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LE COMBATTANT
12 mars 2017

Laurent Gbagbo: Les Ivoiriens écriront leur histoire comme ils le voudront, mais, par la voie démocratique.

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Je vous remercie surtout, parce que, depuis l’annonce du dépôt de ma candidature, il y a eu un foisonnement, un bouillonnement impressionnant. Je voudrais remercier le peuple d’Abidjan qui a tenu à m’accompagner si massivement au siège de la CEI, et ici-même. Dehors, aux alentours de ce bâtiment, il y a beaucoup de monde. Ce qui témoigne de l’intérêt que les Ivoiriens ont pour cette candidature. Ce qui témoigne aussi de l’inquiétude que certains avaient, que je ne dépose pas ma candidature. Cette inquiétude est aujourd’hui levée, et nous allons travailler. D’abord, pourquoi cette candidature, et dans quel contexte elle se fait ?

Elle se fait dans un contexte où nous avons gagné la paix. Nous avons gagné la paix sur la guerre. Retenons-bien que cette élection qui va avoir lieu, n’est pas seulement une élection pour choisir un Président de la République. C’est une élection qui va mettre fin à une période et qui va ouvrir une autre. La période qui s’achève est la période que je pourrais appeler ‘’la période Houphouëtienne’’. C’est la période marquée par la stature du Président Houphouët-Boigny. Depuis 1945, la stature d’Houphouët-Boigny a imprégné, façonné, cette période-là. Malheureusement, à son décès en 1993, sa succession a été très mal règlée ; et le fait de la régler de cette façon, nous a aménés les conflits que nous connaissons depuis 1993, jusqu'à aujourd’hui. Mon espérance, ma foi et ma conviction, c’est qu’après avoir connu la partie la plus aigüe de cette crise née de la mort d’Houphouët, qui est la guerre, l’élection que nous allons connaître, va mettre une fin définitive, et à cette crise, et à cette guerre.

C’est pour cette raison que je suis candidat. C’est pourquoi, tous les Ivoiriens et tous ceux qui vivent en Côte d’Ivoire, doivent mesurer la portée historique de 2/6 cette élection, pas seulement pourle fait de changer les Institutions et de choisir de nouveaux hommes, mais véritablement, pour le fait que nous changeons d’époque. Et, il nous faut changer d’époque. Il nous faut sortir de l’ère où on s’est amusé et où on a pensé qu’avec les coups d’Etat, on pouvait changer des régimes. Non ! Les gens ont cru qu’avec la mort d’Houphouët, le pouvoir était suffisamment fragile et faible pour armer quelques jeunes gens et venir s’emparer du pouvoir et de la Côte d’Ivoire. Je veux dire aujourd’hui qu’il n’est pas possible que je ne me batte pas contre de telles pratiques. Et contre ceux qui croient que quelques fusils peuvent changer le cours de l’histoire de la Côte d’Ivoire.

