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LE COMBATTANT
22 décembre 2016

INTERVIEW DU PRÉSIDENT LAURENT GBAGBO A L'HEBDOMADAIRE ISLAM-INFO

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 INTERVIEW DU PRESIDENT LAURENT GBAGBO A L'HEBDOMADAIRE ISLAM-INFO Le Président Laurent Gbagbo a accordé, le jeudi 20 décembre 2007, une interview à l'hebdomadaire Islam Info et à la Radio Al Bayane. Nous vous proposons l'intégralité de cette interview exclusive riche en enseignements et en révélations.

Monsieur le Président de la République, en décembre 2006 a été annoncé l'échec du Hadj édition 2006 bis, toute chose qui a été qualifiée de drame national. Comment avez-vous, en tant que chef de l'Etat, perçu cette situation ?

Cet échec m'a beaucoup peiné. Cependant, l'échec du hadj 2006 bis, était déjà inscrit dans le hadj 2005. Si vous observez bien, il y a environ 200 pèlerins qui avaient payé tous leurs droits de transport et de logement auprès des associations pour effectuer leur pèlerinage mais qui n'avaient pu voyager. Cela avait déjà attiré mon attention. J'ai parlé avec le Ministre des Cultes de l'époque. J'ai cru qu'en faisant des recommandations, les choses iraient mieux. Mais, les dispositions n'avaient pas été prises parce qu'on n'avait pas tiré toutes les leçons de ce petit échec. En 2006, on a eu le grand échec. Ce fut la catastrophe car personne n'a été au pèlerinage. Les seuls Ivoiriens à aller à la Mecque sont ceux qui y sont allés par vols réguliers ou qui sont passés par les pays limitrophes. D'abord au plan national, cela fait honte. C'est indigne que la Côte d'Ivoire ne soit pas capable de faire partir des gens de son sol dans d'autres pays. Par ailleurs, avec tous les efforts que nous avons fournis en installant un consulat général à Djeddah avec un consul, un préfet que nous avons envoyé former en Egypte pendant six mois, avec la mise à la disposition de nos pèlerins d'ambulance pour leur bien-être il était inconcevable que les choses se déroulent de la sorte. Avec tous ces efforts, j'ai qualifié de drame national l'échec du hadj 2006 bis. Sachez que ce n'est pas parce que ce sont des Musulmans mais ce sont des ivoiriens avant tout. En effet, il n'est pas normal que pour une activité qui est annuelle et qu'on prévoit à l'avance, qu'on ne prenne pas les dispositions à temps. C'est comme si on prévoit un championnat de football et que le jour du démarrage du championnat on n'ait pas de ballon et que le terrain ne soit pas nettoyé. C'est une honte. C'est une honte que les gens veuillent partir de la Côte d'Ivoire à la Mecque et qu'ils ne puissent s'y rendre. C'est vraiment une honte et je l'ai pris comme telle. Il fallait prendre des mesures. Mais auparavant, il fallait étudier les raisons de ce drame et de cette honte parce que pour moi, c'était une honte mais pour les musulmans, c'était un véritable drame. Ils ne pouvaient pas comprendre qu'étant dans leur pays, ils ne puissent pratiquer leur religion dans la mesure où ils ne sont pas capables d'aller à la Mecque. J'ai compris après analyse du dossier, que le maillon faible de l'organisation du hadj était le transport. En effet, pour la restauration, l'hébergement, la santé par exemple, les organisateurs pouvaient se débrouiller. On n'a jamais eu de grandes catastrophes à la Mecque, grâce à Dieu, en ce qui concerne les Ivoiriens. On pouvait perdre une personne, deux personnes, mais on n'a jamais eu une grande catastrophe où des dizaines d'Ivoiriens meurent par dizaines ou par centaines. Mais, le point faible du Hadj a toujours été le transport. Les organisateurs, les associations disaient toujours qu'ils avaient pris des contacts avec les avionneurs et, jusqu'au dernier moment, les avions n'arrivaient pas. On l'a vu en 2005 et en 2006. Par conséquent, c'est sur ce point d'abord que j'ai porté mes efforts. Cela relevait d'une dimension qui les surpassait. C'est dans ce sens que j'ai donné l'ordre à Air Ivoire qui est une compagnie nationale afin qu'elle transporte les pèlerins d'Abidjan à Djeddah, et, de ce fait, d'être le responsable de la réussite ou de l'échec du Hadj. La Direction de cette compagnie est allée négocier des avions, et, ils ont effectué toutes les rotations. Et tous les pèlerins ont pu se déplacer. Maintenant qu'ils sont sur les lieux du pèlerinage, c'est une question de religion pour chaque pèlerin, c'es-à-dire, lui et sa foi. En conclusion, je suis très heureux d'avoir géré cette situation et d'avoir vu juste dans la mesure où je pense avoir décelé le nœud du problème. Grâce à Dieu, tout s'est bien passé. Le voyage à l'aller s'est bien déroulé. Aujourd'hui, Arafat a pris fin (l'interview a eu lieu le 20 décembre 2007) et les autorités dépêchées sur place, m'ont informé du déroulement du pèlerinage. Tout s'est bien passé il n'y a pas eu de problèmes majeurs. Maintenant, nous ferons en sorte que tout se passe bien au retour puisque le pèlerinage a pris fin et que les premiers avions rentrent à partir du 25 2/5 décembre. Monsieur le Président, on constate de plus en plus que vous posez des actions en direction de la communauté musulmane.

