique est celle qu’applique la plupart des présidents français quand ils sont face à de sérieux problèmes sociaux internes. En tout état de cause ces dernières années nous avons assisté à ce schéma avec un fort apport médiatique de diabolisation des leaders africains. Une fois que nous avons compris cela, c’est à nous de nous préparer pour ne pas nous laisser surprendre par cette posture qui est en réalité un mode opératoire ancré profondément dans les rapports de la France à ses anciennes colonies. Sous ce rapport nous devons affirmer que cet homme, malgré ses apparences, restera imprévisible pour l’Afrique…

 

III-Conclusion :

Que peut-on tirer comme enseigne pour l’avancement de notre lutte

D’abord, nous devons nous convaincre une bonne fois pour toute que l’issue heureuse de notre lutte ne dépend que de nous, et de nous seuls. De notre volonté à nous battre avec conviction pour sortir notre pays de cette situation, et de notre capacité à faire bouger nos peuples.

Ensuite nous devons établir des alliances aussi bien intérieures qu’extérieures afin de faire avancer la cause de notre lutte.

Enfin dans cette optique, nous devons adopter une approche diplomatique active et agressive pour faire entendre la voix de notre lutte. Sur ce point précis, le fait que nous ne soyons pas au pouvoir est-il un handicap ? C’est en cela que l’expérience sud-africaine et les autres mouvements de lutte pour la libération des peuples doivent nous instruire de leurs vécus dans les limites strictes de notre doctrine de l’accession au pouvoir par les urnes qui affirme la légitimité et la légalité sans lesquelles aucun pouvoir ne saurait se pérenniser. 

 

ANALYSE DE LA SITUATION INTERNATIONALE

(Pr  GNAGNE YADOU MAURICE, Vice-président Chargé de la Mondialisation et de la Politique d’Intégration, Responsable du Groupe de Réflexion et d’Analyse de la Situation Internationale, FPI)

 

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