Les Ivoiriens écriront leur histoire comme ils le voudront, mais, par la voie démocratique. Telle est la première idée forte que je voudrais indiquer. La deuxième idée forte, c’est que j’ai été Candidat en 1990. Pour des raisons que tout le monde sait, je n’ai pas été Candidat en 1995 ; mais, j’ai été Candidat en 2000. C’est donc pour la troisième fois que je suis Candidat. Depuis 1990, je vous propose inlassablement des réformes sociales en profondeur pour la Côte d’Ivoire. En 1960, au moment où Félix Houphouët-Boigny proclamait l’indépendance, cela fait bientôt 50 ans, nous étions 3 millions d’habitants. Les problèmes se posaient donc différemment. Nous sommes, aujourd’hui, 20 millions d’habitants et plus. On pouvait se contenter d’être généreux et régler les problèmes en 1960. Aujourd’hui, il faut mettre en place une politique sociale hardie. C’est pourquoi, entre autres choses, je vous avais proposé la Décentralisation, l’Ecole Gratuite et l’Assurance Maladie Universelle (AMU). A cause de la guerre survenue en septembre 2002, nous n’avons pas pu appliquer tout ce programme. Mais, nous avons commencé les réformes. En 2001 et 2002, nous avons fait l’Ecole gratuite, pour les enfants qui étaient à l’école. J’ai demandé au Premier Ministre, Affi Nguessan, de ne pas voter de lois, parce qu’il fallait d’abord qu’on essaie avec ceux qui sont à l’école. Nous avons été soutenus par la Banque Mondiale ; et nous avons donné des livres gratuitement. Nous avons construit beaucoup d’écoles. Nous avons multiplié les cantines scolaires. Les résultats ont été impressionnants. Nous nous apprêtionsà faire des structures scolaires pour tous les enfants qui ne sont pas à l’école ; parce que ce ne sont pas tous les enfants de Côte d’ivoire qui sont à l’école. Il fallait maintenant les mettre tous à l’école et cela allait nous coûter cher. Nous étions en train d’étudier cela quand la guerre est survenue. Cette réforme, nous allons la reprendre là où nous l’avons laissée. L’Assurance Maladie Universelle. Il faut soigner les Ivoiriens. Il ne faut pas leur dire qu’on est généreux et qu’ils auront des médicaments à la volée. Il faut leur expliquer que la santé coûte cher, mais que c’est le rôle de l’Etat d’organiser les Ivoiriens pour qu’ils ne sentent pas la chèreté de la santé. C’est ce que nous avons proposé de faire. C’est ce que beaucoup de pays africains comprennent aujourd’hui et la raison pour laquelle ils nous envoient des délégations pour apprendre ce que nous avons fait dans ce domaine. C’est ce que la grande Amérique de Barack Obama veut faire aujourd’hui. L’AMU veut dire que nous allons préléver sur les revenus de chacun et lui donner, en lieu et place, une carte de santé ; pour qu’au moment où sa santé l’exige, il puisse se présenter devant n’importe quel Médecin afin d’être traité, et soigné. 3/6 Les autres l’ont fait et ont réussi. Nous pouvons le faire. Nous devons le faire et nous allons le faire. Quant à la Décentralisation, vous avez commencé à en voir les premiers fruits, les tout premiers fruits. Parce que la décentralisation, pour nous, ce n’est pas que les Conseils Généraux; c’est faire en sorte que chacun vienne nous voir pour que sa Sous-préfecture devienne une Préfecture. On ne réclame pas ce qui n’est pas bon. On ne demande que les choses bonnes. Quand les gens viennent de partout, se battent pour que leur village, leur Sous-préfecture devienne un Chef-lieu de Département, cela veut dire que nous sommes dans la bonne direction. Mais, nous n’avons pas fini. D’abord parce que nous n’avons pas créé les régions. Il nous faudra créer les régions et donner des compétences pour que dans chacune d’elles, il y ait une Université et un CHU. La Côte d’Ivoire de 2009, n’est plus la Côte d’Ivoire de 1960. Quand j’étais en licence, ici, à l’Université de Cocody qui était alors l’Université Nationale, nous étions en tout et pour tout, 900 étudiants ivoiriens, en 1969. Aujourd’hui, chaque fois que les