On peut citer pêle-mêle, la réfection de la mosquée du Plateau en cours, le pèlerinage à la Mecque, les moutons que vous distribuez, etc. Pour certains, vous êtes en pleine campagne électorale. Qu'en est-il réellement ?

Il y aura toujours des gens pour donner des interprétations pas exactes des événements. Concernant le pèlerinage, sachez que depuis que j'étais dans l'opposition, je réclamais la présence d'un Ambassadeur ivoirien en Arabie Saoudite, car je voyais la souffrance des Musulmans. Je ne suis peut-être pas musulman, mais, j'ai des musulmans dans mon entourage. Le Président Houphouët a réalisé le premier vœu, c'est-à-dire la présence d'une ambassade ivoirienne en Arabie Saoudite. Cependant, la réciproque n'était pas faite. Donc, quand je suis arrivé au pouvoir et que j'avais les pouvoirs de l'Etat en ma possession, j'ai demandé et obtenu que l'Arabie Saoudite nomme un Ambassadeur dans notre pays. Cela a été fait. Vous savez, quand on est Chef d'Etat, il y a des moyens qu'on a qui vous facilitent certaines choses, et, j'en ai usé pour le rayonnement, la notoriété et l'image de la Côte d'Ivoire. Ce qui fait qu'aujourd'hui, il est plus aisé pour un ivoirien d'aller à la Mecque qu'auparavant. Car, ils obtiennent leurs visas ici. Avant, il fallait qu'ils se rendent dans les pays limitrophes pour les obtenir et cela n'était pas chose facile. Actuellement, certains pèlerins des pays frères viennent même chercher leurs visas dans notre pays et cela contribue au rayonnement de la Côte d'Ivoire. Donc, quand on est Chef d'Etat, on peut servir les besoins de ses administrés, car ce qu'il faut savoir, c'est que j'agis en tant que Chef d'Etat et l'Etat doit prendre en compte l'intérêt de tous ses enfants. Et cela s'inscrit dans la droite ligne des choses. En Italie, nous avons deux ambassades. L'une à Rome pour les problèmes économiques, diplomatiques et politiques, et, l'autre au Vatican, pour uniquement la religion. Et, comme le pèlerinage est un fait religieux incontournable, j'ai décidé d'installer un consulat, à Djeddah, chargé de ce dossier. Pour cela, j'ai envoyé un préfet en Egypte se former en arabe pendant six mois et j'ai ouvert le consulat de Djeddah en vue d'une bonne organisation du Hadj. L'équilibre est ainsi rétabli. Concernant les moutons, quand, en tant que Chef d'Etat on vient m'offrir des moutons pour la fête de la Tabaski bien qu'on sache que je ne suis pas musulman, qu'est-ce que je fais ? Quand on te fait telle offre, il faut se demander pourquoi on te l'a fait et pour qui on l'a fait. Moi, on sait que je suis chrétien, tout le monde le sait en Côte d'Ivoire. Si, à la fête de la Tabaski, des opérateurs viennent et m'offrent cent moutons, ils savent très bien que c'est parce que je suis un canal et qu'à travers le poste que j'occupe, je peux aider les gens. Je deviens en ce moment redistributeur. Dans ces conditions, je donne donc des instructions à mes conseillers de les distribuer à qui de droit, c'est-à-dire à des personnes qui n'ont pas les moyens de s'offrir un mouton. Je fais appel souvent à KANE Ladji qui se charge de cette tâche en allant redistribuer ces moutons aux plus pauvres. Le Seigneur m'a fait grâce de me mettre là où je suis et à ce poste je peux aider les gens. Ce n'est pas mon argent, c'est l'argent de l'Etat, et, comme j'ai des fonds de solidarité, je peux en user pour aider les pauvres et les démunis. Sinon, j'aurais pu prendre ces moutons pour aller faire un élevage au village à Mama ; ce ne serait pas bien. Ce serait contraire à la morale et à l'éducation que j'ai reçues.Vous pensez que c'est à moi qu'ils donnent ? Devant Dieu, ce n'est pas à moi qu'ils donnent. Sachez que si on ne le fait pas, personne ne le fera. Concernant le pèlerinage, il y a des personnes ici qui n'iraient jamais à la Mecque si elles ne recevaient pas d'aide. Par ailleurs, il y a des traditions qu'on ne casse pas. En tout cas, ce n'est pas moi qui vais casser celle-là. Car, ce n'est pas moi qui ai initié cette tradition. Elle a existé avant moi. Ce que j'ai fait seulement savoir aux Ivoiriens, c'est que cet argent n'est pas à moi mais à l'Etat de Côte d'Ivoire. Dans tous les cas, ceux qui avancent ces propos feraient la même chose s'ils étaient à ma place. Par ailleurs, je suis un croyant et je respecte toutes les croyances et cela me fait plaisir de venir en aide aux nécessiteux. Voici donc la réponse que je peux donner à ces insinuations. Sachez que c'est une question de foi, c'est une question d'éducation.

