ADRESSE A LA NATION DU PRÉSIDENT LAURENT GBAGBO RELATIVE AUX MANIFESTATIONS DE PROTESTATIONS LIÉES A LA HAUSSE DES PRIX

    Très sensible aux mouvements de protestations actuellement en cours à Abidjan, le Président de la République, S.E.M. Laurent Gbagbo, s’est adressé à ses compatriotes dans l’après- midi du mardi 1er avril 2008. Après avoir situé l’origine de cette inflation aussi bien au niveau mondial qu’au plan intérieur, le Président Gbagbo a annoncé quelques mesures urgentes pour juguler cette situation.

   Il a profité de cette adresse solennelle pour inviter à une concertation le mercredi 2 avril au palais présidentiel, les opérateurs économiques et les responsables des différentes associations de consommateurs.

Ivoiriennes, Ivoiriens, Mes chers compatriotes Depuis deux jours, vous êtes dans la rue pour protester contre la hausse des prix. Je suis sensible au cri de douleur des Ivoiriens qui subissent cette hausse des prix de produits de première nécessité. Trois facteurs principaux expliquent cette hausse.

    L’augmentation générale, sur tous les marchés internationaux, des prix des matières premières, dont les denrées alimentaires telles que le riz, le blé, l’huile de palme. Je voudrais vous signaler que, en ce qui concerne le pétrole, par exemple, il était à 27 dollars le baril quand vous m’avez élu le 22 octobre 2000. Aujourd’hui le prix du pétrole est à 105 dollars le baril.

    Pour les denrées de première nécessité, l’Italie a fait des manifestations contre la hausse du prix de la farine de blé. Plus près de nous, des pays comme le Sénégal, le Mali, le Burkina ont connu des manifestations. Ce n’est pas un phénomène ivoirien. C’est un phénomène mondial, un phénomène international. Je vous ai donc indiqué que toutes

    Les matières premières ont vu leur coût augmenter. Pour les matières premières alimentaires, le monde n’a pas produit assez de riz et de blé, ces deux dernières années. Voilà pour l’explication internationale. A ces produits, sont appliquées diverses taxes en Côte d’Ivoire, dont les droits de douanes et des taxes intérieures tels que la TVA.

     Mais surtout, de nombreux opérateurs économiques, profitant de ce contexte déjà difficile, se livrent à une spéculation inacceptable. Cette situation ne peut laisser personne indifférent. Je ne peux pas ne pas réagir. C’est pourquoi, il y a quelques semaines déjà, j’ai demandé au gouvernement de me proposer des mesures urgentes.

    Ces mesures sont, dans l’immédiat : La suspension des droits de douanes sur les produits de grande consommation que sont : Le riz Le savon L’huile Le lait Etc. La réduction de moitié de la TVA sur ces produits qui passe ainsi de 18 à 09 pour cent. L’application de ces mesures revient à subventionner ces produits de grande consommation à hauteur de 5 800 000 000 (cinq milliards huit cent millions de francs) sur une période de trois mois.

    Par ailleurs, j’ai décidé de suspendre l’application de la taxe sur le développement de la culture du riz et du droit de trafic maritime. S’agissant de la spéculation, à laquelle se livrent certains opérateurs économiques, les services compétents ont reçu instruction pour assurer l’application stricte des mesures et une surveillance rigoureuse des prix sur l’ensemble du territoire national.

    J’observe cependant avec vous, que les mouvements de ces derniers jours interviennent à un moment où nous entrevoyons la sortie de crise. Nos partenaires qui ont bien compris nos appels ont accepté de nous accompagner dans la sortie de crise. C’est ainsi que ce jour même, 1er avril 2008, le Conseil d’administration de la Banque mondiale a mis à son ordre du jour l’examen de l’aide à accorder à la Côte d’Ivoire.

    De même, dans trois jours, précisément le 04 avril 2008, le Conseil d’administration du FMI en fera de même. Souvenez-vous, qu’il y a seulement quelques jours, le Conseil de sécurité des Nations Unies a décidé de revoir à la baisse l’indice de sécurité dans notre pays. Condition nécessaire à la mobilisation de l’investissement privé, créateur de richesses et d’emplois.

   Mes chers compatriotes, je vous demande de garder le calme. Je lance cet appel au calme afin d’amener notre pays enfin à la paix.

    J’invite tous les opérateurs économiques et les représentants des mouvements et associations de consommateurs au dialogue et à la concertation, dès demain, (aujourd’hui. Ndlr) mercredi 02 avril, à 17h au palais présidentiel au Plateau.

  Au cours de cette réunion, nous étudierons tous les aspects de ces mouvements qui ont eu lieu.

Que Dieu vous bénisse,

que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire,

je vous remercie et à très bientôt.