résultats du baccalauréat sont proclamés, ce qui fait au moins 25 000 bacheliers nouveaux, une Université entière, nous tremblons. Il nous faut donc créer des infrastructures. Nous avons commencé les discussions et les négociations ; nous attendons que cette élection passe pour que nous passions à l’œuvre. Chers Amis, Entendons-nous bien. Quand je dis Université, ce n'est plus une Université classique et théorique. Ce sont aussi des Centres de Formation, des Centres de Formation Professionnelle, des Centres d’Enseignement Technique, des Centres de Langues et des Centres Informatique à l’intérieur des Universités. Aujourd’hui, un jeune homme qui ne comprend pas l’anglais et qui ne sait pas manipuler les instruments informatiques, c’est un ignorant ; et il n’aura pas de travail. Il nous faut être clair et trouver un nouveau sens au mot Université. C’est ce que nous allons faire par la loi ; c’est ce que nous allons définir et c’est ce que nous allons mettre en application. J’ai parlé des Conseils Régionaux. Mais, on n’a pas non plus encore fait réellement le transfert de toutes les compétences ; surtout les compétences fiscales aux Régions et aux Départements. Parce que c’est aussi cela la décentralisation. Pour le moment, l’Etat central collecte tous les impôts et en redistribue. Mais, quand lui-même est fauché, il en redistribue très peu ; et les représentants des Conseils Généraux dans cette salle en savent quelque chose. Les Maires en savent quelque chose. Il faut donner aux entités décentralisées, Conseils Généraux, Conseils Régionaux, Conseils Départementaux et Communes, les moyens de collecter elles-mêmes leurs impôts. Collecter les taxes sur les marchés, ce n’est pas cela la Décentralisation. Il faudra bien que nous intégrions dans notre culture, comme une part importante de notre vie commune, les moyens de collecter les impôts sur toutes les transactions, de même que sur le foncier. Il faudra que nous transférions ce pouvoir-là aux entités décentralisées. Nous allons le faire et ce grand chantier nous attend. Nous allons aussi, au niveau de l’Economie, développer les Mines, l’Energie, etc. Nous avons beaucoup de richesses minières en Côte d’Ivoire ; mais, évidemment, nous ne pouvons pas aller plus loin dans un pays en guerre. Nous ne pouvons pas avoir des discussions approfondies tant que ce pays est en guerre. Nous allons exploiter le Pétrole, le Gaz, etc. Avec le Gaz, nous faisons aujourd’hui de l’électricité. Il nous faut de l’électricité en abondance si nous voulons demain faire l’industrialisation. Sur le Café et sur le Cacao, j’en discutais, il n y a pas longtemps avec les Ingénieurs, il nous faut aller plus loin. Nous sommes premiers vendeurs de Cacao dans le monde, mais cela n’est pas suffisant pour moi. Nous sommes à une autre étape de l’histoire de la Côte d’Ivoire ; il faut aller à une seconde. Nos parents avaient pour culture économique, de produire le Café et le Cacao pour les vendre. Nous, notre culture doit être de produire le Café et le Cacao et de les transformer, avant de les vendre. C’est une affaire de génération ; et sur ce point-là, ceux qui nous achètent le cacao sont d’accord avec nous. Donc, dès que nous aurons fini ces élections, il nous faudra reprendre les négociations pour implanter, au moins, une usine de transformation dans chaque Département producteur de cacao. C’est cela le sens de l’emploi. Une usine dans le Département d’Aboisso ; une usine à Adiaké ; une usine à Abengourou ; une usine à Gagnoa ; à Dimbokro ; une ou deux à Soubré, etc. Il nous faut transformer le cacao, et selon les accords, première, deuxième ou troisième transformation. Jai 4/6 aujourd’hui sur mon bureau, tous les accords de transformation de cacao. Avec le Café, on fait de l’alcool et de la boisson. Il y a beaucoup de gens qui commencent l’apéritif avec l’alcool de Café. Pourquoi ne le fait-on plus ? J’ai dit récemment qu’il nous faut développer l’agriculture vivrière. Pourquoi