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LE COMBATTANT
14 juillet 2016

CPI/Les armes brûlées pour le désarmement dataient de « la première guerre mondiale », selon le témoin masqué

 

Laudience du procès Gbagbo/Blé Goudé de ce 13 juillet sest ouverte par linterrogatoire de M Andreas OShea. Lavocat de lancien président a questionnéle treizième témoin de laccusation sur larmée ivoirienne, le processus de désarmement et la marche de la RTI. Les avocats de Charles Blé Goudé ont, eux aussi, pu linterroger. Compte-rendu.

Par Clara Sanchiz

L’avocat Andreas O’Shea a voulu savoir si des mesures concrètes avaient été mises en place au sein des FDS (Forces de défense et sécurité) afin de protéger les civils pendant la crise de 2010-2011. D’après le témoin, qui n’est pas parvenu à citer d’exemples concrets, la protection des civils était une vaste mission dont les modes d’opération variaient fortement selon la situation sur le terrain.

L’avocat a également demandé au témoin si l’armée ivoirienne souffrait, selon lui, de problèmes de communication. Le témoin a expliqué qu’il arrivait, en effet, que des commandants d’unités ne parviennent pas à contacter leurs supérieurs hiérarchiques et que la communication interne pouvait être perturbée. Il a également évoqué des fuites. Certaines informations détenues par les FDS auraient ainsi été divulguées aux rebelles. Il en a d’ailleurs donné un exemple à huis clos.

Un réel désarmement ?

Andreas O’Shea s’est ensuite penché sur le thème du désarmement. Au cours de son interrogatoire, l’avocat de la défense a mentionné l’installation en juillet 2003, à Bouaké, des quartiers généraux de l’ADDR (Autorité pour le désarmement, la démobilisation et la réintégration). Il a également évoqué la formation d’un comité, chargé de superviser la mise en place du processus de désarmement. Des informations validées par le témoin qui a cité les noms de certains responsables comme le lieutenant-colonel Karim Ouattara ou encore le général Nicolas Kouakou qui dirigeait le Centre de commandement intégré (CCI).

L’avocat a ensuite interrogé le témoin sur le processus d’amnistie. Conformément aux dispositions des accords de Marcoussis, les rebelles qui désarmaient et se réintégraient pouvaient bénéficier d’une amnistie. Le témoin a déclaré s’être rendu compte qu’il s’agissait en réalité d’une amnistie limitative. De son côté, Andreas O’Shea a rappelé que les personnes soupçonnées d’avoir commis des violations graves des droits de l’Homme étaient exclues de l’amnistie.

En réponse à d’autres questions d’Andreas O’Shea, le témoin a rappelé que l’autorité de l’État ne s’exerçait pas sur l’ensemble du territoire, puisque le pays était divisé. Il a également évoqué le cas des rebelles qui ne se sont pas désarmés.

Par la suite, le témoin a relaté certains détails de la cérémonie de la Flamme de la paix tenue à Bouaké le 30 juillet 2007. Alors que des armes ont été brûlées pendant la cérémonie, selon le témoin, il s’agissait en réalité d’armes anciennes comme des fusils de la première guerre mondiale et d’autres engins non opérationnels de la seconde guerre mondiale. Il a également précisé que si les armes utilisées à l’époque en Côte d’Ivoire n’étaient pas toujours des plus modernes, elles étaient au moins opérationnelles. Le témoin dit ne pas savoir si les responsables de l’armée étaient au courant de la véritable origine des armes brûlées. En revanche, il a déclaré que Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé étaient présents à la cérémonie. Pour conclure, il a estimé que la Flamme de la paix n’a eu de résultats probants sur le désarmement.

 

Gaz lacrymogène à la marche de la RTI

Il a ensuite été question de la marche de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI) du 16 décembre 2010. Selon le témoin, Kassaraté Tiapé, à l’époque commandant supérieur de la Gendarmerie nationale, a fait passer des consignes aux unités, leur demandant de disperser les manifestants à l’aide de gaz lacrymogène. L’avocat Andreas O’Shea s’est interrogé sur la possibilité de lancer des bombes de gaz lacrymogène avec des lance-roquettes et s’il est envisageable d’effectuer ces tirs à partir d’un véhicule. Selon le témoin, il n’est pas nécessaire d’utiliser un lance-roquettes. Un fusil lance-grenade est suffisant et il existe également d’autres moyens. Il explique qu’une personne seule peut très bien utiliser l’équipement en étant assise à l’intérieur d’un véhicule.

Pour le témoin, la marche n’avait pas été autorisée. Andreas O’Shea demande si, à l’époque, il était nécessaire d’obtenir une autorisation pour organiser une marche. Le témoin répond que « dans tout pays civilisé », l'on a besoin d’une autorisation. Il suggère aussi à l’avocat de se renseigner auprès de Laurent Gbagbo, puisqu’il a été « l’initiateur des marches » en Côte d’Ivoire.

Le témoin a ensuite expliqué que Kouadio Konan Bertin dit KKB, qui faisait partie du RHDP (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix), avait organisé la marche. D’après le témoin, les rebelles ont pensé que le pouvoir se trouvait à la RTI et à la gendarmerie, donc il s’agissait là de « prendre le pouvoir ».

Plus tard, un passage de cette vidéo a été diffusé dans la salle d’audience. L’extrait montre les leaders rebelles Guillaume Soro et Issiaka Ouattara dit Wattao mobilisant leurs troupes pour la marche. Andreas O’Shea a demandé au témoin de préciser le nom de celui qui apparaît dans la vidéo. « C’est l’ami de Blé Goudé, c’est Guillaume Soro », a-t-il répondu. Blé Goudé, aujourd’hui vêtu d’une tenue traditionnelle yacouba, a réagi par un sourire. C’est à ce moment précis qu’a pris fin l’interrogatoire du témoin par la défense de Laurent Gbagbo.

Ce fut ensuite au tour de Mᵉ Claver N’Dry, co-conseil de la défense de Blé Goudé, de poser ses questions au témoin. Il a été suivi par Geert-Jan Knoops, conseil principal du « Général de la rue ». Leurs interrogatoires se sont essentiellement développés à huis clos. Seules certaines questions sur l’ECOMOG (la Brigade de surveillance du cessez-le-feu de la CEDEAO) ont été posées en séance publique. Le témoin a seulement expliqué, qu’en 2002 et 2003 mais aussi pendant la crise post-électorale de 2010 à 2011, il a été question de l’intervention de l’ECOMOG en Côte d’Ivoire.

 Source Ivoire justice

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