Vous avez reçu la communauté musulmane et il a été question de la mise sur pied d'un Office du Pèlerinage qui sera véritablement opérationnel en 2008. Comment comptez-vous appuyer cet office ?

J'attends que ce Hadj 2007 soit bouclé. Après, j'appellerai les responsables musulmans en Côte d'Ivoire et nous allons discuter. Moi, j'ai émis l'idée pour qu'eux y réfléchissent. Car c'est eux qui sont concernés. Les 3/5 Catholiques sont bien organisés dans ce domaine. Quand j'ai besoin d'eux, je m'adresse à la conférence épiscopale qui réunit tous les évêques et qui sait comment agir. Les chrétiens protestants évangélistes sont en train de s'organiser. Je les ai même reçus il y a deux jours. Chez les musulmans, c'est plus complexe. Je pense que c'est à eux de réfléchir. Nous, en tant qu'Etat, nous ne pouvons qu'apporter notre appui. C'est à eux de ressortir des décisions, des résolutions qui leur seront profitables. Nous, on ne peut qu'être derrière pour appuyer. Ce sont des Musulmans, mais, ce sont également des Ivoiriens, et, tout ce que les Ivoiriens font, nous devons les aider puisque nous sommes l'Etat. Mais, on ne doit pas se substituer à eux. On doit les regarder et leur donner quelques idées. A la fin du Hadj, nous allons nous rencontrer et discuter jusqu'à ce qu'on aboutisse à une formule idéale. Cela relève de notre devoir et il nous appartient de le faire. Notre ambition est que le pèlerinage cesse d'être une foire d'empoigne. Il ne faudrait pas que cet acte pour lequel des personnes cotisent toute une vie soit une occasion de lutte dans laquelle ce sont les plus petits qui en pâtissent. Et cela, ce n'est pas seulement dans l'organisation du Hadj. Il en est toujours ainsi dans toutes les activités lucratives. En conclusion donc, je dirai que je vais intervenir en faisant des propositions. Mais, l'organisation de cet office reposera principalement sur les musulmans eux-mêmes. Au sein de la communauté musulmane, c'est le satisfecit. Les pèlerins sont allés à la Mecque, ils reviennent bientôt grâce à Dieu, tout s'est bien passé.

Comment vous sentez-vous aujourd'hui après ce qu'on peut appeler aujourd'hui un Hadj à succès ?