a-t-on cessé de faire le ‘’Bon Foutou’’ ? Pourquoi le fait-on uniquement pour l’exportation ? Cela revient cher à la vente, dit-on ; mais, l’Etat peut en subventionner la vente. Je le dis tout net parce que c’est un instrument de libération de la femme. Parce qu’entre une femme qui doit aller au travail et revenir se mettre à piler le foutou de banane, d’igname ou de manioc et une autre qui revient du travail et qui prend 15 minutes pour chauffer l’eau, le tourner et avoir son foutou prêt, je préfère la deuxième solution ; et je le ferai. Le ‘’Trofê’’, la sauce graine en boîte, la sauce arachide, note fameux ‘’Tigadêguê’’, en boîte, tout cela, nous l’avons déjà étudié, découvert et bréveté. Toutes ces recettes, il nous faut continuer à les industrialiser de telle façon que les coûts soient suffisamment bas pour le marché intérieur. C’est ce que nous allons faire. C’est à cela que nous allons donner la priorité et en faisant cela, nous allons aider les jeunes à trouver du travail. C’est une deuxième ligne d’emploi que nous créons ainsi. Nous allons aider les foyers et nous allons libérer les femmes. J’ai déjà dit à ceux qui s’occupent du Gaz d’accentuer les recherches et la transformation pour que d’ici 10-15 ans, la cuisine se fasse prioritairement sur le Gaz Butane et non plus sur le charbon de bois dont il nous faudra interdire l’utilisation. Voici, sur ce plan-là, nos propositions. C’est pourquoi, j’ai dit qu’il nous faut sortir de la commercialisation des fèves de cacao pour vendre les pâtes de cacao. Tel est le deuxième point de mon intervention. Dans mon troisième point, et à cause de la période exceptionnelle que nous vivons et que j’ai décrite comme étant le sens de cette élection, les Ivoiriens et les Ivoiriennes ont réfléchi. Et au lieu d’être le Candidat d’un parti, je suis, aujourd’hui, le Candidat d’au-moins 10 partis politiques et de plusieurs organisations. Je voudrais d’abord saluer tous ceux qui ont lutté et tous ceux qui ont perdu la vie dans le combat. Parce que dans une période comme celle-là, historique, importante, où l’on passe d’une phase de l’histoire à une autre, il y a toujours des morts ; hélas ! Je voudrais m’incliner devant tous ceux qui sont morts pour nous ; pour que nous vivions libres. Tous ceux qui sont morts partout, à Korhogo, à Ferké, à Bouaké, à Gagnoa, à Man, à Duékoué, à Guiglo, partout. Je voudrais les saluer et dire que c’est leur mort qui nous permet, aujourd’hui, d’être libres. Nous devons, nous qui vivons, nous montrer à leur hauteur. Nous devons nous montrer dignes du sacrifice qu’ils ont fait de leurs vies. Tous ceux qui sont morts devant l’Hôtel Ivoire, je ne les oublie pas. Je voudrais aussi saluer tous ceux qui ont eu des blessures graves qui les handicapent pour la vie. Il y en a dans cette salle. Je voudrais les saluer et leur dire que c’est aussi leurs blessures qui nous permettent de parler, de tenir et de vivre. Hélas, l’histoire est ainsi faite ; il nous faut l’assumer ; il nous faut penser à eux, à chaque instant. Mais, la meilleure manière de penser à eux, c’est de continuer le combat pour lequel ils sont morts ou le combat pour lequel ils sont blessés. Ce sont les premiers auxquels je voudrais penser. Maintenant, il y a les autres qui vivent, parmi lesquels je vais être injuste. Vous me permettrez de choisir d’abord Bernard Dadié. Voici un Monsieur, prisonnier en 1949, délaissé, qui, aujourd’hui, s’est mis dans le combat pour la libération ; parce qu’il a compris que ce combat que nous menons, ce combat que mènent ses fils et petits-fils, est un combat de libération. Je voudrais le saluer avec tout le respect qu’on doit aux militants ; mais, avec tout le respect qu’on doit aux hommes qui ne regardent pas leur âge pour exprimer leurs convictions. Il aurait pu se dire : ‘’J’ai fait mon combat, je reste à la maison’’. Que non ! J’ai été ému le jour où je l’ai vu marcher à Cocody vers la Résidence, à la tête des Artistes, pour venir