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LE COMBATTANT
15 janvier 2017

DISCOURS DU PRÉSIDENT LAURENT GBAGBO A LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE DE DOHA

 

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Sommet de DOHA : le Président Laurent Gbagbo élu Vice-président de la Conférence Internationale sur le Suivi du Financement du Développement.

 l’intégralité du discours du Chef de l’Etat Ivoirien 

- Son Altesse Sheikh Hamad Bin Khalifa AL-THANI, Emir de l’Etat de Qatar, président de la conférence, 
- Mesdames et messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement, 
- Monsieur le président de l’Assemblée Générale, 
- Monsieur le Secrétaire Général des nations unies 
- Mesdames et Messieurs les Ministres 
- Excellences, Mesdames et Messieurs 

Monsieur le Président, 

Je voudrais présenter mon émotion et mes condoléances à la Présidente, au Gouvernement et au peuple de l’Inde pour la catastrophe qui l’ont frappé il y a quelques jours. 

Permettez-moi de vous remercier, votre Altesse Sheikh Hamad Bin Khalifa AL-THANI, de même que le gouvernement et le peuple ami du Qatar pour l’accueil chaleureux qui nous a été réservé à notre arrivée et les délicates marques d’attention dont nous sommes continuellement l’objet. 

Je vous adresse également au nom du peuple et du gouvernement ivoiriens mes très vives félicitations pour votre désignation à la présidence de cette conférence. 

Mes félicitations vont aussi aux membres de votre bureau auxquels je voudrais assurer l’entière disponibilité de la délégation de mon pays pour le succès de votre mission. 

Je profite enfin de cette rencontre pour saluer chaleureusement le président de la soixante troisième Session de l’Assemblée Générale des Nations Unies, Miguel d’Escoto et Monsieur Ban Ki Moon, le Secrétaire Général de notre Organisation pour leurs efforts inlassables en faveur de la paix et du développement. 

Monsieur le Président 

Cette rencontre a lieu dans un contexte de crise financière internationale qui mobilise les grandes Nations, et qui suscite de vives inquiétudes dans le monde, et particulièrement dans nos petits pays, les pays en développement. 

C’est dans un tel contexte que nous nous réunissons ici à Doha pour faire le bilan des progrès réalisés dans la mise en œuvre du Consensus de Monterrey. 
6 ans après cet engagement, quel bilan pouvons-nous dresser ? 

Plusieurs autres conférences ayant évoqué la question du financement du développement ont eu lieu après le Consensus de Monterrey. Permettez-moi à cet égard de ne citer que les initiatives les plus récentes et les plus significatives : 

• La Déclaration de Paris en 2005 sur l’efficacité de l’aide au développement ; 
• Le Plan d’action également d’Accra en 2005 suivi en 2008 du forum mondial sur l’efficacité de l’aide, toujours à Accra 
• Le Sommet du G8 de Gleeneagles en 2005 

Nous sommes obligés de noter que les résultats en termes de flux d’aide et surtout de son ciblage sont loin d’être satisfaisants. 

En effet, même si des efforts notables sont consentis en matière d’allègement de la dette et d’assistance humanitaire, il faut déplorer que ces opérations se traduisent faiblement par un accroissement de ressources disponibles pour le financement du développement. Pour l’Afrique, malgré les engagements suscités, les flux d’aide publique au développement (APD) n’ont pas véritablement changé depuis 2004. De plus le ciblage des ressources d’aide publique au développement au profit des secteurs sociaux et des secours d’urgence, marque un désintérêt pour les secteurs productifs porteurs de croissance et de développement durable. 

Le Consensus de Monterrey reconnaissant que l’aide publique au développement ne suffira pas à financer le développement des pays pauvres, invitait instamment à rechercher des sources de financement nouvelles et novatrices. Cet appel a débouché sur la mise en place d’outils tels la Facilité internationale de financement pour la vaccination (IFFLM), la taxe sur les billets d’avion et les garanties de marché. 


Monsieur le Président 

Cette conférence a lieu au moment où l’horizon du développement ces derniers temps semble s’obscurcir par les crises à répétition auxquelles le monde en général, et les pays en développement de façon spécifique sont confrontés. 