Evidemment, je suis heureux et je rends grâce au Seigneur. Mais, il faut continuer. Vous savez, moi je fais passionnément tout ce que je fais. Je suis un homme passionné, parce que j'estime que dans une action, quand on n'est pas passionné, c'est qu'on n'est pas convaincu. C'est ainsi que je réagis. Je vous renvoie à la CAN. En 2002, à Bamako, lorsque j'arrivais fraîchement au pouvoir, nous avons été 16è sur 16, c'est-à-dire, les derniers. Et j'ai donc dit que cela ne se répéterait plus. L'Etat s'est investi pleinement, nous avons été en finale en Egypte et nous nous sommes qualifiés pour la coupe du Monde. C'est de la sorte que je veux agir avec le pèlerinage car, je suis convaincu qu'il faut aider les Musulmans et qu'il suffit de peu pour les aider. Ou bien on ne les aides pas et on les laisse tranquilles, mais, si on doit les aider, on doit les aider, on doit y aller à fond. Or, l'Etat de Côte d'Ivoire a les moyens pour aider les cultes pour que les fidèles aient la foi et pratiquent leurs religions. Sachez que pour les religions, j'ai beaucoup d'autres projets qui attendent au tiroir et j'attends le moment opportun pour les sortir. Cependant, je les mets actuellement à l'étude pour éviter d'éventuelles dérives étant donné que c'est un domaine très complexe. De même, il ne faudrait pas que les Musulmans pensent que c'est eux seulement qui peuvent ou qui doivent organiser le pèlerinage. Moi, je ne suis pas Musulman, mais je suis concerné parce que j'ai été élu par les Ivoiriens, et, en tant que tel, il m'appartient de faire en sorte que toutes les activités qu'elles soient économiques, culturelles, agricoles, etc. se déroulent bien. Il y va de l'honneur de l'Etat. Dans tous les cas, je suis vraiment heureux de la manière dont le départ du hadj 2007-bis s'est déroulé. Je pense que c'est vraiment un bon exemple.

Monsieur le Président, que comptez-vous faire pour appuyer les radios confessionnelles qui n'ont pas les moyens ?

Vous avez raison. Mais, je ne me suis pas encore véritablement attaqué au problème de la radio. Je me souviens qu'un moment, concernant votre radio, il fallait faire sortir des éléments du port, de la douane. En ce temps, j'ai joué un petit rôle. Mais, ce n'est pas cela s'occuper de la radio confessionnelle. Les Chrétiens ont également évoqué ce même problème, mais, finalement, comme je vous l'ai déjà dit, ce que je ne peux faire en un instant précis, je ne le fais pas. Je ne me suis pas encore investi dans le règlement de ce problème. Cependant, on va y arriver. Nous allons nous occuper des radios confessionnelles, mais également, de toutes les radions de proximité. Il va falloir qu'on règle ce problème une fois pour toutes. La loi a été prise, ces radios sont légales. Pour l'instant, il faut travailler pour booster leurs rendements. J'ai des idées, cependant, pour l'heure, je m'occupe passionnément d'autres choses.

En attendant, Monsieur le Président, que comptez-vous faire dans l'immédiat en ce qui concerne la publicité pour ces radios qui ont besoin de survivre ?

4/5 Pour la publicité, le marché n'est pas trop étendu en Côte d'Ivoire. Donc, ce n'est pas dans cette direction seulement qu'il faut regarder. C'est une direction où le ciel n'est pas très grand. Bien sûr il faut encourager les annonceurs à aller vers ces radios. Dans tous les cas, les radios confessionnelles ne peuvent pas tout annoncer non plus, vu leur caractère religieux. Que ce soit la radio chrétienne ou la radio musulmane, il y a des choses qu'elles ne peuvent pas annoncer. Car, à cause de l'argent, on ne dit pas tout et on ne pose pas toutes sortes d'actes. Par conséquent, il faut regarder ailleurs, et, "cet ailleurs", on y pense et on agira dans ce sens en temps opportun.

Monsieur le Président de la République, nous sommes au seuil du Nouvel An. Quel message pouvez-vous adresser aux populations vivant en Côte d'Ivoire.

D'abord, je voudrais souhaiter la bonne année à tous les Ivoiriens, quelles que soient leurs confessions religieuses ; même ceux qui ne croient pas que Dieu les touche. Que la grâce de Dieu abonde sur toute la Côte d'Ivoire et sur tous les Ivoiriens de même que sur tous ceux qui vivent sur le sol Ivoirien. C'est mon premier souhait. Deuxièmement, il faut que notre pays sorte de la crise. Je prie Dieu pour cela tous les jours. Mais, en même temps, je dis aux Ivoiriens que c'est chacun d'entre nous qui est responsable de la paix. Il faut que nous retrouvions la paix et il faut que nous organisions les élections en cette année 2008. C'est le plus grand bien que je puisse souhaiter à mon pays. Toutes les institutions financières attendent, les industriels attendent, les opérateurs économiques qui viennent me voir attendent. Il faut que les Ivoiriens poussent la machine ivoire à aller de l'avant. Il faut qu'on aille à la paix et il faut que Dieu ouvre ses mains et déverse sur nous ses pluies de bénédictions. C'est ce que je peux souhaiter de meilleur à mon pays. BONNE FETE A TOUS. 

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