apporter son soutien à la Présidence bombardée. Je voudrais saluer les Responsables de tous les autres partis. Je ne vais pas les citer, parce que vous les connaissez ; mais, cela ne fera rien de les citer nommément, puisque nous sommes tous amis et frères. Je voudrais les remercier pour leur choix. Leur choix se porte sur moi, parce que je suis, aujourd’hui, le porteur de ce combat dans lequel ils se reconnaissent. Je voudrais saluer tous les jeunes, toutes les femmes. Pour les jeunes, avant même l’investiture, je les rencontrerai et je leur parlerai. Parce que nous avons une politique de jeunesse. Je leur dirai que ce qu’ils 5/6 ont, n’est pas vendable ; et ce qu’ils sont n’est pas à vendre. Et je montrerai pourquoi, depuis, il y a un lien indissoluble entre eux et moi-même. Voici les remerciements que je voulais vous adresser. Pour finir, je voudrais mettre un terme à des débats amusants qui ont eu lieu dans la Presse. Les gens se sont posés des questions au sujet de mon Directeur de Campagne. Pourquoi veulent-ils que quelqu’un qui n’est pas Candidat, ait un Directeur de Campagne ? Je vous ai dit que le jour où je serai Candidat, j’aurai un Directeur de Campagne. Aujourd’hui, je suis Candidat et je voudrais vous annoncer que le Directeur de Campagne que je me suis choisi, c’est Issa Malick Coulibaly, ici, présent. Il formera son bureau qu’il présentera la semaine prochaine. Le Candidat a choisi son Porte-parole, qui est Pascal Affi N’guessan. Sur ce point-là, le débat est clos ; allons au fond des questions. Chers Amis, je termine en disant donc que je suis Candidat. Je suis Candidat pour la Côte d’Ivoire. Je suis Candidat pour les Ivoiriens et les Ivoiriennes. Je suis Candidat pour continuer le combat que nous avons commencé. Je suis Candidat pour continuer le combat que nos parents ont commencé depuis les années 40 et que certains ont abandonné. Je suis Candidat pour la Côte d’Ivoire. Le combat a commencé, en avant ! Je vous remercie. 6/6

REACTIONS DU PRESIDENT-CANDIDAT LAURENT GBAGBO AUX QUESTIONS DES JOURNALISTES LORS DE LA CONFERENCE DE PRESSE QU'IL A ANIMEE APRES LE DEPOT DES DOSSIERS DE CANDIDATURE A LA PRESIDENTIELLE 1/4 REACTIONS DU PRESIDENT-CANDIDAT LAURENT GBAGBO AUX QUESTIONS DES JOURNALISTES LORS DE LA CONFERENCE DE PRESSE QU'IL A ANIMEE APRES LE DEPOT DES DOSSIERS DE CANDIDATURE A LA PRESIDENTIELLE (RFI/France 24) :

Monsieur le Candidat Laurent Gbagbo, vous n’avez pas eu le temps de développer vos idées en matière internationale. Je voudrais poser une question à ce sujet. Vous avez dit que la Côte d’Ivoire traversait, en ce moment, une période où on passe d’une phase à une autre. Moi, j’ai un peu l’impression que c’est une bonne partie de l’Afrique qui passe en ce moment d’une phase à une autre et parfois de façon tragique, notamment avec la Guinée voisine, le Gabon, etc. Ma question est simple, Monsieur le Candidat ; quelle place envisagez-vous, si vous êtes de nouveau élu Président de la République, de donner à la Côte d’Ivoire en Afrique ? Quel rôle entendez-vous jouer en Afrique, dans ce 21è siècle et quelles relations comptez-vous entretenir avec les partenaires de la Côte d’Ivoire et notamment avec le premier d’entre eux, la France ? Laurent Gbagbo : Je ne vais pas répondre à la question sur la France, parce que je crois que le Premier Ministre y a répondu et très bien répondu. Ce que je veux expliquer, c’est que le monde, depuis la deuxième Guerre Mondiale, a connu une période dramatique qui est la période de la guerre froide. Celle-ci a commencé dès que les alliés de l’Ouest et de l’Est sont rentrés dans Berlin. Dès que les troupes américaines, anglaises, d’une part ; et les troupes soviétiques, d’autre part, sont rentrées dans Berlin, la guerre froide avait commencé. Et la guerre froide a pris fin formellement en 1989 ; bien que les boucliers anti-missiles de George Bush nous aient rappelé, de façon dramatique, les relents de la guerre froide. Heureusement, et je le