En effet, les marchés financiers mondiaux sont en proie à des turbulences sans précédent caractérisées par un net ralentissement de la croissance, et une incertitude sur les perspectives économiques qui n’épargnent pas les pays en développement. 

Face à une telle situation où les pays développés demeurent préoccupés par leur propre sort, la question du financement du développement des pays sous-développés risque de devenir problématique, car quelle garantie avons-nous de voir les promesses d’hier réaliser aujourd’hui alors qu’elles ne l’ont pas été quand la conjoncture était bonne ? 

Je continue pour ma part de croire que le salut des pays en développement réside dans leur capacité à se prémunir de tels chocs par le renforcement de la coopération sud-sud. Je voudrais dans cette optique rappeler notre proposition au Groupe des 77 plus la Chine lors de sa réunion de juin dernier à Yamoussoukro en Côte d’Ivoire. Il s’agit de l’urgence de renforcer la coopération sud-sud, notamment dans le domaine financier. C’est ainsi qu’il me parait utile et urgent de créer une banque d’investissement du sud, financée par le prélèvement sur les revenus de nos exportations. Nous sommes prêts à accueillir en Côte d’ivoire une réunion des experts du G77 plus la Chine pour examiner les modalités de mise en œuvre de cette proposition. 

Monsieur le Président 

L’un des problèmes majeurs auquel reste confronté le monde en développement notamment les pays africains est le problème de la dette qui reste un grand défi pour les décideurs africains et pour la communauté internationale. Tout en se félicitant de l’initiative PPTE (pays pauvres très endettés), il y a lieu de s’interroger quant à sa mise en œuvre et à sa capacité à apporter une solution à long terme au problème de la dette extérieure. Au demeurant il est préoccupant de voir que dans certains pays, les ressources libérées par l’allègement de la dette sont consacrées aux services publics et sociaux et que très peu sont affectées aux secteurs productifs de l’économie. S’il convient d’encourager l’investissement dans les secteurs sociaux en raison de leur lien avec la réduction de la pauvreté, il ne faut pas pour autant négliger les secteurs productifs de l’économie. 

Monsieur le Président 

Il est bien connu que l’Afrique ne représente qu’une part très faible du commerce international (environ 2%). C’est pourquoi l’un des défis majeurs sera d’inverser la tendance en faisant du commerce international un des catalyseurs majeurs du développement de l’Afrique. Cela passe par la diversification de sa production et la structure des exportations des pays africains largement tributaire des produits de base et sensibles aux chocs extérieurs dus à l’instabilité des termes de l’échange. Les partenaires au développement ont donc un rôle important à jouer qui consiste à aider les pays africains à réaliser leurs objectifs de diversification. Pour ce faire, il est urgent d’améliorer l’accès de l’Afrique aux marchés des pays développés. Les pays développés peuvent également contribuer aux efforts de diversification de l’Afrique en accroissant leur appui financier à la création d’infrastructures. 

Enfin, il faut accroître l’assistance technique et l’appui au renforcement des capacités afin de développer le commerce et les exportations ; cette initiative doit éviter les écueils classiques associés au précédents programmes de renforcement de capacité à savoir le fait que les pays bénéficiaires ne s’approprient pas ces programmes et la tendance à faire passer les priorités des donateurs avant celles des bénéficiaires. 

Monsieur le Président 

La crise financière actuelle accroît la nécessité de reformer les institutions financières internationales et de mettre en place un système de régulation des marchés financiers qui soit indépendant et qui prenne mieux en compte le point de vue et les besoins des pays en développement. 

L’Afrique, malgré son poids démographique et le nombre de pays qu’elle compte, n’a toujours pas été admise ou est insuffisamment représentée au sein d’organisations qui prennent des décisions lourdes de conséquences pour les économies africaines. 

Au FMI et à la Banque Mondiale, aucun effort important n’a été entrepris pour renforcer la voie des pays africains dans la prise de décisions. Il est indispensable de corriger le grave déficit démocratique dont souffre la gouvernance des Institutions de Betton Woods et de prendre en compte de façon adéquate l’évolution des réalités économiques. Une parité entre pays avancés et pays en développement dans la structure du vote doit être un objectif ferme et obligatoire pour ces deux institutions. 

Que Dieu vous bénisse 
Je vous remercie

 

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