dis tout net, je suis d’accord avec la position prise par Barack Obama de ne pas implanter ses missiles en Pologne, pour ne pas surchauffer inutilement l’atmosphère internationale. Mais, pendant cette période-là, les pays développés ont, tous, sans aucune exception, y compris celui que vous avez cité, soutenu les partis uniques en Afrique. Et nous autres, nous luttions dans l’obscurité ; mais c’étaient les partis uniques qui règnaient et qui avaient des chappes de plomb sur les pays. C’est le premier problème qu’il faut soulever. Aujourd’hui, nous sortons des partis uniques, parce que la guerre s’est achévée. Donc, nous tatonnons. Nous sortons de la guerre froide comme des poussins qui sortent des œufs, avec peu de force dans les 2/4 pattes. Félix Houphouët-Boigny, ici ; Kwame Nkrumah, là ; Boumedienne, en Algérie ; l’Apartheid en Afrique du Sud ; Mobutu, dans l’ex-Zaïre ; tout ce système avait pour but de lutter contre la liberté. C’était la liberté pourchassée. La guerre froide servait de justificatif à tout cela. Aujourd’hui, nous en sortons, et les sourbresauts que nous remarquons en Afrique sont des soubresauts d’enfants qui apprennent encore à marcher et qui tombent. Je ne suis pas inquiet pour l’Afrique. L’Afrique s’en sortira. Quand la guerre froide s’est arrêtée, on a vu des choses incroyables. Nelson Mandela qui était considéré comme un terroriste, a été sorti de prison et on lui a donné un prix Nobel de la Paix, pour le présenter comme le plus gentil de tous les hommes d’Afrique. Mobutu, qui était encensé à Paris; à Washington ; à New York ; à Londres, est mort dans une maison, au Maroc ,misérablement. Il a même demandé un visa pour la France qui lui a été réfusé. Savimbi, qui était adulé, aimé, soutenu et pour lequel l’on organisait des ponts aériens pour l’approvisionner en armes, est mort en pleine brousse, sous un arbre. Le monde change et l’Afrique avec. L’Afrique est le dernier à changer. On connait donc des soubresauts ici et là. Monsieur le journaliste, je vous donne rendez-vous dans 10-20 ans, et vous verrez que l’enfant qui titubait hier marche droit. A votre attention : certains hésitent quant à mes responsabilités actuelles. Je vais vous dire une chose ; je suis Président à 100% et je suis candidat à 100%. J’exercerai toutes mes fonctions de Président de la République et j’exercerai tous les attributs de Candidat. Qu’il n y ait aucun doute là-dessus Quotidien ‘’Notre Voie’’ : Monsieur le Président de la République, avant de déposer votre candidature, vous avez envoyé 20 délégations parcourir la Côte d’Ivoire pour informer les Ivoiriens. C’est un fait inédit. Quel sens donnez-vous à une telle démarche ? Laurent Gbagbo : Je vous ai dit que la période que nous connaissons, est une période, elle-même, inédite, exceptionnelle. Je ne suis pas assez orgueilleux pour dire que c’est Gbagbo qui a été attaqué quand la Côte d’Ivoire a été attaquée en septembre 2002. C’est la Côte d’Ivoire qui a été attaquée pour ce qu’elle est. Terre d’accueil, terre d’hospitalité ; elle a été attaquée pour son essence. C’est ensemble que les Ivoiriens ont riposté, ont résisté. Tous ceux avec qui j’ai résisté depuis 2002, il était important que je les informe et que je leur demande leur avis sur mon intention de briguer une autre candidature. Parce que c’est ensemble que nous allons continuer, encore, ce combat-là. Telle est la raison pour laquelle j’ai envoyé des délégations partout. Les nouvelles qui nous sont parvenues sont bonnes ; c’est donc pour cela que je suis devant vous ce matin. Nous sommes, nous qui avons fait ce pays, Candidats, nous tous. Villageois ; citadins ; ouvriers ; paysans, nous sommes Candidats dans ma candidature et nous sommes Candidats pour gagner. Agence France Presse (AFP) : Monsieur le Président-Candidat, lors de la récente visite du Révérend Jesse Jackson, vous lui avez dit que vous attendez beaucoup de cette campagne, qui, selon vous, permettrait de mettre en exergue deux types de Candidats ; à savoir ceux qui défendent les intérêts de la Côte d’ivoire, et les autres. Dans quelle catégorie vous situez-vous ? Pensez-vous que certains Candidats sont à la solde de l’Etranger ? Laurent Gbagbo : Je ne vais pas vous mentir, ni masquer ma pensée. Je pense que dans ce pays, depuis 1945, il y a toujours des gens qui roulent pour les autres. Houphouët leur avait donné un qualificatif en 1946, dont je ne me souviens plus. Jacques Chirac leur avait donné un autre qualificatif. Il les appelait les Partis de l’Etranger. Je pense qu'il y a en Côte d’Ivoire, des hommes et des femmes dont l’existence politique ne repose que sur les liens qu’ils ont avec l’Etranger. En ce qui me concerne, tout repose sur les liens que j’ai avec la mère nourricière, la terre de Côte d’Ivoire et ses habitants. C’est ce que je peux dire aujourd’hui sans aller plus loin. Agence Ivoirienne de Presse (AIP) : Je voudrais exprimer une inquiétude. Une mission conduite récemment par M. Gervais Coulibaly (Ndlr : Porte-parole du Président de la République, Laurent Gbagbo) a été bloquée à l’entrée de Korhogo. Peut-on, dans ce cas-là, véritablement organiser des élections dans des zones où la liberté d’aller et de venir n’est pas totale ? Laurent Gbagbo : Je voudrais dire que nous sommes dans une Zone où il y a eu beaucoup de guerres 3/4 civiles. Il y a eu 17 ans de guerre civile au Libéria ; au moins 6 ans de guerre civile en Sierra leone. Le Sud de la Guinée a été ravagé, fréquemment, par les incursions de la guerre venue du Libéria. Nous sommes dans un pays où avant même notre guerre, les armes légères circulaient de façon surabondante. Avant notre guerre civile, il y a des délégations, des gens que l’on arrêtait sur les routes. Il ne faut pas croire, parce que l’on a déclaré que la campagne électorale va se faire, que les armes vont brusquement disparaître. Ce n’est pas possible. Je serais un mauvais Candidat, si je vous le disais. C’est après les élections que nous allons resoudre le problème véritable du désarmement. Nous allons désarmer par les armes. On a empêché Coulibaly Gervais d’aller à Korhogo ; il en est revenu ; il va repartir. Vous-même, si vous le voulez, vous pouvez partir demain à Korhogo. Vous pouvez même aller à Tengrela, si vous le voulez ; et revenir. Il s’agit de jeunes gens qui ont faim. Ce n’est pas ce qui va empêcher la Côte d’Ivoire d’aller aux élections. Ce n’est pas ce qui va empêcher l’histoire de la Côte d’Ivoire de s’écrire. C’est après les élections que le vrai désarmement va arriver. Nous allons faire le désarmement tel qu’il est prévu par la loi et par les Accords. Les Militaires, les Policiers et les Gendarmes sont prêts pour sécuriser le processus électoral. Comme nous n’avons pas beaucoup d’argent, nous attendons quelques jours avant les élections pour les envoyer sur toute l’étendue du territoire national. Ils sont prêts. Partout, il y aura des Gendarmes, des militaires, des Policiers, des Juges, des Gardiens de prisons. Des incidents comme celui-là, vous en aurez encore, mais cela n’empêchera pas l’histoire de la Côte d’Ivoire de s’écrire. 

PROPOS LIMINAIRES DU PRESIDENT-CANDIDAT LAURENT GBAGBO LORS DE LA CONFERENCE DE PRESSE QU'IL A ANIMEE APRES LE DEPOT DES DOSSIERS DE CANDIDATURE A LA PRESIDENTIELLE 1/6 PROPOS LIMINAIRES DU PRESIDENT-CANDIDAT LAURENT GBAGBO LORS DE LA CONFERENCE DE PRESSE QU'IL A ANIMEE APRES LE DEPOT DES DOSSIERS DE CANDIDATURE A LA PRESIDENTIELLE Le dépôt officiel de candidature, ce jour, vendredi 16 octobre 2009 à 10h30 GMT, au siège de la Comission Electorale Indépendante (CEI), du Président de la République, S.E.M. Laurent Gbagbo, candidat à sa propre succession, a donné lieu à une fête populaire, une heure plus tard, au Q.G de campagne d’Attoban-Plateau, dans la commune de Cocody, qu’il a rejoint pour expliquer, à l’occasion d’une conférence de presse, le sens de sa candidature.

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